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publié par gab le 21/03/07
kristin hersh - Nouveau Casino, Paris - 16/03/2007
Nouveau Casino, Paris

télérama

C’est l’histoire quelque peu inquiétante bien que happy-endante d’une soirée surprise-méprise-emprise. Belle surprise d’abord quand on tombe par hasard dans télérama sur l’annonce d’un concert de Kristin Hersh le soir même au nouveau casino. Double surprise même lorsqu’on apprend qu’elle a sorti un nouvel album en janvier dernier dont on n’a étrangement jamais entendu parler. Petite méprise ensuite quand on s’attend à la voir seule avec sa guitare acoustique, ses arpèges fabuleux et son univers d’une profondeur rarement égalée. Forte emprise enfin lorsqu’elle réussit in extremis à habiter pleinement ses morceaux et qu’avec son groupe l’harmonie prend forme et s’impose. Triptyque digne d’un thriller, joliment orchestré histoire qu’on ne regrette pas la séance ciné initialement prévue pour ce soir là.

manque

Car frayeur il y eut. Et d’entrée de jeu. Kristin Hersh se lance, guitare électrique à la main, entourée de sa section rythmique au sein de 50 Foot Wave et de The McCarricks aux cordes (madame au violon, monsieur au violoncelle, duo ayant assuré une première partie hypnotique et requiem-for-a-dreamesque sur fond de beats technoïdes et de films sur grand écran) pour une première partie de set très agressive au niveau chant et plutôt brouillonne côté musique. On se dit au départ que c’est sans doute dû aux morceaux du nouvel album, qu’on ne connaît pas donc, mais non, même les morceaux connus et adorés (le pourtant génial "Your dirty answer") nous font le même non-effet. Qu’au niveau musique cela manque un peu de feeling passerait encore mais Kristin réussit l’exploit d’être à la fois éteinte et hargneuse, d’une voix complètement éraillée qui peine à trouver ses marques, un regard inexpressif fixé en permanence sur un point imaginaire au fond de la salle. On commence à prendre peur. Mais où est donc passée la Kristin Hersh qu’on avait vue seule en scène il y a dix ans (déjà !). Où est donc passée la richesse d’émotion qui ressort si fortement sur ses albums ? Parties avec la métamorphose physique de la dame ? (plus de visage rond, ni de cheveux foncés) Laissées en friche à la fin d’une tournée éprouvante ?

prise

Et alors qu’on commence à désespérer entre deux danseurs au déhanché franchement non-conventionnel pour ne pas dire exotique (mais où sont donc passés les hocheurs de tête ? a-t-on vraiment été absent des salles de concert pendant si longtemps que ça ?), la voici qui petit à petit refait surface, qui discrêtement reprend pied en s’appuyant efficacement sur ses classiques ("Your ghost"). Elle se détend progressivement, lâche prise, trouve ses marques. Le groupe se fait de plus en plus fin et précis. On commence à mieux goûter aux nouvelles compositions, on gagne franchement en profondeur sur les anciens morceaux pour finir le set sur une superbe version de "Listerine" lente, posée et tendue à souhait, la basse et la batterie au feeling retrouvé, les cordes sensibles et présentes. On est happé, transporté ... rassuré aussi, bien qu’un peu frustré de n’avoir vraiment profité que de quelques morceaux alors qu’elle sort de scène en nous remerciant.

à moins que ...

très

... à moins qu’elle nous fasse mentir, qu’elle nous plonge dans l’embarras, qu’elle mette tout par terre en sortant dare-dare le double rappel parfait, incontestable. Ce serait par exemple de revenir seule à la guitare acoustique pour nous faire un magistral "Cotton mouth" (Throwing Muses) de notre jeunesse avec explication de texte en plus. Car elle parlerait entre les morceaux, elle serait souriante et détendue. Elle ferait ensuite l’immense "The letter" avec le groupe au complet et les cordes apporteraient vraiment un très gros plus et le batteur jouerait même tout en finesse. Elle terminerait avec une autre reprise un peu plus péchue des Throwing Muses pour la bonne bouche. Et on serait aux anges, heureux. Si. Très. Elle reviendrait enfin, seule, pour un deuxième rappel acoustique, "Cuckoo", toujours causante, toujours touchante. Elle reviendrait, oui, transformée ...

... et on sait que c’est là, tout près, tapi sous la surface, qu’elle peut le faire, qu’il ne faudrait sans doute pas grand-chose même, on le sait ...

... on le sait et la voici qui revient, seule, toute menue, solide et frêle à la fois ... un sourire, deux même ...

et elle prend sa guitare acoustique ...

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publié par le 21/03/07