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publié par Mélanie Fazi le 20/09/07
Marta Collica
- Pretty and unsafe
Pretty and unsafe

Familles

Au jeu des sept familles musicales, on fait parfois de belles découvertes. C’était déjà par John Parish, en qualité de producteur, que j’avais appris l’existence de Morning Star dont les albums m’avaient enchantée, et plus tard par extension celle de This is the kit (dont j’attends avec une grande curiosité l’album à paraître cet automne). Ces dernières années, alors que les activités de John Parish le menaient en Italie, le nom de Marta Collica revenait régulièrement : elle forme avec le batteur Jean-Marc Butty (ex-Venus et White Hotel) et la bassiste Giorgia Poli (qui a, entre autres, écrit pour Venus la chanson “I Am The Sea”) le groupe qui l’accompagne sur scène comme sur disque. Elle enregistre également avec Hugo Race sous le nom de Sepiatone. Mais c’est lors d’un concert de John Parish qu’a vraiment eu lieu la rencontre. En plus de jouer du clavier, Marta Collica prêtait sa voix à plusieurs titres, en chœur ou en solo. Très jolie voix d’ailleurs, douce et mélodieuse, de celles qui captent tranquillement l’attention. Une incursion sur sa page MySpace et me voilà sous le charme d’une chouette petite chanson baptisée “Never been away”, malheureusement indisponible sur CD à l’heure actuelle. Je profite du concert suivant pour me procurer Pretty and Unsafe, album solo sorti en février 2007.

Motel

Le disque est attachant : on s’y laisse bercer par la douceur des climats. Le son est minimaliste, les ambiances un peu éthérées. Les arrangements se réduisent souvent à un décor accueillant. Ici quelques notes de guitare, là un clavier. Hugo Race, John Parish ou Giorgia Poli viennent prêter leurs instruments au détour d’une chanson. C’est surtout la voix de Marta Collica, fil rouge de cet album, qui porte ces morceaux et vous entraîne de vignette en vignette. Une voix qui ne cherche jamais la prouesse mais choisit le ton de la confidence, qui sied parfaitement à ces atmosphères en demi-teinte. Si elle chante en anglais sans accent trop marqué, sa façon d’accrocher légèrement sur certaines sonorités lui donne un grain particulier qui fait le charme de l’ensemble. Elle sème dans l’oreille de l’auditeur des bribes de paroles intrigantes, petites graines d’histoires qu’il n’appartient qu’à lui d’imaginer. On ne saura jamais grand-chose par exemple du décor de “Motel Song”, mais il suffit d’entendre la phrase d’ouverture (« I slept in a cold motel/Two blankets filled with polyester foam ») pour se le représenter. L’ambiance invite à rêvasser, comme lorsqu’on parcourt un album de photos délavées. Au coin du feu, peut-être, ou à la tombée de la nuit sous une lumière tamisée. C’est une musique parfaite pour ces heures où les pensées vagabondent.

Sépia

Il y a sur ce disque une chanson étonnante baptisée “Faded bloom”. Frappante parce qu’elle contraste avec les titres qui précèdent, ainsi que par sa façon de capter l’attention dès les premières notes : un motif au clavier qui sera répété tout du long, créant d’emblée une certaine tension. Là où la plupart des chansons de l’album sont construites en ligne droite, “Faded bloom” joue les montagnes russes. Toujours dans la retenue, mais elle vous laisse suspendu au bord du vertige. Les paroles plus murmurées que chantées renforcent son climat onirique. C’est une de ces chansons étranges et belles qui entrent en parfaite résonance avec vos humeurs. Plus loin, “Pretty and unsafe”, construit là encore autour d’un motif entêtant au clavier, produit un effet similaire. C’est en partie grâce à ces deux temps forts, et à la manière dont ils rehaussent l’ensemble, que l’album trouve un bel équilibre. À l’inverse, l’intensité de “Faded bloom” est soulignée par la mélancolie diffuse et les tons sépia dans lesquels baignent le disque, ponctué de titres brefs aux allures d’interludes.

Vive voix

Un passage sur la page MySpace de Marta Collica, où plusieurs titres sont en écoute, vous en apprendra sans doute bien davantage. Vous pourrez également l’y contacter s’il vous prend l’envie d’acquérir Pretty and unsafe (on peut aussi se le procurer par le site de Sepiatone ou celui du label Desvelos). Si vous préférez l’entendre, pour ainsi dire, de vive voix, Marta sera sur scène aux côtés de John Parish le 8 novembre prochain à Paris (Divan du Monde) et le 9 à Metz (Festival des Musiques volantes). Peut-être emportera-t-elle dans ses bagages quelques exemplaires de ce très joli album.

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publié par le 20/09/07
Informations

Sortie : 2007
Label : Desvelos

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