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publié par Mickaël Adamadorassy le 16/12/11
Death Cab For Cutie
- Codes And Keys
Codes And Keys

erreur de casting

A chaque fois que Death Cab For Cutie sort un album depuis Transatlanticism ( c’était en 2003), il y a ce petit moment d’appréhension et d’espoir, où je me demande si j’ai entre mes mains le digne successeur de ce qui est pour moi un album aussi mythique et fondateur que le Sophtware Slump de Grandaddy ou le Ok Computer de Radiohead, autant pour la qualité des mélodies que pour les paroles de Ben Gibbard. Le signe qui ne trompe pas, on est en 2011 et il m’arrive encore de redécouvrir une chanson de ce disque et de l’écouter compulsivement (en ce moment c’est le titre éponyme).

Et là vous vous demandez peut-être si vous êtes en train de lire la chronique de Transatlanticism à la place de celle de Codes & Keys, mais non tout va bien, c’est juste que je peux peut être vous éviter le piège dans lequel j’étais tombé depuis Plans, qui est d’écouter la dernière livraison de Death Cab en s’attendant à "aussi bien que" Transatlanticism, car c’est se condamner à être déçu.

d’autres directions

Parce que la frontière est mince entre "aussi bien que" et "comme", et clairement on aura certainement plus de disque "comme" Transatlanticism, le groupe a évolué dans une autre direction, c’est évident dans la musique, les guitares sont toujours là mais beaucoup moins présentes sur la plupart des morceaux.

En fait l’élément central dans DCFC semble maintenant être le basse-batterie, sur lequel vient se poser la voix, pas mal bidouillée avec du sampling et du delay sur ce nouvel album, les autres instruments arrivent progressivement, comme des textures, des coups de pinceaux supplémentaires sur un canevas déjà établi, il s’agit pour beaucoup de claviers (piano et très jolies cordes sur « Codes and Keys » la chanson, et des guitares en son clair qui égrènent des arpèges ou des sons plus distordus et filtrés mais mixés bas, on est loin de morceaux de bravoure comme « We Looked Like Giants », du côté presque épique de « The New Year » ou d’un « Tiny Vessels » qui monte en puissance alors qu’on ne s’y attendait plus.

Se souvenir des belles choses

Mais il faut absolument mettre ce genre de considérations de côté et ne pas trop se poser des questions du genre "mais c’est quoi ces paroles Ben ? sérieusement “Fire grows higher” ??? tu es le mec qui a écrit la plus belle chanson du monde sur le contenu de ta boite à gants et “Fire grows higher” ????", accepter la beauté toute simple de « You are a tourist » et son petit riff de guitare à la Cold War Kids qui fait mouche, remplacer dans sa tête le côté émouvant que Ben mettait dans chaque vers par ses expérimentations finalement plutôt cool avec le delay, les façons différentes de placer son chant qu’il essaie.

Et puis il y a bien sûr « Underneath The Sycamore » qui illustre très bien ce que je disais sur le basse-batterie mais bon dieu quand il sonne comme ça on en redemande et puis chaque élément introduit sublime le morceau, il y a cet accord tout simple que la Rickenbacker égrène qui vous met le cœur à vif, le piano tout simple dans le fond qui fait des merveilles, les cordes invoquées avec parcimonie, tout est parfait dans ce morceau, tellement parfait que généralement je l’écoute trois fois d’affilée avant d’être rassasié.

Upbeat

Le reste de l’album n’est pas tout à fait du même niveau mais il y a quand même de très bonnes choses : « Home is a fire » en ouverture de l’album pour la beauté des arrangements, cette façon particulière d’être à la fois planante et d’imposer un tempo quasi hystérique, « Code and Keys » pour le son de cordes du clavier et le chant très habité de Ben, « Doors wide and open »et sa longue introduction instrumentale qui prend son temps (et on aime quand Death Cab prend son temps), c’est un peu le « I Will Possess Your Heart » du disque mais là encore on échange un peu de planant contre un rythme plus soutenu posé par une batterie qui joue simple mais ne laisse aucun répit (quitte à se demander parfois s’il s’agit de programmations ou de vraies batteries).

Let down

Si on en restait à ça, la conclusion logique de l’article serait de dire que Codes & Keys est un très bon disque, pas mythique mais très bon... Malheureusement il y a aussi des morceaux moyens (« St. Peter’s Cathedral » bien poussive tout comme « Some Boys ») et quelques morceaux vraiment pas terribles qui ternissent un peu le bilan : « Portable Television », « Stay Young, Go Dancing », deux ballades respectivement au piano et à la guitare, un peu arrangées mais c’est essentiellement Ben Gibbard qui joue dessus et on se dit qu’il aurait mieux fait de les garder pour un album solo, surtout Stay Young, qui gâche complètement la fin de l’album avec sa folk poussive.

Retour en grâce

Alors au final Code & Keys ne sera "que" un bon album, le genre dont on zappe quelques pistes pour mieux apprécier les bons titres, qui sont eux pour le coup d’un niveau qui nous rappelle pourquoi on est tombé amoureux de ce groupe à la base et nous redonne l’envie de les suivre à nouveau, ce qui nous était un peu passé depuis deux albums.

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publié par le 16/12/11