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publié par vinciane le 16/03/03
jack the ripper
- i'm coming
i'm coming

promesses

i’m coming, ce titre a tout d’une invite et d’une affirmation tranchant résolument avec le mystérieux et défiant book of lies des jack the ripper. si la continuité est assurée par le choix graphique d’une reproduction de juarez machado, la nouvelle pochette représentant un corps dénudé et allongé sur un lit rompt avec la scène où plusieurs personnages évoluent dans un lieu public. d’emblée, jack the ripper se fait plus intime, plus personnel et plus évocateur... le verbe to come en anglais n’a-t-il pas un sens plus populaire et fort à propos dans une scène comme celle de cette toile, où un homme glisserait à l’oreille d’une femme, dans une chambre et à l’abri des regards « i’m coming » ?... que de promesses pour un deuxième album à peine le tient-on entre ses mains ! de chanson en chanson, comme de chapitre en chapitre, l’atmosphère change et transcende souvent les textes, pourtant ciselés.

toiles

ainsi, le premier titre, français ("la femelle du requin"), ne contiendra aucun mot de la langue de molière, le "the astronaut of her majesty" ne fera référence explicite à ce mystérieux astronaute... un peu à la manière de poèmes ou de toiles surréalistes dont les titres laissent faire l’imaginaire. jack the ripper insiste grandement sur la théâtralité de ses compositions, la première preuve en est la scène, où font irruption toute sorte de personnages. L’arbre à papillions ("feral buddleia") sera alors un bestiaire dans lequel se répondront un chien, un renard ou un loup. le "a portraits gallery" dresse quant à lui un tableau où tour à tour prennent la parole des fleurs aux prénoms de femmes, lilly, rose et jasmine..., tant et si bien qu’il n’est pas surprenant de retrouver en fin de titre un extrait en français du film la belle et la bête (« alors cher monsieur, vous volez mes roses... vous volez mes roses qui sont ce que j’aime le mieux au monde. vous jouez de malchance car vous pouviez tout prendre chez moi sauf mes roses et il se trouve que ce simple vol mérite la mort »).

mephisto

outre des textes émaillés de références respectueuses, comme ce "your funeral is my trial" emprunté au maître nick cave, les paroles des douze nouveaux titres de jack the ripper ne faillissent pas aux « atmosphères de crime anglais » (petit clin d’œil à vincent delerm en passant), entre “hamlet song” et l’apparition de mephisto dans "martha"... et l’on se délectera du charmant accent du même "martha", où le chant oscille entre l’allemand et l’anglais, où les textes nous emmènent de berlin à babylone... le plus beau voyage que nous offre ce nouvel album reste néanmoins celui de la musique. avec son cabaret-rock désormais identitaire, jack the ripper n’en a pas fini de nous séduire, ici où s’invite un trombone ("escape"), là où chante une scie musicale ("martha")... le violon charme de ses liés ("feral buddleia") et déliés ("la femelle du requin"), tandis que la rythmique si particulière à jack the ripper achève chaque fois d’enlever le ton ("escape"). s’il est une singularité musicale de cet album, c’est la place qu’il accorde à la ligne mélodique des guitares. bien plus que le book of lies, où seul l’instrumental "in a bar with billy kunt" autorisait véritablement l’expression lyrique des guitares, le i’m coming laisse à plusieurs reprises le pupitre aux lignes électriques, citons notamment le magnifique "so" en conclusion de disque.

nerveux

sur le délicat "her ghost", le clavier prend le relais mélodique, tout comme il sait donner le ton cabaret sur le pétillant "martha". un regret toutefois sur la basse, souvent trop ténue, souvent trop discrète bien qu’elle tienne une place essentielle... l’unité perceptible du nouvel album et, de manière plus générale, des compositions de jack the ripper, réside avant tout dans la richesse des arrangements et des structures. ainsi, il ne sera pas surprenant de retrouver un morceau résolument plus rock et plus violent en fin de morceau. comme "the assassin" sur the book of lies, le "party in downtown" du i’m coming est un temps fort de l’album, non seulement parce qu’il exacerbe les tensions musicales perceptibles ici et là, mais aussi et surtout parce qu’il donne sur scène lieu aux exécutions les plus débridées. le livret traduit à sa manière ces accès nerveux par une écriture scandée, alors qu’elle se fait liée ailleurs, sur les titres plus lyriques. bien joli visuel d’ailleurs que ces encres diffuses qui parfois prennent forme aux côtés de textes écrits à la main et livrés sans repères ni exhaustivité. jack the ripper se fait une nouvelle fois plus personnel avec ce carnet qui succède au visuel plus carré, quoique déjà remarquable, du book of lies.

parallèle

si l’on peut établir un parallèle évident entre le premier et le deuxième album, il portera également et sans aucun doute sur leur structure. bien que le nouvel opus comporte trois morceaux de plus, on retrouve en début de disque les titres majeurs et les plus identitaires ("dog meets wolf" et "prayer in a tango" sur book of lies, "la femelle du requin", "a portraits gallery" et "martha" sur i’m coming), avant un passage plus calme et souvent un peu en dessous du reste ("mescaline" et "in a bar with billy kunt" sur l’un, "hamlet song", "her ghost" et "waltz, for my girlfriend joe" sur l’autre). viennent ensuite les morceaux les plus tendus ("the assassin", "party in downtown"), qui laissent place à un final apaisant ("liberation", "so"). dans la continuité du book of lies, le i’m coming relève le défi d’être un album nouveau et familier, à la fois plus intime et plus ouvert, qui - malgré ses petites faiblesses - devrait tourner longtemps sur la platine... un album qui nous accompagnera vers son successeur avec enthousiasme et impatience.

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publié par le 16/03/03