On a découvert Marion Rampal en filmant la session d’Anne Paceo, où elle faisait les chœurs. Avec une aussi belle voix, on se doutait qu’elle devait aussi avoir son propre projet mais en creusant le sujet, on découvre une artiste déjà reconnue dans le milieu jazz, avec quantité de collaborations prestigieuses, une pointure même : elle a gagné en 2022 la victoire jazz du meilleur artiste vocal. Ce qui est impressionnant et un poil intimidant aussi quand on ne connait pas grand chose au jazz mais cette inquiétude est vite dissipée en écoutant son album d’alors "Tissé" : si Marion Rampal vient du jazz, elle explore à l’envie de nombreux territoires : folk, chanson, blues, en français ou en anglais, couleurs rétro ou très actuelles. Tout ce bagage musical se mélange dans des chansons sophistiquées mais limpides, aériennes portées par une voix capable de notes magnifiques mais qui ne se repose jamais dans la technique mais se met service du texte, des ambiances.
Et ce soir nous avons enfin l’occasion de voir Marion Rampal sur scène : pour la sortie de son nouvel album Oizel , la chanteuse nous avait donné rendez-vous au Café de la Danse. On peut dire que ce sixième disque continue le sillon tracé par l’opus précédent (qui se finissait d’ailleurspar un titre appelé "Still A Bird) : des chansons finement ciselées, toujours variées dans les approches musicales mais cette fois-ci entièrement en écrit français, avec deux superbes duos, l’un avec Bertrand Belin et l’autre avec Laura Cahen, qui viendra jouer deux titres ce soir.
Marion est accompagnée par Matthis Pascaud à la guitare, Raphael Chassin à la batterie et Simon Tailleu à a la contrebasse, installé en cercle autour de la chanteuse, sur la scène intimiste du Café. De grands panneaux métallique percés de stries horizontales irrégulières (comme si Wolverine avait testé ses griffes en adamantium dessus) sont disposées derrière eux et crée une multitude de rayons lumineux au gré des éclairages qui les traversent. Ceux-ci sont généralement quand même sobres, ce qui attire d’autant plus l’œil sur l’orange intense de la chemise d’une Marion. Une maitresse de cérémonie très élégante et à l’aise dans son rôle, elle n’hésite pas à esquisser quelques pas de danse de temps en autre, quand elle n’officie pas au micro : les arrangements des chansons laisse une large place aussi à l’instrumentation pour s’exprimer, à commencer par la guitare de Matthis, que joue tout autant des notes que des textures, de la dynamique de jeu. La contrebasse et la batterie ont d’abord leur rôle de section rythmique, parfaitement remplie mais elles ont aussi des occasions de montrer un feeling et une énergie un peu différente de ce qu’on entend chez les musiciens 100% rock.
Quand à Marion, on serait presque embêté : il n’y a rien à critiquer, que ce soit la technique, la beauté de la voix, chaque note jusque comme il faut, une interprétation qui colle avec le texte, l’osmose avec les musiciens. On se laisse complètement emporté dans son univers, d’autant plus que le charisme, la capacité à incarner sa musique, à captiver le public à travers le geste et le regard est là.
Pour le rappel, après une heure et quelques en apesanteur, alors qu’on compensait se dire au revoir tranquillement, Oriane Lacaille qui assurait la première partie et Laura Cahen rejoignent Marion pour un dernier titre à trois voix qui est d’une beauté à couper le souffle, un feu d’artifice émotionnel en climax d’un très beau concert.