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publié par Mickaël Adamadorassy le 26/01/12
Alcatraz - Saison 1 (Ep 01-03)
Saison 1 (Ep 01-03)

Ça se passe sur une île, il y a des disparus, un beau brun qui s’appelle Jack, des événements bizarres voir franchement surnaturels et des flashbacks qui vous éclairent sur les personnages. Vous me dites Lost ? Oui mais non, en 2012 : vous devez dire plutôt Alcatraz, la nouvelle série de JJ Abrams (en tant que créateur, réalisateur et/ou producteur, il a participé à Lost, Fringe, Alias, et au cinéma Cloverfield, le reboot de Star Trek et les deux derniers Mission:Impossible)

Les disparus

Le 21 mars 1963 la célèbre prison d’Alcatraz, celle dont personne ne s’échappe ( Michael Scofield n’était pas encore né ni tatoué), fermait ses portes officiellement parce qu’elle coûtait trop cher et que l’érosion était en train de venir à bout des installations. Tous les détenus furent transférés ailleurs et les locaux plus ou moins abandonnés. Mais bien sûr le gouvernement nous ment et ça ne s’est pas du tout passé comme ça.

Et donc Alcatraz (la série) commence au matin de cette dernière journée, alors que les détenus doivent être transférés , sauf que quand le bateau arrive, il n’y a plus personne, que ce soit les taulards, le personnel médical ou les gardiens de la prison qui habitaient sur place avec leurs familles. L’endroit est complètement vide.

La disparation inexplicable de centaines de dangereux criminels va être cachée par les autorités, les dossiers des détenus falsifiés et la prison fermée comme prévue.

Sauf qu’un homme n’a jamais oublié cette histoire, tout jeune gardien d’Alcatraz, Emerson Hauser est celui qui découvre la prison vide le matin du 21 mars et cette histoire ne va jamais le quitter.

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On fait un saut de 50 ans pour arriver en 2012, Alcatraz est devenue une attraction touristique mais sans qu’on sache trop comment, les détenus disparus commencent à “revenir”, au rythme d’environ 1 par épisode pour l’instant, dans le cas du premier il s’agit de Jack Sylvane, un brave type qui a eu le malheur de voler du pain au mauvais endroit (ce qui aux USA transforme un larcin mineur en crime fédéral) ... sortez les violons... parce que ce n’est que le début, le pauvre il cumule mais je vous laisse découvrir ça...

Ce qui est intéressant au delà du fait que ce soit plus facile pour le spectateur de s’attacher à un détenu qui est en fait un gentil (comme finalement presque tout le casting de Prison Break en dehors de T.Bag), c’est que ce personnage va prendre une trajectoire complètement inattendue et meurtrière, cassant rapidement cette image de gentil mais... pas complètement, ce qui crée de l’ambivalence et de la complexité.. et c’est plutôt salutaire pour Alcatraz où les autres personnages ont besoin d’être encore affinés, d’élargir le costume de leurs stéréotypes à des dimensions plus réelles.

Autre élément qui titille le spectateur, on voit apparaître en filigrane des influences extérieures qui semblent contrôler Jack et l’emploient comme un pion pour accomplir un dessein pour l’instant incompréhensible (là on pense très fortement au fameux Pattern qui constituait le fil rouge de la première saison de Fringe)

Blondie

Puisqu’on parle de Fringe, les ressemblances ne s’arrêtent pas là, les deux séries partagent aussi une héroïne blonde qui commence la série avec un “character design” vraiment léger : fille de flic qui devient flic parce qu’elle annotait les dossiers que son papa adoptif ramenait à la maison, partenaire mort en service et culpabilité hum, tout ça sonne un peu comme du déjà-vu. Mais quand on voit comment le personnage d’Olivia est parti de très bas dans Fringe et ce qu’elle est devenue, on se dit qu’on va laisser le temps à JJ de développer celui de Sarah et lui faire crédit en se disant qu’après tout elle a ma foi un fort beau profil !

Par contre, sa relation avec Soto (joué par Jorge Garcia aka Hugo dans Lost) et sa volonté de l’avoir pour partenaire défie un peu la logique : Soto c’est l’archétype du geek : il tient un magasin de comics, il en dessine aussi et surtout il est passionné par Alcatraz et a écrit plusieurs ouvrages à ce sujet. En tant qu’encyclopédie vivante connaissant l’histoire de chaque détenu, son personnage a un intérêt mais de là à devenir le partenaire d’une flic qui vient de perdre le sien alors qu’il est incapable de se défendre, ce n’est pas très cohérent, de même que l’attachement qu’elle développe envers lui en deux jours.. mais bon il faut bien établir l’équipe... tant pis pour les raccourcis peu crédibles...

Dans l’antre de la folie

Pour compléter ce duo de choc, on a Emerson Hauser évoqué plus haut (joué par Sam Neil, que vous connaissez sûrement comme le paléontologue dans Jurassic Park mais qui a derrière lui une longue carrière au cinéma avec quelques beaux rôles). Je vous avais dit qu’Alcatraz ne l’avait pas quitté, on peut même dire qu’il n’a pas quitté Alcatraz : de gardien rescapé, il se retrouve désormais à la tête d’une sorte de division spéciale du FBI plus ou moins officielle en charge de gérer le retour des détenus disparus et dont les locaux sont planqués dans ce qu’il reste d’Alcatraz.

S’il était "jeune" gardien en 1963, il semble qu’il aura eu le temps de devenir aussi dur et cruel que les autres mâtons de l’époque, et le temps n’a pas arrangé les choses, Emerson Hauser c’est un personnage bourru voir odieux envers ses alliés et sans pitié pour ses ennemis, qui ne se pose la moindre question sur la mission qu’il s’est fixé. Les scénaristes n’hésitent d’ailleurs pas à forcer un peu le trait, à la fin de l’épisode 3, quand on le voit débarquer dans Alcatraz bis avec sur l’épaule le cadavre du détenu qu’il vient d’abattre d’une balle dans la tête, on se dit que ce type il est quand même pas très net, pas beaucoup plus que les gens qu’il met derrière les barreaux...

Alcatraz Bis ?

Comme il est impossible de remettre les détenus dans la vraie Alcatraz et qu’ils sont censés être morts depuis longtemps, à la fin de chaque épisode, on voit un Emerson très fier de lui accompagner le transfert du détenu capturé dans une copie sous-terraine d’Alcatraz.

C’est le passage qui bizarrement amène à se demander un peu qui sont vraiment les gentils car cet Alcatraz là est encore plus flippante que l’ancienne vu qu’elle fonctionne sur le principe du prison secrète à la Guantanamo et il y a quelque chose de glaçant à voir le souci du détail, la volonté que le détenu revienne dans la même cellule qu’en 1963, qu’il subisse les mêmes brimades.

Et quand dans l’épisode 3, on retrouve le docteur sadique qui avait disparu avec les prisonniers et qui a l’air de faire des choses particulièrement malsaines, ce second Alcatraz devient encore plus fascinant et inquiétant, certainement le meilleur élément de la série pour l’instant.

Systématique

Car au vu des 3 premiers épisodes, on est loin d’être bluffé par la série, déjà par son côté systématique : on connaît le nombre de détenus manquants, on est dans un schéma où chaque épisode correspond à un détenu et la structure même de l’épisode en découle, les flashbacks, la manière d’opérer pour les agents, la résolution, on est déjà presque dans la routine et ce n’est pas bon signe.

Et même les petits éléments distillés pour créer du mystère et forcer le spectateur à se poser des questions, à ne pas être sûr de maîtriser l’univers, après Lost, ils ont un côté un peu téléphoné (le choix d’utiliser le même vocabulaire musical, les mêmes codes sonores n’est d’ailleurs pas très heureux)

On a donc des histoires sur un épisode qui sont des enquêtes policières classiques, suivant la même structure et une trame globale distillée par toutes petites gouttes dont on sait d’ors et déjà qu’on va mettre très longtemps à tout découvrir, mais qui n’en a pas encore dit assez pour vraiment aguicher. Autant dans Lost, il y avait au début suffisamment de matière pour se faire sa théorie rocambolesque dans sa tête et il y avait un objectif tangible très immédiat : survivre puis retourner à la civilisation autant Alcatraz ne donne pas grand chose à part un objectif chiffré de 300 criminels à récupérer, on dirait une quête automatique de World Of Warcraft, pas une histoire excitante...

Un début prometteur mais...

Mais bien sûr on en est qu’aux prémices et les choses peuvent évoluer dans le bon sens, mais pour l’instant Alcatraz est loin d’être le coup de cœur que Lost a pu être, on y sent pas les mêmes coups de génie (ou coups de blufff, ça c’est à votre discrétion...), le procédé des flashbacks n’apporte pas du sens et de l’impact à la narration comme dans Lost et l’envie de percer le mystère est loin d’être aussi forte, pour l’instant ce qui sauve la série c’est donc essentiellement le personnage de Sam Neil et son Alcatraz personnelle qui se révèle de plus en plus malsaine. Espérons que les scénariste continuent à jouer des ambivalences et développent une intrigue qui sortira du schéma trop classique suivi pour l’instant et que les mystères avec lesquels on nous aguiche amèneront des révélations vraiment surprenantes.

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publié par le 26/01/12
Derniers commentaires
Sasha - le 10/04/14 à 16:16
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pas mal l’allusion à warcraft.

Pour le reste tout à fait d’accord avec micky
Informations

Sortie : 2012
Label : Fox