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publié par Mélanie Fazi le 23/04/08
My Brightest Diamond - Point Ephémère, Paris - 22/04/2008
Point Ephémère, Paris

Lapin

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Cette fois, on en a la certitude : Shara Worden est une fée. L’image nous a frappés en la voyant déambuler sur la scène du Point FMR avec sa robe à rayures, son pendentif en forme de lapin et son chapeau conique en carton, dans un espace décoré de ballons et de flamants roses gonflables. Ne manquait que la baguette magique. On aurait pu le soupçonner plus tôt, car les indices étaient nombreux - de l’imagerie très « burtonienne » du livret de l’album Bring me the workhorse à la session magique que nous avait accordé la veille une Shara jamais à court d’idées loufoques. Mais depuis ce concert au Point FMR, le premier pour nous, c’est désormais une évidence.

Mirlitons

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Aujourd’hui, Shara fête son anniversaire. Le concert commence par une distribution de ballons, chapeaux et autres mirlitons. Plus tard dans la soirée, elle soufflera même ses bougies sur scène. On ne sait jamais vraiment si cette occasion festive déteint sur l’atmosphère ou si ce concert est typique des prestations scéniques de My Brightest Diamond. Pour avoir eu des échos plus qu’enthousiastes des concerts de 2007, et pour avoir beaucoup regardé la première session CargoShara reprenait Nina Simone a cappella, on s’attendait à quelque chose de mémorable. Mais on n’avait pas anticipé ça. Cette joie toute simple que dégage une Shara au sourire rayonnant et qu’elle transmet à un public conquis. Cette bonne humeur, ce mélange de candeur et de sophistication. On se rappelle alors nos premières impressions à la découverte de Bring me the workhorse, cet album dense et magnifique mais imprégné d’une tristesse qui en rendait parfois l’écoute difficile (on avouera avoir eu la gorge nouée en reconnaissant les premières notes du sublime “Dragonfly” lors du concert). Non, on ne s’attendait vraiment pas à ça. Et la surprise n’en est que plus jolie.

Sortilèges

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Face à certains artistes, on est frappés par une impression de bouillonnement créatif constant, mêlé à une personnalité et un talent qui vous éclatent pour ainsi dire à la figure. On sait immédiatement qu’ils ont ce petit truc en plus qui désigne les artistes hors du commun. Shara Worden en fait partie. Il y a là de toute évidence un univers, un personnage. Sans compter une impressionnante variété d’influences - on l’entendra, lors de la soirée, reprendre Prince (“When doves cry”), Kurt Weill (“Youkali”, dans un français impeccable), interpréter un nouveau morceau inspiré par L’enfant et les sortilèges puis décrire Ravel comme « le MTV des années 1900 ». Elle alterne les instruments et les gadgets comme une petite fille vidant le contenu de son coffre à jouets, nous présente l’ukulélé que ses parents lui ont rapporté de leurs vacances hawaïennes. En même temps qu’amusés par sa verve et son énergie, on est surtout bluffés. Ne serait-ce que par l’intensité atteinte avec si peu d’effets. Les nouveaux titres séduisent d’emblée, les autres acquièrent une légèreté nouvelle - s’ils conservent leur tristesse, elle a quelque chose de plus aérien, peut-être tempérée par l’impression de douceur et de chaleur que dégage Shara sur scène. “Something of an end”, en début de concert, était splendide, comme libérée du cocon de tension et d’angoisse qui l’étreint sur disque.

Flamants

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Découvrant sur scène ce lutin espiègle à la voix envoûtante, on sait que notre approche de sa musique en sera changée. On entend désormais dans les recoins de Bring me the workhorse une sérénité nouvelle. Cet album-là se méritait mais ne laissait pas indemne. On l’écoutera dorénavant le cœur un peu plus léger, en souriant peut-être au souvenir de cette soirée dont on est ressortis heureux. C’est avec impatience qu’on guettera la sortie en juin de l’album A thousand shark’s teeth. En attendant, on quitte ce soir le Point FMR sur l’image insolite d’une Shara rayonnante, à la porte des coulisses, en train de dédicacer des flamants roses.

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publié par le 23/04/08
Derniers commentaires
vinciane - le 23/04/08 à 08:56
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superbe compte rendu. tes mots sont aussi magiques et enthousiastes que le concert. merci et bravo

Rod - le 23/04/08 à 17:00
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Superbe :) Je trouve qu’elle est le pendant americain de Claire Diterzi, dans sa demarche ... mais ca fait du bien de lire de tels textes :) Avec le duo "vision" Vinciane, c LE live report :)