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publié par Mélanie Fazi le 28/09/13
Arlt - Cirque Électrique, Paris - 27/09/2013

Arlt, c’est finalement tout l’inverse de ces groupes pour lesquels on s’emballe d’abord et dont on se lasse au fil des écoutes et des concerts. Une fois apprivoisée leur musique si peu ordinaire, on n’en finit plus de revenir se perdre dans les méandres de Feu la figure et de La Langue et d’y redécouvrir des choses qui nous avaient échappé. De la même manière, leurs concerts se suivent sans se ressembler, situés presque chaque fois dans des lieux qui sortent de l’ordinaire. Celui de ce soir n’était pas le plus improbable que nous ayons vu jusqu’ici, mais c’était certainement l’un des plus beaux. Il faut dire que nous étions particulièrement disposés à l’apprécier, étant encore sous le coup de l’euphorie quelques heures après la session que le groupe nous avait accordée sur cette même scène, nous dévoilant par la même occasion de splendides nouveaux morceaux.

Le décor insolite du Cirque électrique contribuait beaucoup à l’ambiance chaleureuse et intimiste de la soirée. Sous le chapiteau, un public enthousiaste et connaisseur remplissait les gradins qui entouraient la scène un peu en retrait. Il y eut ce soir des moments de sérénité (« Château d’eau ») et de folie (le crescendo furieux de « Chien mort, mi amor ») – parfois à l’intérieur d’un même morceau –, des « chansons pornographiques avec des cétacés » (« Le Ventre de la baleine » aux ruptures de ton toujours aussi envoûtantes), des rhinocéros et des pistolets, des flûtes figurant des oiseaux tombant du ciel, des voix enchevêtrées, des moments qui vous cueillaient aux tripes. Un en particulier, auquel une lumière rouge tamisée conférait une atmosphère quasi religieuse : une version sublime de « Je voudrais être mariée » où Sing Sing et Mocke se livraient à un duel de guitares tandis qu’Eloïse Decazes égrenait d’une voix claire la complainte de la belle qui voudrait tant ne plus aller aux champs. Un concert après l’autre, on retrouve intact le pouvoir de fascination de ces chansons à tiroirs et double fond que leur jeu de scène habité parvient régulièrement à magnifier.

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