Hilldale possède ce petit quelque chose qui retient l’attention, cet élément inqualifiable qui transforme un enregistrement un peu maladroit en un EP débordant de charme. Une touche de pop fragile à la Go-Betweens. C’est assez étonnant à voir à l’œuvre. Pris individuellement l’ensemble des petits défauts de cet EP aurait dû nous envoyer dans le décor dès la première écoute, que ce soient les sonorités plutôt datées de l’enregistrement, le peu de pouvoir attractif du chant ou l’aspect hypra-pop des ritournelles de guitare. Et puis voilà, toutes ces petites imperfections mises ensemble construisent un univers un peu twee, un peu old school, un peu (beaucoup) qui fait du bien par où il passe. C’est assez inexplicable en réalité.

L’inexplicable illustré, un clip bien à l’image de la musique de Hilldale

C’est assez incroyable, on peut donc encore faire de la pop comme ça en 2015. Quelle dose d’insouciance faut-il posséder pour y parvenir ? Quelle force de caractère ? C’est forcément une question de dosage, d’alchimie. Et en attendant qu’ils transforment leur pop légèrement désuète en or, Hilldale fait mouche d’entrée de jeu avec "Winter" et sa très touchante tension mélancolique. Le plus indie des morceaux de l’EP est un tube underground en puissance qu’on se le dise. Ça se corse un peu avec "Tsing tao" et son versant ultra-pop un peu crispant avant qu’on ne fonde complètement pour "Curtis". Et quand le cœur bat, même le plus début-nineties des synthés ne peut plus rien nous faire. La fin de l’EP s’enchaîne sans accros sur le même mode pop & stroll, les guitares sont naïves et sautillantes ("Sailor of love"), le chant nous prend par le bras et nous emmène pour une balade contée ("Day off"). Hilldale ou le parti pris assumé de bout en bout, rien que pour leur intransigeance et leur conviction, respect.

Et pour ceux qui comme moi se demandent ce qu’Hilldale peut bien donner en concert, un petit aperçu ci-dessous.

"Bad call", live au Consortium 28/11/2014