accueil > articles > cinéma > Appel ça comme tu

publié par Sfar le 06/07/07
Appel ça comme tu veux - Arnaud Michniak
Arnaud Michniak

Je filme, on se filme, j’sais pas pourquoi

En 2004, Arnaud Michniak intègre l’ESAV (l’école supérieure audiovisuelle de Toulouse), c’est ainsi que le projet collectif de journal audio (le brouillon) a pris un virage video pour donner naissance à ce qui est devenu appel ça comme tu veux. Il y a deux parties : une première qui filme plutôt le quotidien , la société telle qu’on la rencontre quand on sort un peu de chez soi avec ses cocasseries. L’argument proposé par Michniak est simple : « quatre jeunes gens volent une caméra à une famille de touristes japonais, filment leur vie et la société qui les entoure. ». Vont ainsi se succéder plein de moments dont on ne sait si la trame de chacun est vraiment écrite ou totalement improvisée . Moments volés, rencontres, discutions hallucinantes, rencontre avec des stars (très très drôle d’ailleurs), des lieux étranges, un quotidien déjanté mais bien réél pourtant.

Il pleut du sable

La suite se présente plus comme un road movie , le second argument scénaristique proposé par Arnaud Michniak est le suivant « ces mêmes quatre jeunes gens fixent un mégaphone sur le toit d’une voiture et traverse le pays en slammant ce qui leur passe par la tête » La voiture roule, traverse la ville, part dans la campagne sur les autoroutes. On interpelle les gens, la société par des formules chocs, des vérités surréalistes, de l’humour à la Desproges, un délire continuel. Mais l’ensemble se tient, la fin ramène à la première partie : un long texte est lu par Arnaud Michniak sur fond de paysages, de visages des protagonistes. Le texte est fort, il parle des rancoeurs de l’enfance, de l’adolescence, ces choses qui se nourrissent en chacun de nous et qui font de nous les êtres que nous serons et la place que nous aurons dans cette société. Celle-là même qui est filmée tout au long du DVD, cette société qui ne nous correspond sans doute pas et où il est si difficile d’y trouver sa place.

Il parlait toujours tandis que le jour s’en allait

Avec un tel DVD on n’a pas envie de trop raconter, de tout expliquer. Il faut le découvrir et se faire sa propre idée, se l’approprier. Alors ces moments filmés peuvent dérouter, on se demande si on a à faire à du grand foutage de gueule ou quelque chose de beaucoup plus profond. Les 4 personnages sont vraiment attachants avec leurs tourments et leurs grandes interrogations sur ce qui se passe autour d’eux. Il y a bien sûr Fredo Roman (NonStop) un écorché vif du quotidien, Hugo Minsky, Den’s et Arnaud Michniak. Tous quatre sont épatants dans leur façon de « jouer », ou d’improviser des scènes. Et j’aime ces « boudi cons » qu’on entend , écouter M’sieur Cuvelier nous narrer de façon poignante ses malheurs ou les crises angoissantes de NonStop dans un ascenseur. Ce DVD, on le découvre une première fois, on le revoit avec un regard beaucoup plus attentif sur le fond en s’attachant moins à la forme décalée. J’ai souvent souri, ri aux éclats parfois, j’ai été mal à l’aise , j’ai trouvé des moments magnifiques, très touchants, d’autres grotesques mais tellement amusants. L’émotion est très forte lors des derniers plans : le texte lu et les images qui défilent ponctuent magnifiquement ces moments de délires du quotidien.

Dvd réalisé avec Mathieu Copeland à commander ici

Partager :

publié par le 06/07/07