accueil > articles > albums > perth

publié par gab le 18/05/06
perth
- the birthday party
the birthday party

gâtinais

Oulala ... un groupe qui se choisit un patronyme australien et s’affiche toutes guitares noisy-popeuses dehors ! Et dire qu’il y en a encore pour ne pas croire à la prédestination alors que nous étions de toute évidence faits l’un pour l’autre (les uns pour l’autre plutôt). Mais je m’égare légèrement, nous causions de Perth, groupe français s’il en est - les groupes australiens font de l’archi en finlande, on ne peut pas confondre -, tout droit sorti de nos rêves nineties et fraîchement tombé dans notre boîte aux lettres. Un régal pour nous autres, pauvres trentenaires, qui entamons vaillamment notre troisième jeunesse (cycles de 16 ans semble-il) en n’ayant jamais encore eu l’occasion de patrouiller gaiement l’ouest australien. Et pourquoi irait-on se traîner aussi loin, alors qu’on va à Perthes (en gâtinais, 77) tous les dimanches si on veut d’abord ?

illico

Que cette référence classieuse à note charmante bourgade seine et marnaise ne vous refroidisse pas, Perth ce sont des grenoblois, rien à voir ... oops ... (je l’ai encore faite) ... il semblerait qu’ils soient en réalité de Chambéry, on en est tout désorienté. Non seulement on les sentait bien mieux de Grenoble (ça ne s’explique pas) mais vient s’ajouter un petit détail technique handicapant pour l’inculte en puissance qu’on est : dit-on chambérien ? chambériot ? chambérite ? Bref, dans le doute grenoblons et faisons-nous des amis illico ... Rien à voir donc - ou plutôt si, une superbe pochette blanche - mais beaucoup à entendre sur ce cinquième album de Perth, The birthday party (toute référence à un groupe australien des années 80 ne serait d’après les membres du groupe que du ressort de notre imagination fertile). Beaucoup de guitares vous l’aurez compris et, à l’instar de nos noisy-popeurs chéris du début des années 90, de longues plages instrumentales avec ce gros son qui régale les tympans et ces wahwahs qui chatouillent les lobes, mêmes les plus usés. On pense à Ride bien sûr et leur monumental instrumental "Grasshopper". On pense à The Verve première époque ("All in the mind") pour ce son de guitare. On pense aussi à Welcome to Julian (période Never so close) pour nous rapprocher un peu plus de la maison (les accents anglais aussi peut-être). On pense beaucoup c’est sûr mais à rien de démesurément précis finalement, cela reste des ambiances évocatrices et c’est plutôt bon signe ça, des influences bien digérées, malaxées juste comme il faut. Et pour résumer ce petit exposé en trois mots, des fois que le propos soit quelque peu confus : on est conquis.

turbulences

Conquis par l’énergie et les dérapages contrôlés de "O" par exemple, par la lenteur hypnotique et le son grossissant de "They do it with mirrors". Conquis globalement par la qualité de la production et des sons particulièrement léchés des guitares, même si le traitement du chant romp parfois cette belle mécanique par un rendu plus brutal ("They do it with mirrors" justement, donnant dans ce cas un côté un peu anachronique). Quant à "Albator", ce n’est plus de l’ordre de la conquête puisqu’on s’est reconnus tout de suite, prédestination quand tu nous tiens. Il s’agit là du morceau emblématique de l’album se parant d’un chant sensible, aérien, complétement en phase avec des musiques envoûtantes reposant sereinement sur la batterie au départ puis sur un maelström de guitares jouissives en deuxième partie de morceau. Pas que les morceaux suivants soient décevants, loin de là, "Blind" nous fait même voyager en longueur (10mn), au gré des turbulences météorologiques avec un atterrissage magistral au petit matin dans la baie de Sydney, pas moins. Très bonne idée ensuite de rompre le fil et l’ambiance générale qui nous portent depuis le début de l’album, de ne pas laisser la monotonie s’installer (risque certain lorsqu’on enchaîne de longues plages instrumentales) avec "Five" et son pianoté Lonesque (alors qu’il eût été si facile de mettre des nappes de synthé). Une intro un peu barrée, un chant en douceur avec de sympathiques appuis féminins en deuxième voix, un refrain en choeur entêtant et accrocheur, un pont détonant et un final déposé en plusieurs temps : un tube ? Peut-être pas (on est très mauvais à ce jeu là de toutes façons) mais un hymne certainement. On lui verrait bien un avenir à la "Lazarus" des Boo Radleys d’ailleurs, si on nous demandait notre avis.

Bondi

Si les deux derniers morceaux de l’album, "feedback" et "acouphène" (tout un programme), retiennent quant à eux un peu moins notre attention, ils ne viennent en aucun cas ternir l’excellente impression générale et l’énergie communicative obtenues à chaque nouvelle écoute, notamment celle très prisée du matin dans les délicieux transports parisiens. Un disque idéal pour arriver en forme à la rédaction du cargo et bien commencer la journée (faisons croire sans scrupules que nous travaillons tous ensemble, grassement rémunérés, dans une ambiance détendue et en openspace climatisé ... virtuellement, et à quelques petits détails près, ce n’est pas si loin d’être le cas). Quant à fêter noël sur la plage de Bondi, Sydney, sous un écrasant 39°c, faits dont se gargarisent certains membres de notre entourage proche, rien à faire, mais alors que dalle ! - 39 c’est trop de toutes façons - ... espérons seulement que le maire de Bondy (93), aura la bonne idée de faire un Bondy-plage cet été, la serviette et le maillot sont prêts ... la bande son toute trouvée.

Et voilà, il suffit qu’on se lance à corps perdu dans un article avec tout plein d’Australie dedans et Grant McLennan (The Go-betweens) fait son intéressant en mourrant comme ça à 47 ans dans son sommeil pour voir si on suit un peu. T’abuses Grant si on peut se permettre ...

La tristesse est là ... les "Cattle and cane" et "The Clock" aussi.

Elles le resteront.

Partager :

publié par le 18/05/06
Derniers commentaires
fred - le 18/05/06 à 11:06
avatar

très belle critique. Merci pour eux.... ;-)

super jé - le 18/05/06 à 12:03
avatar

ça donne envie d’écouter, alors rendez vous sur le site de Perth :
http://www.perth-music.com/

Tach" - le 18/05/06 à 21:08
avatar

Cool la critique car j’adhère totalement à la musique de Perth(depuis le début d’ailleurs !!).En plus vous êtes tombés dans le 1000 en parlant de "ride" et "Boo radleys" et bientôt on arrivera a entendre le My Bloody qui sommeille derrière tout ça !! Bravo pour l’album qui au fur et à mesure des écoutes est de plus en plus "fort"....bises à l’oeil....

Informations

Sortie : 2006
Label : autoproduit