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publié par tairanteuh le 15/05/04
mirah
- c'mon miracle
c'mon miracle

rayons

lofi... lofi ! lofi ? la voie contestataire et rebelle aux dérives actuelles semble se concrétiser dans cette appellation. la faute à la banalisation de la production de l’industrie du disque. les consommation intermédiaire dans l’élaboration du produit disque sont listées soigneusement et exhaustivement. ne pas dépasser, ne changer qu’une saison à l’autre, que le consommateur ne se lasse pas. alors grand soin est pris dans la détermination des filtres, instruments, arrangements, voire mélodies et structures à emprunter pour aboutir au produit formaté qui se vendra par centaine de milliers... et nous voici avec des rayons kilométriques chez les disquaires (enfin pour le peu qui subsistent) et surtout les supermarchés. les prétendus espaces culturels voient l’offre se raréfier. seulement une centaine d’appellation (qui se décline en peu de lettres : jenifer, cristina, jennifer, christina...) plus ou moins renouvelée chaque mois. et personne ne se préoccupe de savoir où finissent les invendus. où partent donc les invicible de michael jackson, les madonna, et autres revenants au parcours en demi teinte ? un grand mystère qui n’a que peu d’importance dans le cas de mirah.

écrin

pour éviter que c’mon miracle ne s’égare, les circuits de distribution ont pris bien soin d’éviter la dispersion au niveau mondial (et hexagonal...) du disque. s’en réjouir, après tout il ne s’agit pas d’un produit. point de production léchée, cellophanée et garantie sans saveur. une marginale signée sur k records, le label de calvin johnson. se rassurer, c’mon miracle n’est pas un supplice d’une heure enregistré sur un magnétophone avec le matériel le plus cheap qu’il soit. juste des ingrédients marginaux donc inquiétants et dangereux. violoncelle, harpe, piano, accordéon, guitare, voix suave et une kyrielle d’objets non identifiés. pas de synthé, pas d’instrument virtuel, pas de filtre, pas de battements électroniques. lofi quoi. l’album du pauvre mélomane qui ne mettra pas plus de 20€ dans un de ces produits de masse haut standing mais se rabattra sur cet écrin de délicatesse, procuré sur un quelconque mail order pour la modique somme d’à peu près 13€.

kabbale

quand la tendance passe, dans les hautes sphères, par un fil rouge autour du poignet et l’inclination devant le mouvement de la kabbale, les marginaux un tantinet paumés écrivent sur jerusalem et buenos aires. enregistrent en argentine ou s’isolent un mois en montagne pour composer (bon ok, ça ne vaut pas la patagonie de florent pagny mais...). un rêve, un regard différent. pourquoi cette aparté sur l’industrie du disque ? car, bien curieusement, c’mon miracle est un album quasimment "pop", d’accès facile du moins. qu’elles soient douces et berçantes, ou agitées et bruitistes, les jolies perles s’enfilent, bien différentes les unes des autres, mais toujours avec un sens de la mélodie facile à imprimer dans sa boîte noire cranienne, la voix fondante de mirah comme tête d’écriture. une ouverture bancale, instrument à l’accordage éprouvé qui égrène quelques chaudes notes, rejoint par une rugueuse section de cordes. mirah y pose sa voix avec légèreté et émotion. elle narre un amour qui se meurt. une histoire qui se finit assez amèrement mais dont l’allure musicale efface toute peine pour offrir un ensemble ressourçant. une alchimie qui rappelle celle du you are free de chan marchall (à laquelle on pense également pour le traitement des voix sur l’épatant "we’re both sorry"). avec les deux un lien semblable nous unit : leur disque de rupture est celui qui nous lie.

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publié par le 15/05/04
Informations

Sortie : 2004
Label : k records