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publié par arnaud le 23/09/05
Kinski
- Alpine Static
Alpine Static

ECLECTIQUE

Tantôt célébré, tantôt décrié pour son refus des étiquettes, Kinski, quatuor de Seattle, nous avait quittés l’an dernier sur un très expérimental Don’t Climb On And Take The Holy Water en marge de leurs productions habituelles (et du coup paru chez Strange Attractors plutôt que Sub Pop). Interprété sans leur batteur, l’album mettait l’accent sur l’improvisation live avec entre autres un morceau magistral de près d’une demi-heure (The Misprint In The Gutenberg Print Shop). Intrigués, on attendait la suite avec impatience, restant sur le bonne impression laissée par Airs Above Your Station, sorti en 2003, sur lequel le groupe s’appliquait à décliner son rock instrumental à toutes les sauces : post-rock, noise-psyché, voire metal (dans le son des guitares).

HEAVY-PSYCHEDELISME

Et voilà que déboule déjà une nouvelle sortie chez Sub Pop, Alpine Static, disque qui voit Kinski plus concentré sur son sujet, plus mature, et définitivement efficace. La première moitié de l’album est marquée par des compositions orientées rock psyché-70’s, avec des pièces plus courtes que d’habitude construites sur de gros riffs de guitares qui évoquent Black Sabbath (sur Hot Stenographer) ou même Led Zeppelin (l’intro de Hiding Drugs In The Temple), plaçant la formation dans le sillage de ses collègues de Comets On Fire, le chant en moins.

EXPERIMENTATIONS SONORES

Début en fanfare donc jusqu’à la soudaine rupture de The Party You Know Will Be Heavy : boucles de guitares claires empilées les unes sur les autres qui partent dans une furieuse chevauchée sonore stoppée nette. Silence complet au cours duquel les instruments osent une timide conversation de larsens ou de grincements de cordes, comme s’ils se répondaient entre eux, avant de repartir dans un frénétique duel de six cordes très inspiré par Sonic Youth. La fin du périple prend des allures plus légères, mais toujours aussi rythmées, enveloppée dans un parfum presque pop, reminiscences de Yo La Tengo. On regrettera peut-être que le morceau de bravoure de l’album soit un titre déjà connu, puisque présent sur leur collaboration avec les Japonais d’Acid Mothers Temple (sorti chez Sub Pop en 2003), ici dans une version « allégée » mais toujours aussi percutante. Passed Out On Your Lawn, remet le groupe dans son univers habituel, entre psychédélisme noisy et expérimentations ambiantes (le final rappelle un peu le DeathKamp Drone de Godspeed You Black Emperor ! présent sur le double des Québécois).

EFFICACITE

La fin d’Alpine Static nous montre le groupe sous un jour un peu moins virulent, flirtant avec le minimalisme hypnotique (sur The Snowy Parts Of Scandinavia littéralement traversé de décharges électriques), la pop noisy déstructurée (Edge Set et son long final répétitif perdu dans le souffle des parasites) et les climats apaisés et éthérés (une flûte atmosphérique à la Bardo Pond sur All Your Kids Have Turned To Static) voire acoustiques (le final Waka Nusa dont la mélodie est à peine troublée par les grillons qui chantent dans le lointain). On saluera aussi le refus de céder au systématisme du crescendo Mogwai-esque (qui n’était pas évident après l’écoute de Airs Above Your Station) qui rend ce post-rock (puisqu’il faut bien le nommer ainsi) bien plus digeste. Au final, Kinski reste quand même sur ses positions en refusant de choisir un style clairement défini, au risque de se voir taxé de suiveur et relégué au second plan pour son soi-disant manque de personnalité. Qu’importe, Alpine Static confirme que la formation est diablement efficace et redoutable quel que soit son terrain de jeu.

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publié par le 23/09/05
Informations

Sortie : 2005
Label : Sub Pop/Chronowax