A période étrange, musique étrange*. Mansfield.TYA a toujours eu un univers très particulier et ce n’est pas le clip de l’excellent single "Auf Wiedersehen" avec ses personnages à la Enki Bilal période Nikopol qui va venir contrebalancer cette impression de malaise qui peut vous saisir aux premières écoutes du cinquième album du groupe. Non, ce qui a toujours fait passer (voire magnifié) le malaise chez Mansfield.TYA, c’est l’uppercut. Et ce Monument Ordinaire ne déroge pas à la règle, rien de tel qu’un bon coup de poing au foie pour vous sortir de vos rails et vous ouvrir au monde.

sombre

Un nouvel album de Mansfield.Tya c’est donc d’abord une sensation physique. Cela parait assez évident sur les morceaux les plus rythmés, à l’image de l’enchainement "Ni morte ni connue" / "Auf Wiedersehen" ou encore de l’impressionnant "Les filles mortes" en duo avec l’ex-Bérurier Noir, FanXoa, pour un morceau en forme d’uppercut justement. C’est moins évident mais d’autant plus vrai sur les morceaux plus calmes où le groupe joue avec le trouble d’une voix toujours à la limite de la sortie de route. "L’acqua fresca" vous happe d’un « je vis d’amour » qui résonne tout au long d’un disque très sombre et fortement tourné vers la mort. Notre cœur lui se serre dans la beauté froide du "Parfum des vautours", dans l’entêtement terrible de "Soir après soir", dans la lenteur des aller-retours et du violon hypnotique de "La montagne magique", dans le troublant-glaçant "Une danse de mauvaise goût". Le malaise se répand donc dans cette lenteur, dans ce calme noir jusqu’à épouser les moindres recoins et faire un avec nos sensations. Il se répand et on l’accepte, on le cherche et on l’adopte, jusqu’à ce "Le sang dans mes veines" libératoire sur lequel Mansfield.TYA a la bonté d’âme de nous offrir un exutoire à la hauteur du trouble.

teinté

Le sang recoule donc à nouveau librement dans nos veines. Il s’est légèrement épaissi, teinté, au passage. Des plumes, une bataille, reste une marque, là, tapie.

* et on aime l’étrange