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publié par Renaud de Foville le 19/11/01
Festival des Inrockuptibles - 2001 -- [L'Olympia, Paris + La Cigale, Paris + La Boule Noire, Paris] - [10/11/2001, 11/11/2001, 12/11/2001]
2001 — [L'Olympia, Paris + La Cigale, Paris + La Boule Noire, Paris]

pas le charisme

le petit et nouveau « festival off » en parallèle de celui des inrocks a eu une première conséquence plus ou moins involontaire : plonger encore un peu plus le journal et son équipe dans le ridicule... nous étions nombreux à penser que ce n’était plus possible de les voir se ridiculiser encore plus, et pourtant un petit festival off, comme officieux, a réussi cet exploit ! devenir une institution est un danger véritable pour une revue comme les inrocks, mais le pire c’est de se prendre au sérieux et de penser que ce que l’on écrit est important ou influent, voire les deux. on savait depuis longtemps que pour le journal il n’y a avait plus grand chose à faire : devenu aussi illisible que prétentieux et totalement vain, il ne reste plus que quelques rendez vous dans l’année pour les nostalgiques des grands moments du début. quelques belles exclusivités, parfois gâchées - comme par exemple leur minable interview de new order, leurs fameuses compiles et bien sûr leur festival.

énorme frime

là encore le plaisir c’est largement émoussé. on ne peut que regretter l’époque ou le festival se passait sur trois soirs, juste à la cigale et avec trois groupes à chaque fois. aujourd’hui la grenouille veut à tout prix devenir bœuf et on peut se dire qu’en attendant qu’ils éclatent, les inrocks nous les gonflent... alors quand le tourneur corrida décide de faire un petit festival off en parallèle de la grosse machine qu’est devenu le festival des inrocks, quand ils s’installent pour trois soirs dans la même salle avec trois groupes par soir (cela ne vous rappelle rien ?) et que cela déchaîne l’humeur des inrocks... cela ne peut que nous faire rire. en tout cas pour tous ceux resté sur le carreau devant la cigale, la boule noire était là avec une affiche des plus prometteuses... bien sur il fallait faire des choix. le programme était simple pour cargo : avoir ou non la confirmation de l’engouement que l’on avait eu à la route du rock pour interpol, revoir pour la quatrième fois cette année la révélation choc, nos texans à nous et c’est pas toujours facile de revendiquer que l’on aime des texans, les lift to experience et enfin... le dimanche voir ce que peut donner un groupe mythique sur le retour sur scène : new order.

09/11/01 : red

mais revenons à la boule noire. le vendredi l’excellent festival off nous avait concocté une première affiche aguichante. le concert des inrocks de la cigale n’était pas encore fini que red entamait le sien... seul face à une salle qui se remplit doucement, red est assis, la guitare posée sur les genoux. etrange personnage à la voix aussi rocailleuse que mélodieuse, rappelant parfois celle de tom waits - rien que ça ! accompagnant des mélodies dépouillées et souvent touchantes sa voix nous émeut et nous emporte dans son univers déchiré, celui d’un écorché vif qui n’a pas oublié son sens de l’humour. sa reprise des sex pistols, "anarchy in the u.k", est un ovni aussi drôle qu’étrange, aussi réussi que gonflé. réussir à s’imposer de cette manière nous fait dire que l’on entendra encore parler de ce red sur notre cargo.

09/11/01 : michael j sheehy

on pensait le voir en tête d’affiche, ayant quand même plusieurs albums à son actif. mais sans que l’on sache trop pourquoi il est passé avant interpol. sans être follement originale la musique de sheehy reste assez carré et efficace pour nous faire passer un bon moment. c’est vrai qu’à cette heure avancée de la nuit on a quand même une nette préférence pour les morceaux les plus énergiques que sheehy jouera surtout en fin de set.

09/11/01 : interpol

après s’être fait un peu attendre voici enfin interpol. cela faisait longtemps que l’on avait attendu un concert avec une telle impatience. il est une heure du matin et nous allons enfin savoir si interpol a tout pour être un grand groupe comme on le pense depuis la route du rock ou si nous étions vraiment beurrés comme des cochons à st malo ! evidemment il est tentant de répondre : les deux. surtout que ce n’est pas faux et que ce n’est pas ce soir que nous aurons une réponse définitive. arrivés dans la journée, les cinq jeunes new yorkais sont un peu fatigués. mais si cela se sent un peu, leur heure de concert nous confirme une incroyable présence scénique, un bassiste techniquement très impressionnant, une voix assez proche de celle de ian curtis - en plus juste ! - et des chansons frisant la perfection. et si l’influence de la new wave - de joy division à the cure - est plus ou moins envahissante on peut aussi trouver du pixies et même du clash chez interpol. interpol transcendent tout cela pour ne pas rester de simples copieurs mais pour nous offrir des chansons magnifiques aux refrains entêtants et nous donner de furieuses envies de les revoir. tout cela avec un groupe qui n’a pas sorti d’album et dont le second e.p, vendu par le très sympathique manager du groupe à la fin de leur concert, n’est même pas signé par un label !

10/11/12 : cooper temple clause

est ce pour se donner des airs de festival d’été que les inrocks ont fait commencer l’affiche du samedi à 17 heures ? c’est vrai que, encore une fois, on peut se demander la logique de tout ça. la cigale est à moitié vide pour les cooper temple clause :d’insupportables gamins poseurs et ridicules qui font plus attention à leur look (pantalon en dessous du cul, blouson en cuir deux tailles trop petite...) et surtout à leur coupe de cheveux (genre oasis en pétard). si leur musique n’est qu’une brit-pop sympa de plus, leurs gesticulations et leurs poses sur scène nous gonflent rapidement. au suivant, et vite...

10/11/12 : clem snide

clem snide eux réussissent à m’endormir avec leurs premiers morceaux - bon ok, j’étais vraiment crevé ! - avec un début de set très folk countrysante. mais les derniers morceaux retrouvent une pêche salvatrice et la musique de clem snide se révèle assez atypique et intéressante pour exciter notre curiosité. leur plaisir d’être sur scène, l’énergie de chansons solides et un certain charisme font que clem snide aura quand même réussir à sortir leur épingle du jeu.

10/11/12 : elbow

on était assez curieux de voir elbow. une bonne réputation les précédait, aussi bien sur scène que sur album. si les références de la presse au radiohead ou autre coldplay sont plus ou moins évidentes selon les morceaux, on ne pourra ni être déchaîné par elbow, ni dire que l’on a passé un mauvais moment. avec un écran derrière eux, projetant un montage d’images du groupe sur scène - en direct - et des petits films souvent assez intéressants, le groupe nous propose des morceaux sympathiques sans être inoubliables. le genre de groupes sur lequel on a pas grand chose à dire.. merci pour la chronique les gars !

10/11/12 : lift to experience

mais bon, très honnêtement on était surtout venu pour prendre des nouvelles de nos petits texans : les lift to experience. on ne vient plus vérifier comme à la black session ou la route du rock - cf chronique - si on avait raison de dire que the jerusalem crossroads est l’un des meilleurs albums de l’année... car ça on le sait et on sait aussi que les lift to experience sont capables de s’imposer sur scène avec des concerts tout à fait exceptionnels. non, on était vraiment venu se faire plaisir. ce soir à la cigale, et ceci dès les premières notes si on oublie quelques problèmes de sono assez fréquents dans ce festival, on comprend vite que les lift ont encore évolués musicalement. ils ont encore pris de l’assurance et les 45 minutes de leur set aussi magistral que beaucoup trop court nous laissera aussi secoué que frustré de ne pas pouvoir suivre le groupe sur leur petite tournée française. maintenant les gars il faut revenir sur paris pour votre propre concert.

10/11/12 : mercury rev

une black session à tomber, un concert ouï fm deux jours avant exceptionnel selon richard de 99 octane, on savait bien avec tout cela que les mercury rev finiraient la soirée en beauté. evidemment la voix de donahue peut surprendre, l’orchestration des chansons dérouter et les gesticulations du leader, tel un chef d’orchestre pop sous acide, peuvent énerver. mais, pour l’avoir croisé dans la salle, je peux vous dire que donahue dégage quelque chose de très impressionnant. son charisme est évident et l’émotion de chaque morceau est telle que l’on ne peut être que conquis par ces chansons quasi parfaites - en grande partie tirées de leur merveilleux dernier album, leur générosité et le plaisir d’être sur scène. mercury rev nous démontre avec facilité qu’après avoir fait quelques albums merveilleux ils peuvent aussi être un grand groupe de scène. la soirée se termine pour 99 octane à la boule noire pour le off où l’on pouvait croiser les leaders d’interpol discutant avec celui de lift to experience. un rêve de voyage en cargo !

le 11/11/01 : experience

on en vient a se demander si trois jours de festival sur paris cela ne serait pas plus fatiguant qu’un séjour à st malo ? on se retrouve donc après un délicieux repas octanien - les conditions de vie ne sont pas franchement les mêmes que dans le fort des st pères ! - à l’olympia pour un concert, encore une fois, plus qu’attendu. pour ouvrir le bal, dans un olympia en train de se remplir, michel cloup et son excellent groupe experience : un concert carré et efficace ou le prochain single essayez ouvre impeccablement le feu. une version d’"entre voisins" meilleure que jamais est hélas gâchée par un problème de son à la limite du supportable pour nos pauvres oreilles, alors que "aujourd’hui maintenant" est un peu bâclé par le groupe, qui se rattrape par un explosif et génial "ceux qui aiment le jazz" en fin de set. experience malgré quelques défauts mineurs - un semblant de naïveté peut être ? - confirme, grâce à une réelle présence, qu’il est un groupe de scène impressionnant. tout simplement.

le 11/11/01 : hawksley workman

hawksley workman a été rajouté au dernier moment ce qui a eu pour effet de bouleverser l’ordre de passage des groupes de première partie - on n’en parlera pas sans s’énerver, alors passons ! evidemment comme on s’attendait plutôt à un songwriter à l’américaine dans la pure tradition d’elliott smith ou smog, on a été un peu surpris du show du canadien. au début on pense à du bowie période 70’s avec un peu d’elvis costello pour la musique. mais très vite le bonhomme prend confiance et, aussi bien musicalement que pour la gestuelle, on se dit que l’on est en face d’un extra terrestre qui pris deux douzaines d’ecsta en regardant une cassette en mauvais état du rocky horror picture show et qui n’est jamais redescendu. si les critiques ont été partagés on peut avouer que pour 45 minutes on a été agréablement surpris par l’incroyable voix de hawksley workman, par l’humour décalé et même les compositions emballantes soutenues par un groupe qui tient la route - même si totalement effacé par l’exubérance du bonhomme. un show man comme on en voit que trop rarement qui a une véritable approche global de la scène.

le 11/11/01 : the music

autre curiosité du week-end : the music. on vous en déjà parlé sur cargo de ce jeune groupe anglais qui a fait pour nous quelques photos de leur passage à paris. Que dire d’eux après les avoir vu sur scène : qu’ils ne méritent pas les sifflements ridicules d’une partie du public et les vociférations haineuses que l’on a pu entendre après. c’est évident le groupe est jeune, très jeune. manquant un peu d’originalité mais sûrement pas de talent. ils ont écouté beaucoup de noisy pop, et alors ! leur concert est quand même assez impressionnant pour un groupe qui a si peu d’expérience : les instrumentaux sont ultra efficaces, les mélodies souvent accrocheuses et le chanteur éclatant. avec du temps et si ils ne sombrent pas comme muse a pu le faire, on peut imaginer que l’on entendra encore parler de the music.

le 11/11/01 : new order

aujourd’hui cela fait déjà plusieurs jours que le concert est passé et donc que l’on a vu new order. hier, en entendant "blue monday" à la radio, on se disait que c’était quand même étrange d’avoir vu ce groupe qui est non seulement issu de joy division (l’un des groupes les plus influents des trente dernières années avec le velvet undergound ou les beatles) mais à aussi sorti une incroyable quantité de morceaux tous plus géniaux les uns que les autres depuis 20 ans. franchement quelque soit les réserves que l’on a pu avoir en sortant de ce concert - et elles sont nombreuses - c’est de dur de ne pas se mettre à danser sur tous les morceaux qui sont passés dans nos boums - et oui ! - et sur les radios en boucle. car non seulement new order a réussis un nombre incroyable de succès. ces même succès sont souvent des morceaux quasi parfaits, ce qui n’est pas chose courante. mais, objectivement, le concert... décevant, évidemment décevant. comme a pu l’être le concert du velvet huit ans auparavant dans la même salle. un concert trop rock, trop euro dance, trop gras, trop lourd. pour new order, la première surprise, la première mauvaise surprise c’est de s’apercevoir que nos « mythes » n’ont aucun charisme, aucune présence. surtout sumner qui se vautre dans le ridicule quand il danse et nous gâche quelques morceaux avec ses cris et ses sifflements de supporter de foot et qui a quand même besoin de quatre prompteurs pour chanter, rien que ça ! si peter hook reste un bassiste absolument génial il a quand même l’air particulièrement antipathique le bougre. musicalement la set list enchaîne la plupart des tubes incontournables du groupe joués avec plus ou moins de réussite. passant de new order à joy division - où la voix de curtis nous manque cruellement, surtout sur un "love will tear us appart" approximatif , ce qui est totalement impardonnable pour un tel morceau, des nouveaux plutôt réussis - même si on aurait préféré entendre "crystal" vers la fin, quand le groupe était vraiment bien chaud - aux anciens tous plus connus les uns que les autres. mais les défauts du groupe reprennent le dessus : les versions sont souvent lourdes, le groupe manque de présence - on aurait aimé la sobriété d’un robert smith quand on a pas le charisme d’un dave gahan ou d’un bono... le genre de phrase qui en fait hurler plus d’un - et la voix de sumner manque parfois d’assurance. si les petits problèmes techniques rendent le groupe plus humain, ils n’en sont pas pour autant plus sympathiques, mais que voulez vous quand on peut jouer à la suite "bizarre love triangle", "true faith" et "love will tear us appart", même dans des versions plus ou moins décevantes, on se dit qu’il fallait bien voir une fois dans sa vie new order sur scène. c’est fait.

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publié par le 19/11/01
Derniers commentaires
Sfar - le 20/01/08 à 20:24
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mais on ne parle pas de morrissey ??
étonnant _ : ))