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publié par Emmanuelle Nemoz le 20/09/23
Guitare en Scène 2023 - Stade des Burgondes, Saint-Julien-en-Genevois - 20-23/07/2023

La vie de directeur de festival n’est jamais un long fleuve tranquille mais, cette année, Jacques Falda, fondateur de Guitare en Scène, a dû faire face à un véritable parcours d’obstacles pour mener à bien cette 16ème édition du "plus grand des petits festivals".

Tout d’abord, il a fallu changer les dates du festival pour pouvoir accueillir une tête d’affiche qui s’est finalement désistée (non non, on ne dira pas de qui il s’agit !). Résultat des courses : Guitare en Scène se retrouve en même temps que Paleo, l’énorme événement de la Suisse voisine, qui va drainer une bonne partie de ses spectateurs, et il va s’avérer difficile de trouver au débotté une autre tête d’affiche disponible le vendredi 21 juillet, soirée qui habituellement fait le plein de festivaliers. Il se chuchote qu’un autre groupe phare avait accepté de venir, avant de céder aux sirènes d’un promoteur ayant surenchéri sur le cachet...

Ensuite c’est Journey, également programmé ce fameux vendredi soir, qui annule sa tournée européenne un mois avant le festival puis, pour couronner le tout, le tour bus de Ko Ko Mo, qui devait clore cette soirée, qui prend feu la veille, réduisant en cendres les instruments et affaires personnelles du groupe, lequel devra donc être remplacé du jour au lendemain.

Si l’on ajoute les travaux dans la ville de Saint-Julien-en-Genevois, qui compliquent l’accès au stade des Burgondes et limitent les possibilités de parking, et un groupe électrogène qui rend l’âme une heure avant l’ouverture des portes le premier soir, obligeant les festivaliers à attendre jusqu’à deux heures en plein soleil et créant d’emblée un manque à gagner important pour le festival (qui gère les bars) et les food trucks, on ne peut que faire un énorme big up à l’organisation qui, malgré tous ces contretemps, a tenu fermement la barre et réussi à offrir aux festivaliers une édition digne de sa réputation, sous le parrainage du légendaire Francis "Tonton" Zégut.

Le guitar hero Joe Bonamassa était ainsi en grande forme pour la soirée d’ouverture, délivrant son blues-rock de haute volée avec une facilité et une décontraction impressionnante, et régalant le public d’un duo avec Eric Gales, dont il a produit le dernier album, sur "I Feel Like Breaking Up Somebody’s Home Tonight ", avant que ce dernier n’enflamme la scène Village pour clore ce premier jour en beauté avec son propre set.

La soul music et les voix féminines étaient également à l’honneur ce jeudi soir avec Joss Stone, qui revisitait tout feu, tout flamme, ses vingt ans de carrière, et Jeanette Berger, la première des quatre finalistes du Tremplin Guitare en Scène, dont le set incandescent a laissé les festivaliers bouche bée.

Mention spéciale enfin pour One Rusty Band, finaliste du tremplin 2022 dont la prestation avait retenu l’attention des organisateurs qui les ont programmé pour ponctuer les soirées de leur riffs de blues et de leur tap dance acrobatique irrésistibles entre deux concerts, et qui ont spontanément été jouer pour les festivaliers attendant patiemment le retour de l’électricité et l’ouverture des portes.

Le lendemain c’était place au hard rock, avec des habitués du festival toujours partant pour venir y jammer : le jeune génération représentée par Dino Jelusick et son groupe (dont Ivan Keller à la guitare et Mario Lepoglavec à la batterie), et les vieux briscards Joel Hoekstra (guitare), Marco Mendoza (basse) et Michele Luppi (claviers et voix), que les jeunes loups rejoindront sur scène pour former le GES All Star Band (enchaînant donc deux sets sans sourciller !), soit un avatar de Whitesnake, groupe dans lequel ils ont tous joué à un moment ou un autre de leur carrière et qui fournira une bonne partie des morceaux joués ce soir-là. Tous les gimmicks scéniques du hard rock et heavy metal sont là pour le plus grand plaisir des amateurs du genre - les autres seront un peu lassé par ces 4 heures de gros son dans le même style.

Pour terminer la soirée, les remplaçants au pied levé de Ko Ko Mo, Dätcha Mandala, se sont mis au diapason en privilégiant les morceaux hard rock plutôt que psychédéliques de leur répertoire et ont remporté le défi haut la main.

Changement d’ambiance samedi : Guitare en Scène affiche complet depuis l’annonce de la tête d’affiche, qui y revient pour la 3ème fois, Sting. On se réjouissait de le retrouver tel qu’en lui-même, sans Shaggy et les arrangements façon reggae dénaturé qui avaient déconcerté beaucoup de ses afficionados en 2018, et on n’a pas été déçu : avec cette tournée "My Songs" Sting se recentre sur son travail d’auteur-compositeur, avec une vingtaine de morceaux couvrant sa carrière depuis les hits de The Police jusqu’à ses plus récents albums (3 titres sont issus de The Bridge, sorti en 2021). Un show calibré qui ne laisse pas place aux surprises, certes, mais la qualité des compositions, le voix iconique de Sting, les arrangements épurés et les musiciens de haut vol qui l’accompagnent en font un réel succès.

Juste avant, Vintage Trouble avait bien chauffé le public avec son rhythm’n’blues et les contorsions scéniques de son chanteur Ty Taylor, mais c’est surtout après Sting que la soirée a explosé dans un maëlstrom de groove ultra funky, d’énergie vibrante et de couleurs pétantes, avec Nik West. La bassiste s’est entourée de musiciens de son acabit, et leur niveau de jeu n’a d’égal que leur plaisir manifeste à jouer ensemble et partager leur musique avec le public. Virtuosité et générosité, c’est le ticket gagnant qui fera de ce concert un moment mémorable du festival. Ty Taylor ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui a passé tout le set à danser comme un fou dans le crash avec les photographes !

Une excellente soirée, donc, qui avait commencé avec Damantra : rock tendance psychédélique à la Led Zep, thérémine, présence scénique de la chanteuse Mélanie comme des autres musiciens, morceaux bien ciselés, tout y est pour conquérir le public malgré une chaleur accablante et le groupe sera désigné vainqueur du Tremplin 2023. Une découverte à suivre !

Dimanche, en clôture du festival, c’est la soirée prog-rock, avec trois groupes très différents : Wishbone Ash, archétype du genre fondé en 1969 et qui a influencé beaucoup d’autres formations, déroule avec un plaisir manifeste et une énergie toujours présente ses harmonies à deux guitares sous un soleil de plomb, puis le légendaire Magma célèbre sa grand messe sous le chapiteau (les fans sont hypnotisés, les autres en profitent pour aller dîner, la musique du groupe étant toujours aussi clivante !) et, enfin, les récemment re-formés Porcupine Tree offrent une prestation glaciale et glaçante dénonçant l’autodestruction de la race humaine.

Tiens, le groupe est venu sans son bassiste, absent pour raisons personnelles et remplacé par des bandes pré-enregistrées...cette édition de Guitare en Scène qui en a déjà connu beaucoup se terminera donc sur un ultime contretemps, mais le risque de tempête orageuse signalé en début de soirée ne se réalisera pas et, au final, les festivaliers auront pu profiter pleinement de ces quatre jours de célébration de la six-cordes.

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