peut-on oser dire du mal d’un concert de portishead sans risquer se faire lyncher ? lecargo étant prêt à toutes les expériences, tentons la chose.

d’abord voilà, à 50 euros la place, on a bien le droit d’en vouloir pour notre argent sonnant.... et trébuchant. eh oui, la bande a beth s’est bel et bien pris les pieds dans le tapis du zénith lundi soir en présentant un concert, au mieux, scolaire. pendant toute la durée du set -pourtant pas bien longue, 1h20 en tirant bien- c’est l’impression qui se dégage d’une setlist laissant intervenir un ancien morceau à intervalle régulier au milieu de la présentation du nouvel album, 3.

au final, il ne se dégage quasi aucun crescendo, aucune montée de tension venant étreindre la foule. au lieu de cela, une sorte de flottement permanent, avec deux minuscules moments de grâce, la toute fin de “glory box” et le “wandering star”, joué et chanté assis, déshabillé de son trip hop et juste en clair obscur. même les puissants “machine gun” et “peaches” semblent lointains et froids. peut-être -et sûrement d’ailleurs- est-ce dû au zénith, à cette salle si grande, trop grande, à cette débauche de son plat.

peut-être le léger ennui qui nous ceint pendant le concert est-il dû à la perfection initiale des morceaux. parce que oui, bien sûr, la voix de beth gibbons est sublime, oui, sans conteste, les morceaux sont quasi tous des monuments... mais si les disques ont eu la magie de transmettre des émotions pures, fragiles et intenses pendant ces presque quinze années, on pouvait espérer de la délivrance après l’attente un peu autre chose qu’une redite nue de ces morceaux si parfaits. c’est ce qui est à la limite de se passer sur “wandering star” mais de manière presque absente. souvent de petits frissons remontent la nuque à l’amorce d’un titre, mais ils s’évanouissent si vite, au regret de n’entendre finalement qu’une fidélité, elle aussi trop parfaite, trop lisse, à la version si connue.

au zénith, on espérait une performance, on a obtenu une exécution.

(merci à éric pour la vignette)