On pourrait croire en lisant mes dernières chroniques ciné que soit les plates-formes de streaming choisissent mal leurs productions SF soit je suis vraiment très aigri, genre comme un vrai critique de cinéma. Honnêtement je pense que c’est plutôt l’hypothèse 1 qui est vraie et quoi de mieux pour le prouver qu’une critique élogieuse d’un film qui ne fait rien d’extraordinaire mais le fait bien ? Ce film c’est Love & Monsters, disponible depuis quelques mois sur Netflix.
Dans un trou vivait un Joël
Le titre du film résume bien son contenu : dans un futur proche, ce qu’il reste de l’humanité se terre pour échapper aux monstres insectoïdes qui règnent désormais en maître sur un monde dévasté, peu à peu reconquis par la nature. Du bon gros post-apo en somme.
Joel, le héros du Love & Monsters vit dans une communauté qui s’en sort plutôt bien, mais pas grâce à lui : encore traumatisé par l’invasion et la perte de ses parents, il est tétanisé face aux monstres. Heureusement les autres membres du refuge n’ont pas ce blocage mais ils sont tous en couple. Sauf Joël dont la petite amie est dans un autre refuge et il ne lui parle donc que par CB. C’est un peu frustrant. Dans tous les sens du terme.
Alors un beau jour Joel prend son courage à deux mains, sort du refuge armé de son carnet à dessin et ... pas grand chose de plus, pour affronter ses peurs, à six pattes ou plus et alors chercher la princesse Zelda sa copine. Certains appelleront ça une quête initiatique, d’autres la pression des hormones mais voilà il est sur la route et comme toute bonne aventure, il va lui arriver de nombreuses péripéties, il y aura des amis et des trahisons, des rebondissements et un happy end.
Monstres et merveilles
Tout cela n’est pas vraiment du spoil, c’est presque un contrat implicite entre Love & Monsters et le spectateur : pas de mystère à la Lost, pas de WTF lynchien mais une Aventure dans l’esprit des films des années 80 à la Indiana Jones, avec un héros pas bodybuildé et pas sûr de lui mais éminemment sympathique et courageux, joué par Dylan O’Brien, pas très loin du tout aussi sympathique et un peureux Stiles de Teen Wolf ou de son personnage dans The Maze Runner. On n’est pas surpris de voir Shawn Levy, producteur de Stranger Things mais aussi réalisateur de la franchise Une nuit au Musée avec Ben Stiller et Robin Williams, qui réussissent à créer le même genre de plaisir cinématographique qui ramène à l’enfance.
Les environnements tout comme le design des créatures sont très réussis, à l’image des superbes dessins que Joel fait des monstres qu’il rencontre. On sent derrière Love & Monsters une équipe pleine de créativité (le film a eu une nomination aux oscars pour les effets visuels) et il y a même de la poésie dans certaines séquences, certaines créatures comme l’espèce d’escargot mutant géant ou le robot abandonné que Joël trouve à un moment.
Your lips, my lips, apocalypse
L’intrigue est donc prévisible mais le rythme est très bien géré, le casting très correct et l’humour très présent. En cinéma, comme en musique, on a tendance à préférer la prise de risque, ceux qui osent des choses, on aime être surpris, déstabilisé, c’est ce qui amène la réflexion et le changement mais il y a aussi un plaisir à écouter un conteur doué faire vivre une histoire, qui n’aspire pas à être chose que ce qu’elle parait : un garçon qui aime une fille et décide d’aller la retrouver dans un monde dépaysant rempli de monstres et de merveilles voir de monstres merveilleux.