accueil > articles > lives > Pascal Parisot

publié par gab le 19/03/11
Pascal Parisot - Carré Belle Feuille, Boulogne-Billancourt - 12/03/2011
Carré Belle Feuille, Boulogne-Billancourt

« Le monsieur il a fait des grosses bêtises ! » (T., 3 ans). Oui mon petit chéri, exploser la tête d’un poireau sur une casserole, c’est une grosse bêtise mais il a le droit lui, ça fait partie de son spectacle … et merci Monsieur Parisot, on ne s’étonnera pas après s’il se met à péter des guitares sur scène dans quinze ans, le petit. Bon, on n’en est pas encore là, pour l’instant il se contente d’empoigner fiévreusement sa guitarette très wok’n’woll style (ce qui convient plutôt bien au sujet du jour) pour chanter à tue-tête les rengaines entêtantes de l’excellent disque pour enfants Les pieds dans le plat. Mais je crains le pire …

progéniture

Tout a commencé il y a quelques semaines lorsque, rentrant fourbu du travail, je tombe sur une bande de fous furieux dansant/courant à toute berzingue dans tout l’appartement au son d’une chanson qui faisait « mes parents sont bio bio bio ». Une obscure litanie se moquant des parents qui élèvent leurs enfants aux légumes vapeur quand eux ne rêvent que de hamburgers. Touché. Et c’est donc ma propre progéniture, qui n’a jamais entendu ne serait-ce que murmurer le nom de McD* (et encore moins mis les pieds), qui virevolte au son de « mon père c’est bioman, marié à biowoman … », hilare et excitée comme de petites puces. « Papa, papa, papa ! On va faire le spectacle de danse sur cette chanson ! » (L., 7 ans). De mieux en mieux. « Ah, bah …. Super ! ». Ben oui, essayez, vous, de résister à la joie communicative de deux bambins bondissants. Et c’est ainsi que régulièrement, nos petits bouts se font des séances danse en passant et repassant en boucle ce morceau d’un certain Pascal Parisot (le nom ne nous est d’ailleurs pas inconnu mais jusqu’ici pas dans la rubrique jeunesse).

lunettes

Or comme souvent, le hasard fait bien les choses, c’est en feuilletant 20 minutes la semaine dernière qu’on voit que Pascal Parisot est en concert le week-end même dans le cadre du festival Chorus. Ni une, ni deux, l’occasion est trop belle d’aller se faire railler pour de vrai en public, on prend nos places. Nous voilà donc à Boulogne-Billancourt avec nos deux gamins à découvrir en direct les chansons du monsieur. Et là c’est le choc. Déboule sur scène un philippe-manœuvre-en-costume et un cuisinier chevelu. Un improbable duo à l’humour caustique qui met d’emblée le jeune public dans sa poche à coups de voix-off ciblées (bien joué). Pour le cuisinier chevelu, ne cherchez pas, le spectacle s’appelle Les pieds dans le plat (comme le disque et comme un livre-cd, tout un concept) et a pour thème la nourriture. C’est donc le batteur, Jacques Tellitocci, qui s’y colle avec tablier et toque. Un batteur virevoltant, s’employant à faire rythme avec tous les ustensiles de cuisine à sa disposition. Mention spéciale pour son solo de batterie-casseroles et son jeu de caisse claire au fouet électrique. Côté philippe-manœuvre, c’est Pascal Parisot lui-même qui relève le défi, ça nous tombe dessus dès qu’il ouvre la bouche (ça aurait pu venir des lunettes de soleil mais même pas) avec cette gouaille et ce parler un peu bougon. Il va sans dire que tous les ingrédients du pot-au-feu sont réunis pour nous faire passer un excellent après-midi.

berk

Et ce fut le cas car voilà bien un spectacle où les parents s’amusent autant que les enfants. Pour commencer le bonhomme a un humour corrosif qui n’épargne personne, de la famille pizza (qui n’a jamais vu un légume de sa vie) à la famille bio (qui fuit les burgers) en passant par les classiques poissons panés et cantinières sévères. Ma préférée restant le poissonnier qui avec les 36,50 de maman peut surement s’acheter un hélicoptère et des plateformes pétrolières. Puis, pour ne rien gâcher, le tout est emmené sur des musiques légèrement bossa avec un chant delermien nova qui sied très bien au personnage et met en valeur les textes susmentionnés. Ensuite, le traitement participatif pendant et entre les morceaux, clef de voûte d’un spectacle pour enfants, est tip-top (oui, c’est un article sur un spectacle pour enfants, j’ai le droit d’élargir mon vocabulaire à tip-top si je veux). Bien sur il fait chanter les enfants avec lui mais il en profite aussi pour donner un petit cours de chant aux parents, pour caser de petites piques politiques et surtout faire répéter à l’envie « berk » aux mômes, grand moment dans les rangs du jeune (et moins jeune) public. Enfin, il amène une petite dose de transgression pour se mettre tout le monde (le papa rebelle et les enfants poubelle) dans la poche, il éclate un poireau en mille morceaux sur une casserole dans un accès de sauvagerie difficilement soutenable. Waaaah.

panés-yé

On ressort du spectacle avec une bonne pêche (« T’as vu Papa, j’ai été danser devant la scène » -L., 7 ans-), le poisson pané dans la tête (« les poissons panés-yé ! » -G., 36 ans-) et a racler les fonds de portefeuilles pour pouvoir acheter le disque. Il va sans dire que ce dernier, dûment signé, sera attaqué dès le retour du spectacle par la pas-bio-voiture et qu’il n’est pas prêt de se reposer. Bien fait pour son nez-yé.

Partager :

publié par le 19/03/11