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publié par benoît le 14/10/11
Loney Dear
- Hall Music
Hall Music

Déjà le sixième opus pour le suédois Emil Svanängen alias Loney Dear, qui s’écrit dorénavant sans virgule (attention donc si vous cherchez sur Spotify, Loney Dear et Loney, Dear étant stupidement répertoriés comme deux artistes différents).

Loney Dear, avec ou sans virgule, c’est la parfaite incarnation de l’artisanat pop : arrangements tricotés main sur mélodies lumineuses. On retrouve dès les premières notes de Hall Music cette atmosphère cotonneuse et enveloppante caractéristique des productions du suédois. Alors que le précédent album Dear John partait sur les chapeaux de roue avec l’empressé Airport surroundings, et gardait presque tout du long un tempo galopant, Hall Music s’ouvre doucement sur l’orgue de Name (orgue décidement a la mode chez les suédois, qui infiltre aussi le dernier Ane Brun. Stockholm est un petit monde où les idées circulent vite...) et la dizaine de chansons qui suit présente la même atmosphère recueillie, comme si elles avaient été composées dans une petite église de campagne. La mélancolie, même bousculée par un vibraphone plein d’entrain (Calm down) ou carrément déchirée par des cuivres rageurs (Durmoll - "majeur/mineur" en suédois), ne se dissipe jamais vraiment. Le summum de la grâce est atteint sur l’aérien Young hearts, qui rappelle le I love you des débuts. Le sieur Svanängen considère lui-même cet album, pompeusement baptisé Hall Music donc, comme son meilleur (en a-t-il déjà fait un mauvais, d’ailleurs ?).

Et plus que jamais, il faut voir Loney Dear sur scène. C’est ce que j’ai eu l’occasion de faire à cinq reprises en moins d’un an à Stockholm ou aux alentours, et j’ai vu la formule évoluer, l’ami Emil étant la plupart du temps en solo, jouant les homme-orchestres, avec à ses pieds beaucoup trop de choses pour dix orteils : un pédalier d’orgue pour les basses, et un sampler-looper pour démultiplier guitare, voix et percussions. Bref, tout ce qu’il lui faut pour reproduire les orchestrations en millefeuille élaborées dans son appartement stockholmois, et faire enfler les chansons jusqu’à ce qu’elles lui échappent presque. En étirant les structures, il développe parfois les mélodies, leur ajoute de nouvelles branches - qu’on est ensuite déçu de ne pas retrouver sur les versions studio !

Loney "Emil" Dear peut aussi être rejoint par sa fidèle compagne, choriste et accordéoniste Malin Ståhlberg. En configuration pleine, on trouve un batteur, un bassiste et des claviers. Le grand jeu avait même été sorti en septembre pour une session live à la radio publique suédoise (l’équivalent de nos défuntes Black sessions) avec vibraphone et tubular bells !

Loney Dear full band, ça donne aujourd’hui ceci, filmé il y a seulement quelques jours pour une émission de télé suédoise :

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Petite parenthèse : ce morceau (D major) est l’adaptation en anglais d’un poème du suédois Tomas Tranströmer, lauréat la semaine dernière du prix Nobel de littérature ! Emil Svanängen a révélé en avoir écrit l’adaptation il y a plus de deux ans. C’est ce qui s’appelle avoir le nez creux !

D’aucuns objecteront à Emil d’abuser du falsetto, alors qu’il est bien plus expressif dans le registre grave. Problème réglé sur le générique de fin de cet album, What have I Become ?, petit tube pop un peu idiot mais irrésistible, où c’est Malin qui prend les devants. Si on avait une doléance à faire pour le septième album, ce serait de l’entendre plus souvent !

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publié par le 14/10/11