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publié par octane le 21/11/01
Battle Royale - Kinju Fukasaku
Kinju Fukasaku

un peu futuriste

c’est l’histoire (un peu) futuriste d’un japon qui va mal. les étudiants font peur aux dirigeants, qui mettent en place le programme battle royale : chaque année une classe de lycéens est lâchée sur une île déserte, avec pour seuls bagages de l’eau, du pain et une arme (distribuée aléatoirement, de la paire de jumelles au uzi). le but de ce jeu, encadré par l’armée et le professeur (kitano), est de survivre. il n’y aura qu’un gagnant au terme de ces trois jours, et deux "professionnels" sont de la partie. le scénario est en or, encore fallait-il faire adhérer le spectateur. la force d’une œuvre de science-fiction c’est la réalisation. là-dessus rien à redire, on est plongé béatement dans l’histoire dès les premières minutes de battle royale.

vieux routier

c’est là la réussite de kinji fukasaku, vieux routier du cinéma nippon quasiment inconnu chez nous. la nouvelle de koshun takami à l’origine de ce film en est à n’en pas douter un chef d’œuvre, en tout cas elle invite à penser - quand on n’en est pas déjà convaincu - que la science-fiction est bien la philosophie de ce siècle. les dirigeants militaires américains ont d’ailleurs leur quotas annuel d’œuvres de s-f à lire, c’est dire si elle fait partie des sciences politiques. un couple évoquait en se réjouissant, avant le film, le programme télévisé star academy. il serait évidemment tentant de faire le rapprochement entre battle royale et la "télé-réalité" : que se passerait-il si l’on demandait aux joueurs des shows d’endemol de se zigouiller entre eux ? (si vous n’avez pas répondu immédiatement, c’est que vous réfléchissez...) battle royale s’impose comme un film hautement politique, auquel on ne peut qu’adhérer si on n’est pas dégoûté par la vue du sang.

casse-pipe

kinji fukasaku montre un réel talent à rendre léger l’insoutenable, sans en jouer à outrance, ce qui masquerait l’aspect idéologique et discréditerait le film. de toute façon la violence visuelle n’est rien au regard de la violence du propos - un état terrorisé et terroriste demandant aux jeunes de s’entre-tuer -, propos qui nous rappelle que les guerres ne sont que des boucheries provoquées par des puissants qui envoient leurs enfants au casse-pipe. une des forces de battle royale est notamment de montrer comment, dans une situation de crise ultime, la vie garde ses droits : les amitiés, les rivalités, les histoires de cœur, les jalousies, les ambitions... les victimes sont jeunes, ce qui implique qu’elles croient encore en certaines valeurs, qui vont les trahir. ou qu’elles n’en ont aucune, et vont perdre toute chance de les apprendre. dans tous les cas, cette situation de lutte pour la vie amène au même constat : je finirai seul ou mort. que dire enfin de takeshi kitano, si ce n’est que son jeu d’éternel autiste est ici imparable, dans le rôle sur-mesure du professeur devenu tortionnaire ? mais pourquoi "beat" ?

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publié par le 21/11/01