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publié par gab le 17/06/09
la pompe moderne
- greatest hits
greatest hits

Vous cherchez, pour l’été qui approche à grand pas, un album qui vous mette la patate, un disque (de bien) mariant émotion, rire, saveurs et sexe ... eh bien ne cherchez plus ! Laissez-vous tenter par tonton Georges et sa "bande de travelos" (c’est tiré du disque, on ne se permettrait pas), oui, foncez sans plus tarder sur le premier album de La Pompe Moderne qui sort ces jours-ci, un Greatest hits comme il se doit.

formule

C’est qu’ils sont malins nos ex-The Brassens, après avoir sorti l’an dernier un quatre titres remarqué (cf cargo-blogage) de reprises "à la Brassens" d’artistes aussi variés que Diam’s ou Daft Punk, voici qu’ils évitent haut la main le traquenard du long format à la formule forcément lassante en nous proposant un album en public, mise en situation idéale pour laisser s’exprimer pleinement tout l’humour de cette formule originale. Situation tellement idéale d’ailleurs qu’on regrette souvent l’absence d’images, notamment lorsque Georges (oui, appelons-le Georges) s’en va poser un slam d’anthologie sur "Garcon" de Koxie. Un des moments forts du live, indéniablement, évoquant pêle-mêle les lectures de poèmes que faisait Brassens (le vrai) à l’occasion et sa tendance pornographe des grands jours.

pot

Mais revenons à nos ingrédients de blockbuster estival, qu’on ne nous accuse pas de raconter n’importe quoi. Vous vouliez de l’émotion ? écoutez plutôt cet hommage en deux temps à Jeanne Moreau ou encore les anecdotes de soirées arrosées de Georges et de Léo (Ferré) ; Vous vouliez du rire ? retrouvez Bénabar s’invitant chez la Compagnie Créole, un pot pourri de droite, l’excellent "Garcon" donc ; Vous vouliez du sexe ? ce disque contient à la fois une ode à la partouze et une reprise de "Libertine" de Mylène Farmer, que vous faut-il de plus ? (quant à nous on a désormais notre quota de termes accroche-moteur-de-recherche, merci bien)

tiroir

Or si la grande force du concept réside inévitablement dans un comique de situation assez imparable, Brassens revenant d’entre les morts chanter les tubes de ces vingt dernières années - il fallait oser -, deux autres éléments essentiels permettent en sus à la troupe de tenir la distance sur une heure et demi, ce qui était loin d’être gagné d’avance : la construction d’un univers musical propre, loin d’une pale copie conforme "guitare-contrebasse" de l’original, et l’emploi sans restrictions de chansons à tiroir. Car vous l’aurez compris, La Pompe Moderne manie l’effet de surprise à merveille, l’auditeur ne sachant jamais à l’avance quel morceau (voire quelle série télé culte) va s’incruster chez tel autre, ni sous quelle forme. De quelques notes d’un tube princier sur un pont musical à l’interruption totale des programmes, d’une réminiscence de la reprise précédente à un final Brassens by Brassens, tout est bon à prendre, tout est bon tout court pour ne jamais perdre le rythme, ni laisser retomber l’auditoire. Sans oublier les bribes de paroles de standards français qui s’invitent en douce dans les traductions maison de chansons anglaises, vous imaginez le degré d’immersion atteint !

oignons

Concernant l’univers musical maintenant, il serait facile de ne retenir que l’aspect comique des deuxièmes voix rigolotes du groupe et les roulements de "r" renforcés de Georges, le tout sur fond de rythmique de guitare brassensienne. Ce serait oublier la grande trouvaille du groupe : marier ce rythme cahotant avec une section de cuivres, limitée en nombre certes (clarinette et alto-sax) mais aux petits oignons, et de poser le tout sur un tapis tamisé de caisse claire. Au final, on se retrouve avec une ambiance toute personnelle, lorgnant volontiers vers la musique yiddish et, surprise, ça lui va pas mal du tout comme habillage au père Brassens. C’est d’ailleurs dans cette configuration précisément que les morceaux les plus aboutis éclosent en fin de set avec les traductions françaises du "Toxic" de Britney Spears et du "Walk like an egyptian" des Bangles. En ce qui concerne le premier, morceau le plus repris de l’hémisphère nord ex aequo avec "Rehab" d’Amy Winehouse, le groupe arrive encore à y mettre une touche personnelle rafraichissante, ce qui en soi est un exploit, et pour ne rien gâcher, ils se débrouillent même pour inoculer (justement) une petite touche brassensienne de ci de là dans les paroles. Une brillante réussite donc qui reste bien en tête pour notre plus grand plaisir, au point qu’on se rêve régulièrement en choriste georgette et qu’on pollue nos collègues de boulot toute la journée avec de suraigus "je n’peux plus décrocher, tu sais bien que tu es toxique !". Quant au second, la nostalgie de trentenaire aidant sans doute au tournant, la prime va justement aux choristes et instrumentistes fous qui font revivre à merveille le dynamisme et l’excentricité du morceau original : à donner envie de ressortir ses vieilles cassettes des Bangles (si on les retrouve).

ricochet

Que dire de plus maintenant ? Qu’en notre période de sinistrose ambiante ce genre d’entreprise fait drôlement du bien par où elle passe ? C’est une évidence qu’on martèlera bien fort tout de même. Qu’on en redemande une nouvelle fournée ? S’ils arrivent à se renouveler comme ça à chaque fois, oui, oui, trois fois oui. Qu’il faut avoir connu les ravages musicaux des années ’80 pour prendre la pleine mesure de ce disque ? C’est possible en effet si vous voulez apprécier à leur juste valeur les chansons et leurs écarts multiples. Qu’il faut connaître Georges Brassens tout court ? Que ce soit là l’occasion pour les jeunes et les moins jeunes d’aller par ricochet puiser la substantifique moelle dans l’œuvre du maître irrévérencieux de la chanson française serait un bonheur inespéré. C’est en tout cas, et ce sera le mot de la fin, le plus grand mal que nous pouvons leur souhaiter.

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publié par le 17/06/09
Informations

Sortie : 2009
Label : Les Disques Bien