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publié par Renaud de Foville le 26/06/01
tricky
- blowback
blowback

chamanique

2001, tricky revient... avec une pléiade d’invités aussi hétéroclites que surprenants. on a quand même le droit de s’inquiéter un peu en apprenant que sur son nouvel album, blowback, on trouvera aussi bien quelques red hot chili peppers, cindy lauper - il faut avoir au moins 30 ans pour s’en souvenir - alanis morissette - il faut avoir moins de trente ans pour l’écouter - ou encore ed kowalczyk le chanteur de live, un groupe fm insupportable ! rajoutez à cela un morceau construit sur le sample de "sweet dreams" des eurythmics et une reprise de "something in the way" de nirvana, et vous comprendrez notre curiosité mêlée d’appréhension. il ne faut pas oublier à qui l’on a a faire, tricky est un être à peine réel, un inventeur de rythme et de son quasi mystique et chamanique, qui nous a toujours surpris et envoûté tout au long d’albums inégaux mais toujours impressionnants et de concerts inoubliables... de plus le single "evolution revolution love", nous démontre encore une fois que tricky aime s’entourer et travailler avec des gens très différents, et qu’il tire souvent le meilleur de ces collaborations. si ed kowalczyk est le leader d’un groupe pitoyable, sa voix se mélange à merveille avec celle de tricky et hawkman, un rapper copain de tricky. le morceau, basé sur un sample de "tempted" de squeeze, est une pure merveille. peut être le meilleur de l’album. a vous donner le frisson. les trois voix se répondent dans un style et une teinte très différents mais diaboliquement complémentaires. c’est beau à faire peur. pas franchement à écouter le soir, seul, dans une ruelle abandonnée tellement la voix de tricky vous glace le sang. le rythme est envoûtant et la production impressionnante.

tonalité légère

mais est ce suffisant à faire un album ? qu’en est il des autres participations ? si l’on a vite enfermé tricky dans la case trip hop - quand on commence avec massive attack et portishead, faut pas s’étonner... - tricky lui ne s’est jamais imposé de limite. malgré un son, une voix et un style reconnaissables entre tous, il aime toucher un peu à tout. "over me" à des influences ragga qui donne presque envie de danser, et qui donne une tonalité plus légère à blowback qu’à beaucoup de ses précédents albums. rythme, influence et hawkman que l’on retrouvera sur l’excellent "diss never" ou "give it to ‘em", du même tonneau. c’est peut être pour cela qu’il est aller chercher des partenaires aux styles aussi différents qu’éloignés du sien. sur "girls" la voix d’anthony kiedis est reconnaissable entre mille et se mélange là aussi à merveille avec celle de tricky. une petite pointe de red hot au milieu de la folie et de la violence contenue de tricky, et vous avez le meilleur morceau que les red hot n’ont pas encore écrit. impressionnant !

télévision 70’

si, en tendant l’oreille sur "you don’t wanna", on reconnaît, amusé, le sample de "sweet dreams", un peu ralentit, on ne s’attardera pas sur ce morceau, qui sans être mauvais, n’est pas d’un intérêt bouleversant ! on préféra le très drôle "da woman" qui à l’air tout droit sorti du générique du cultissime wonder woman... la basse de flea est toujours aussi virevoltante et impressionnante... on les imagine tout le groupe en train d’essayer de se changer, tous enfermés dans la même cabine téléphonique, leur instrument à la main, totalement bloqués... un morceau aussi léger est assez rare chez tricky pour que l’on en profite pleinement. une conclusion importante s’impose à nous : tricky regardait la télévision, dans les années 70. maintenant on le sait.

adaptation

mais nous ne sommes pas au bout des surprises . si certains morceaux n’accrochent pas immédiatement, on doit bien avouer qu’en écoutant plusieurs fois blow back on se laisse peu à peu avoir par "your name". petite ritournelle dépouillée, douce et chaleureuse, que l’on pourrait presque faire écouter à nos enfants pour les endormir, j’ai bien dit presque. pour ma part je n’ai pas encore tenté l’expérience. la voix de tricky, toujours aussi rêche et rocailleuse, se fait ici douce et émouvante. un morceau étonnant et à découvrir... autre curiosité d’un album riche et très diversifié la reprise de "something in the way" - créditée kurt cobain - tricky, c’est dire que l’on peut s’attendre à une adaptation et non juste une reprise. franchement c’est le moins que l’on puisse dire. si vous le faites écouter sans rien dire à quelqu’un, même qui connaît nirvana, pas sûr qu’il puisse le reconnaître tout de suite l’original. chanté par hawkman, que l’on retrouve sur une bonne partie de l’album, la mélodie est triturée par tricky qui la restitue avec des sons aussi étranges que... étranges !

le meilleur de chacun

sur "five days", on reconnaît à peine cindy lauper - qui a pourtant une voix assez particulière. tout en retenue, sans effet suraiguë comme elle aimait en jouer dans les années 80, la voix de cindy lauper se mêle à celle de tricky pour un duo étrange et sensuel, parfois émouvant, parfois troublant. on reste sidéré de voir que tricky a réussi son pari haut la main, et que toutes les contributions sur blow back sont largement justifiées par leur réussite. tricky peut aisément clôturer son album, toujours accompagné de hawkman sur "give it to ‘em" ou par "a song for yukiko", chanté en japonais par yukiko takahashi. un morceau calme, reposant qui referme un album de tricky, que l’on n’est pas prêt de ranger... au passage on retrouve le tricky des débuts sur l’énorme "bury the evidence", nerveux et torturé et alanis morissette n’arrive pas à gâcher le "excess" qui ouvre l’album ! quand je vous disais que tricky sait tirer le meilleur de chacun !

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publié par le 26/06/01
Informations

Sortie : 2001
Label : anti/epitaph

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