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publié par tairanteuh le 12/02/03
april march
- triggers
triggers

yé yé

belle couverture médiatique pour le retour de la demoiselle sur tricatel, couverture de rock’n’folk et moult chroniques élogieuses. il n’en fallait pas moins pour me gaver d’à priori négatifs, étant donné les déceptions successives à l’écoute des artistes en couverture de magazine ces derniers mois et mon ignorance sur les précédents ouvrages d’elinore blake, chominance decoder qui l’avait révélée ici en 1999 n’ayant pas été distribué au burkina faso. alors april march, nouvelle hype ? avec scepticisme je pose triggers délicatement sur la platine et "résumé", instrumental de 46 secondes m’embarque dans l’album. ce premier titre est une sorte de pot pourri de l’album, assez anodin, mise en bouche qui n’agguiche pas plus que cela. on retrouve les effets électros qu’affectionne burgalat, effets qui parfois font mouches et d’autres fois sont juste moches (à l’image du premier album inégal mais réjouissant du sieur burgalat). pas le temps de déglutir que l’on passe au second morceau, "la nuit est là", taillé dans la même roche, pop electro à relents yé yé avec la voix d’april march qui s’installe dans un accent franglais amusant. ce n’est pas le titre qui incite à aller plus loin non plus, un peu naïf mais également creux.

charme

ce début délicat se fait vite oublier avec un accrocheur "up above" à la production admirable. ça évoque stereolab mais la comparaison est-elle judicieuse ? le charme de triggers opère alors peu à peu : "coral bracelet", joli morceau à la basse ronde est suivi d’un "life of a party" très easy listening, nappes de synthés et effets cheaps rappellent le air du début avec un côté egayé, décomplexé. une perle où burgalat pose des idées brillantes toutes les 10 secondes. les quelques morceaux qui suivent sont plus calmes comme "le code rural" où le chant d’elinore rappelle à nouveau laetitia sadier, est titre sage soutenu par les choeurs de burgalat et ses arrangements très caractéristiques. april march toujours avec la même excellence nous réveille avec un "triggers" très classe, basse prenante, montées de cordes irrésistibles, choeurs rétro et parties de clavier mordantes... le morceau s’achève à peine que "there’s only madness" prend place, enchainement d’une logique confondante. et pour ne pas nous faire mentir, april march & burgalat signent encore une perle.

senteur

musique intemporelle, à la fois kitsch et très moderne, le genre d’album qui ne peut vieillir, étant déjà rétro par parti pris et qui se bonifiera certainement. les recettes de burgalat fonctionnent mieux au service des autres, et cette rencontre elinore blake / burgalat qui avait révélée quelques années auparavant tricatel se révèle l’alchimie parfaite. échange de paroles sur "que le soleil soit maudit" avant que l’on passe au morceau de bravoure de cet album "zero zero", le passage le plus irrésistible, titre qui n’est pas une mince affaire à décerner. la production de burgalat se fait plus aventureuse qu’ailleurs et s’étend jusqu’à l’épique dernière piste "necropolis", tout en mouvements de cordes, synthés, choeurs qui s’agitent à chaque seconde avec une rare vivacité et nous laissent sonnés voire frustrés de ne pas en avoir plus quand la paire se lachait enfin. triggers est une sorte de voyage sonore similaire à virgin suicides ou le récent cq, comme un flacon de parfum à la senteur d’une époque, un produit de luxe accessible pour une somme modique.

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publié par le 12/02/03
Derniers commentaires
Benoit - le 13/06/08 à 17:49

Cet album tout entier est un gros clin d’oeil à Melody Nelson : la basse qui rampe et qui se tortille, la guitare pincée, le jeu de batterie hyper sec et les choeurs éthérés de "The life of the party" qui sont comme ceux de "Cargo Culte", dont cette boutique tire son nom ; il fallait que ce soit dit !

Informations

Sortie : 2003
Label : tricatel