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publié par Mickaël Adamadorassy le 09/07/11
Eels - Le Bataclan, Paris - 05/07/2011
Le Bataclan, Paris

En allant voir Eels au Bataclan, je n’avais aucun doute sur le bon moment que j’allais passer. Néanmoins chose que je fais rarement, je suis allé voir sur le net les reviews des précédents concerts de la tournée, car si Eels ne m’a jamais déçu en live, forcément le groupe joue son dernier disque. Et en version enregistrée, depuis « Souljacker », les oeuvres de E. ne m’inspiraient plus des masses... jusqu’au récent « Tomorrow Morning » qui avec son côté plus bricolo, ses boucles, ramenait aux sons et à l’esprit de « Beautiful Freak » , parfois un peu trop d’ailleurs (spectacular girl) mais bon ça fait plaisir de retrouver E. un peu plus en verve.

Et donc les reviews de cette tournée disait qu’E. jouait avec un groupe cool qui envoie du bon gros rock et que la setlist balayait un peu tous les albums...

Yippie !

Carton rouge bouillant pour le Bataclan

En arrivant assez tard au Bataclan (euh à l’heure indiquée sur le billet en fait, soit 1h trop tard quand il y a du fan motivé) pour ce deuxième concert parisien de Eels qui affiche complet, je m’attendais à lutter pour avoir une petite place devant et en fait absolument pas, le fan motivé a sûrement du faire le premier concert et indeed j’ai déjà vu des publics bien plus enthousiastes pour Eels ; mais bon ça finira par se remplir et par se bouger, un peu. Jusqu’à qu’on crève tous de chaud.

Et là je me permets une petite digression : au prix (cher) des places de concert et sachant que ce phénomène est systématique depuis des années, on se dit que la direction du Bataclan pourrait s’en mettre un peu moins dans les poches et investir dans un système de climatisation quelconque pour accueillir le public mais aussi les groupes décemment !

Burlesque

En guise d’ amuse-gueules (c’est en tout cas la formule plutôt bien trouvée de mes voisins), on a droit à un mini spectable de (New) Burlesque délivré par deux charmantes jeunes filles. Le public n’a pas l’air de connaître (à vrai dire sans l’excellent film de Mathieu Almaric, Tournée, moi non plus) mais c’est pas plus mal, on échappe au grivois.

Vient ensuite une excellente première partie de Jesca Hoop qu’on aime beaucoup sur Le Cargo ! et qui fera un très bon set malgré un brouhaha pénible. Puis c’est une longue attente, un peu étrange quand tout le plateau de Eels est sur scène depuis le début. Le staff réaccorde les instruments, tripote les lights, réaccorde, teste, réaccorde, tripote les lights etc.. finalement le groupe débarque élégamment vêtu et barbu.

Grandaddies

On avait coutume de parler des barbus de Grandaddy alors qu’ils étaient deux dans le groupe à en avoir une, plutôt modeste d’ailleurs. Petits joueurs... E. et les musiciens qui l’accompagnent ont tous une barbe bien développée voir luxuriante, voir zz-topienne dans le cas de E. et puis surtout ils envoient effectivement du gros rock.

En plus de E. qui ne joue plus que sur ses Danelectro (guitares cheap mais au look vintage délicieux et surtout dotées d’un son cristallin inimitable qu’on entend parfois sur les disques de Eels ... forcément) et se concentre en fait essentiellement sur le chant, il y a deux très bons guitaristes dont un lead pas avare de petits solis bien sentis, une section rythmique... au poil (hum désolé fallait la faire une fois au moins :), le batteur étant le seul parmi tous ses tueurs à faire quelques pains audibles par ci par là, mais rien de méchant, et enfin une section cuivres assurée par un duo de barbus. Les cuivres c’est souvent une idée dangereuse dans le rock, dans le cas de Eels, je trouve que ça a le mérite de pas être chiant comme la version "with strings" (visible sur le DVD Live At Town Hall).

Garage

E. a l’habitude de changer de musiciens presque à chaque tournée, mais de toutes celles qu’on a connues, cette formation est l’une des meilleures en terme de cohérence musicale : on a l’impression de voir un groupe qui joue ensemble pas des accompagnateurs uniquement. Il y a un esprit très rock garage, pas nouveau chez Eels, mais ici parfaitement adapté aux musiciens. Et puis les réorchestrations des morceaux avec les cuivres fonctionnent très bien, on est même surpris de voir à quel point l’énième version de « Novocaine For The Soul » arrive encore à nous titiller et n’être pas juste un classique qu’on chante en coeur (enfin c’est ce qu’on fait quand même). Parfois ça vire un peu "big rock" qui essaie d’en mettre un peu trop plein la vue mais c’est plutôt sur du répertoire récent un peu faiblard de base.

On est aussi content du très bon son de ce soir, malgré les nombreux musiciens, on entend distinctement ce que jouent les 3 guitares (en soit c’est déjà un exploit par rapport à beaucoup de concerts) mais la voix n’a jamais de problèmes à passer au dessus et les cuivres sont présents comme il faut pour que ça reste un concert de rock’n’roll.

Entre deux E.

Et comme on parle de la voix, la prestation de E. est comme toujours très bonne et le bonhomme est carrément en forme ce soir, s’agitant beaucoup, il va chercher souvent le contact avec ses musiciens et avec le public... sauf qu’en fait ça se limite à quelques invectives, un "yeah" de temps en temps et des remarques sur la chaleur. Comme les morceaux s’enchainent très vite et que les versions jouées sont quasiment toujours en mode à fond à fond à fond, on a un tout petit regret qu’il n’y ait pas quelques breaks dans le concert, des moments où E. ressortirait son wurlitzer ou un piano pour quelque chose d’un peu plus mid-tempo, d’un peu plus intimiste.

... Mais en même temps, on est content de le voir comme ça, une grande partie de la discographie de Eels est le récit des épreuves et des cicatrices de E., on l’a vu sur scène dans un trip complètement autiste, on l’a vu en colère parfois mais jamais il ne nous a déçu pour autant. Alors on se dit aussi qu’il mérite bien d’être heureux et que c’est déjà très bien un concert à fond les ballons où la tête bouge en rythme et où on prend du plaisir à voir les musiciens prendre du plaisir, à entendre des vieux morceaux comme « Climbing Up To The Moon » un peu plus électrique mais dont l’âme est bien respectée ou une excellente version de « P.S. You Rock My World  » ). Tant pis pour les morceaux récents qui laissent un peu froid, tant pis pour les 4 minutes de larsens mythiques d’il y a 15 ans, tant pis pour ce que la douleur pouvait avoir d’artistique et de saisissant chez E.

Peu de groupes offrent autant de choses sur scène, autant de ... temps de jeu aussi (même si deux rappels c’est peu pour Eels, vu la chaleur on a pas insisté plus...) alors on laisse de côté ses petits regrets et on dit juste merci à ce grand monsieur et ses musiciens (de taille variable) pour cette superbe soirée !

N.B. : Nous avons aussi des photos du concert de Eels au Bataclan le 05/07/2011 !

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publié par le 09/07/11
Derniers commentaires
jo - le 09/07/11 à 21:28
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the show was amazing

does anybody have the setlist ?

jo

Xavier - le 17/07/11 à 17:12
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super report, et très bonnes photos...
mais pourquoi ce con ne passe plus qu’à Paris ?

Xavier - le 17/07/11 à 17:13
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bon je l’ai vu à Aix, mais en festival c’est bien trop court...

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