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publié par vinciane le 09/11/05
Drunk Dog -- Le Gentil Label -
Drunk Dog — Le Gentil Label

parce que sur cargo, quand on aime on le dit. et si l’on aime particulièrement à vanter les autoproductions ou les petites productions, il ne faut pas oublier que dans la chaîne il y a parfois un maillon qui nous touche. un acteur dont la présence mérite d’être relevée. c’est pourquoi le cargo vous présente aujourd’hui un petit label et non ses productions. parce qu’encourager une initiative appréciée est une évidence autant qu’un plaisir.

drunk dog un label qui vous veut du bien, drunk dog un label qui a du chien : on pourrait toutes vous les faire (d’ailleurs on les fait tout de suite histoire d’être débarrassés), mais on se limitera à : drunk dog un label gentil. un microlabel parisien qui a non seulement tout pour plaire - un catalogue à tomber, un manager à croquer - mais qui en plus se pare d’une modestie à la mesure du trésor qu’il abrite : immense.

patientez au lichi

né en 2002 à l’initiative de xavier simon, drunk dog n’a pas de destinée toute tracée. et on a beau essayer d’aborder la question par tous les bouts avec son fondateur, non, vraiment aucune prétention de départ, aucun rêve de démesure, de succès planétaire, de pluie de biffetons et d’orgies de filles. rien. que dalle. juste l’idée d’un inconnu des milieux qui a décidé de monter sa structure tout comme il aurait pu projeter d’ouvrir un magasin de chaussettes ou de devenir représentant en aspirateurs. pas de vocation apparente, pas de passion dévorante. juste l’idée de monter une structure. et à la question « et pourquoi pas plutôt un webzine, une agence de booking ou une structure de distribution » juste répondre « pourquoi pas un label ». oui, pourquoi pas après tout ? peut-être parce qu’on se dit en regardant ledit xavier qu’il n’a rien des pitbulls et autres rotweillers qui stigmatisent trop souvent le secteur. que son petit chien a beau être ivre dès le berceau (pourquoi d’ailleurs, le cargo en a même oublié de le demander), on a du mal à comprendre pourquoi il a eu l’idée de se jeter dans la fosse aux lions (on change de catégorie, vous voyez). « pourquoi pas », c’est qu’il en faut aussi. oui parfaitement. et tant mieux pour nous, en fait.

le flair (inratable, on sait)

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en 2002 commence alors l’aventure. comment demanderez-vous ? la question est surtout naturelle lorsque l’on sait la bombe qu’a été le premier album des normands de porcelain dans le paysage rock français. (rappelez-vous, le cargo y était). on se dit que quitte à y mettre ses propres billes, son temps libre et son énergie, monsieur drunk dog a dû passer du temps, réfléchir intensément et prendre mille précautions avant de se lancer dans sa première signature. que nenni. et nous allons de surprise en surprise. porcelain demandez-vous ? « eh bien, en fait, je connaissais quelqu’un qui les connaissait et qui, quand il a su que je montais une structure m"a dit "tiens, je connais un groupe qui cherche un label tu pourrais écouter si tu veux" ». là, vous vous dites, que, forcément, c’est parce qu’il avait compris que c’était une pépite qu’il a signé d’emblée. que nenni (bis). ça lui a plu, et puis, on-vous-l’a-déjà-dit- drunk dog est un label gentil, alors on ne peut pas dire non. surtout à un ami. et voilà l’aventure drunk dog bien plutôt bien embarquée, avec un premier album plus que remarqué. le petit chien essuie les plâtres et fourbit ses armes avec ce premier disque, et cela en même temps que les tout jeunes porcelain. tout naturellement, le succès répond à l’application. distribution chez les petits disquaires et même chez les plus grands. un show case par-ci, une chronique dans un zine par là. un distributeur aujourd’hui, un concert demain. dans la bataille, le petit chien perd des plumes (si, je vous jure), victime en bout de chaîne d’un système où la fragilité des petites structures est trop souvent fatale malgré leur volontarisme initial. forcément, ça fait mal, direz-vous, alors, forcément on ne l’y reprendra pas. que nenni. on vous a déjà dit qu’il était gentil, mais en plus il n’est pas revanchard. on irait même jusqu’à dire qu’il est philosophe. snoopy ? oui, en quelque sorte. sauf qu’en réalité, le drunk dog, il fait son bonhomme de chemin.

la récidive

en 2003, whopper takes & mistakes, en 2005 hitchcockgohome ...yes you’re dead !, SZ home & live recording et porcelain me and my famous lover. au milieu de ça le nouveau distributeur est dissout pour des raisons beaucoup moins tolérables que le premier, le petit chien y laisse à nouveau des billes mais essayez donc de lui faire dire qu’il est amer, qu’il en veut à la terre entière et à la maison mère du distributeur en particulier, essayez même de lui faire cracher des noms ou même des noms d’oiseaux. que nenni. rien. il est gen-til on vous dit. pas forcément prêt à se faire avoir à tous les coins de rue hein. juste qu’il sait la part de chance et de malchance du milieu. la part de risque. bien sûr, il aimerait que ça ne se reproduise plus. bien sûr il aimerait pouvoir récupérer sa mise et un peu plus, pour la suivante. mais la motivation est surtout de faire vivre ses ouailles. faire partager la musique, donner une chance aux groupes qu’il a signés. fausse modestie, penserez-vous vite. non point. et tout cela avec un tel naturel, une telle sincérité qu’on se demande pourquoi on ne le proposerait pas aux programmes de clonage. parce que la plus grosse pépite du label, c’est peut-être bien lui finalement. non seulement il est un véritable dénicheur de talents et on l’en remercie vraiment, mais aussi et surtout son mécénat a des airs de sacro-sainteté. oui à la canonisation du petit chien ivre.

oui mais drunk dog c’est quoi ?

drunk dog c’est du cargoiquement correct. les matelots lui font confiance les yeux fermés et le petit chien le leur rend bien. porcelain et son rock brumeux, hitchcockgohome et son post-rock à banjo, sz et son post-rock diaphane. ce chien ne flaire que talents et choie ses trouvailles. packagings ultra soignés, éditions limitées, boitiers pliés au fer à repasser, certains imprimés au tampon. des objets de collection. et fort des talents de graphiste de son maître, le doggy produit aussi flyers et autres cartes à collectionner comme autants de trésors d’imagination qui parfont l’univers du label. et puisque les bonnes idées ne viennent jamais seules, puisqu’un succès en appelle un autre (souhaitons le lui), le chien a décidé de vous faire partager ce qu’il a déniché. à présent, le site web du label propose d’un côté le catalogue de ses artistes - avec écoute intégrale des disques disponible s’il vous plaît - de l’autre un petit magasin en ligne proposant à prix d’ami quelques productions peu distribuées ou des autoproductions mises en avant. une jolie initiative de plus.

so what ?

si avec tout cela vous ne vous êtes pas encore précipités pour écouter les disques et pour acheter votre place de concert pour la soirée spéciale drunk dog au nouveau casino (samedi 12 novembre), alors reprenez du début. des initiatives, des catalogues d’artistes comme ça, on en aimerait à la pelle. de l’enthousiasme et un brin de soutien. finalement c’est peu demander au regard de tout ce qui est offert.

post-scriptum

sz : un duo qui se fend d’un admirable premier double album. pile le home recording, face le live. bien maline cette petite présentation qui donne en deux temps trois mouvements une bonne idée des performances des grenoblois, au post-rock délicieusement subtil.

hitchockgohome : un premier album talentueux sorti au printemps sur le label au petit chien, yes you’re dead... ! et qui marie des mélodies lorgnant vers le post-rock à un chant à deux voix teinté folk. on retiendra surtout le son singulier du banjo sur blank, les guitares syncopées de coward song, le très beau duo de end of me. on soulignera également le très bel univers graphique des grenoblois dont le multiinstrumentiste de chanteur est également l’auteur. un petit personnage tout torturé, rappelant nécessairement un cary grant dans une scène d’anthologie, une harmonie graphique entre rouge, pourpre et grège couleurs de la puissance et de la séduction tout à l’image de leur musique.

porcelain : rien de moins que l’album de l’année 2002, ce i’ve got a really important thing to do, aux mélodies changeantes, à la douceur trompeuse, à la puissance évidente. trois ans d’attente et le quatuor est revenu en 2005, légèrement remanié (un nouveau batteur) mais toujours aussi volontaire. une boule d’énergie et de subtilité.

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publié par le 09/11/05