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publié par Mickaël Adamadorassy le 05/08/22
Chicago May
- Minuit Le Vertige
Minuit Le Vertige

« Mes nuits sont plus belles que vos jours » ... on n’a jamais vu le film (ou lu le livre) mais en tant que citoyen de la nuit, cette phrase résonne pour nous. Et elle s’applique plutôt bien au nouvel EP de Chicago May, Minuit Le Vertige : le monde à l’intérieur, les mots qui rêvent et qui attendent, la musique tout en délicatesse, ce "mini-vers" de Chicago May, sans aucun doute il est plus beau que nos jours. Et on a la chance d’y être conviés le temps des quatre chansons.

"Invités" est justement le nom du morceau d’ouverture, un moment en apesanteur, d’une infinie douceur, construit autour d’un motif d’un piano dont les marteaux semblent avoir été recouverts d’un petit coussin pour en adoucir les attaques. Les arrangements se déploient discrètement en strates successives : accords de guitare électrique égrenés délicatement puis les cordes et les cuivres, imprégnés d’une forme de mélancolie, de nostalgie qui transparait aussi dans la voix et le texte en français, tous les deux dosent de manière très juste ce qui est dévoilé et ce qui reste en suspens.

"Regarde le ciel" sans sortir de l’atmosphère installée par "Invités" propose d’emblée une configuration plus pop-rock : rythmique à la guitare acoustique, arpèges électriques et surtout une batterie bien présente alors qu’elle se limitait à un charley pour marquer le rythme sur la précédente. L’approche est aussi plus "cash" dans le texte : « Dans ce royaume où tu me hantes, nous rêvons, nous frôlons » et surement ma phrase préférée du disque, celle qui résume très bien les émotions qu’il procure : « La petite mort des gens malheureux / je t’assure que l’on s’en sort / Regarde le ciel, fais un voeu, pour nous deux »

"Noir écran" confirme l’intention "cinématographique" que l’on sentait dès le départ mais c’est aussi le morceau le plus ambitieux en termes de composition : il commence comme une ballade guitare-voix avec une mélodie de piano un peu dissonante, noyée dans l’arrière-plan mais il va lentement vers un climax construit autour de boucles de voix qui se démultiplient et se mélangent. C’est à la fois très bien pensé musicalement et surtout cette utilisation originale des boucles est totalement au service de l’émotion.

"Animal Totem" clôture le disque sur une note plutôt optimiste, on adhère totalement à la proposition musicale, en particulier l’écriture de la batterie qui colle au thème mais apporte aussi quelque chose de radicalement différent dans cet univers très cosy, qui vient le secouer sans le dénaturer. On est un peu moins sensible à la thématique de l’animal-totem mais ça n’empêche pas d’apprécier la chanson.

Voilà on est arrivé au bout d’un monde, on ne regrette pas d’avoir accepté l’invitation, le voyage était à la hauteur de la promesse : l’écriture, la voix, la production, les très jolis dessins, tout dans Minuit Le Vertige contribue à nous emmener ailleurs le temps de quatre chansons. Un ailleurs qui finalement n’est peut-être pas plus beau que nos jours, vu qu’il en fera désormais partie.

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publié par le 05/08/22
Informations

Sortie : 2022
Label : Autoproduit

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