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publié par Sfar le 29/06/08
Sigur Rós + Björk - Náttúra Concert, Reykjavik ; Islande - 28/06/2008
Náttúra Concert, Reykjavik ; Islande

Be with island this evening

Voilà qu’on s’était prévu une petite soirée tranquille à tenter de soigner le dernier gros rhume angine de l’année scolaire et à faire quelques rangements dans tout son bazar de classe lorsqu’on apprend que l’évènement musical de la journée aura lieu dans quelques heures en Islande . Deux des plus intéressants artistes islandais de ces dernières décennies soit Björk et le groupe Sigur Rós participent le soir même à The Náttúra concert : évènement musical dont la thématique engagée est la préservation du paysage naturel islandais. Ce concert se déroule en direct du Jardin Botanique de Laugavegur, tout proche du centre de Reykjavik. Le site web du national géographic propose une retransmission en direct sur le net et moi forcément dans ces cas-là je me dis qu’un tel évènement ne doit pas échapper à notre cargo ! !

Plumes au vent, couronne en carton

Je découvre Sigur Rós en live ce soir dans ces conditions un peu particulières. Il m’est alors difficile de véritablement saisir ce qui est dans ce que je vois, de l’ordre du « normal » dans le folklore « sigur rossien » ou un délire plus poussé liè à cet évènement festif particulier. Entre le chanteur plumes au vent, un clavier portant une couronne des rois digne d’un bricolage d’épiphanie niveau moyenne section de maternelle. Je découvre, j’observe intriguée et je suis déjà surprise par le nombre impressionnant de musiciens sur scène : entre ceux du groupe aux looks bien étranges pour chacun d’entre eux, quelques jeunes femmes aux tenues étonnantes (avec parmi elles leur fameuse copine Amiina) et puis des chœurs de l’armée blanche, c’est déjà là un bien beau « foutoir ».

Il va falloir être honnête tout de suite, de tous les concerts virtuels que j’ai faits (et ça commence à en faire quelques uns), ce n’est pas celui dont les qualités de retransmission me laisseront un souvenir impérissable. Déjà l’image n’est pas terrible, malgré les multiples caméras présentes pour des plans très larges du site, plans sur la foule, plans de la scène et gros plans sur les différents membres du groupe, l’ensemble reste moyen. Les images tanguent et on bénéficie même des gros lourdingues qui nous empêchent de bien voir la scène ! Comme quoi, même chez soi, le mec qui lève son portable en l’air devant la caméra pour prendre une photo complètement inutile nous enquiquine tout autant que si nous étions sur place. A la différence que là on ne peut ni lui lancer notre fameux regard de la mort ou lui asséner l’air de rien un coup de coude judicieusement placé.

le concert débute par deux premiers morceaux assez soporifiques et parfois carrément insupportables à cause de la voix du chanteur, mais cette voix, quelle voix ..... d’une pénibilité rarement atteinte !! Est-ce en cela que réside ce que certains appellent le charme mélancolique islandais ? Cette voix on va la trouver étonnante 30 secondes mais ensuite il faut sérieusement s’accrocher ... pour ne pas décrocher... Fort heureusement les morceaux suivants sont plus entrainants musicalement, plus festifs et ne sombrent plus dans cette forme de pathos désagréable et presque ridicule . Car Sigur Rós reste tout de même un groupe qui sait poser une atmosphère, donner un héroïsme aux morceaux qu’ils interprètent brillamment et c’est dans ces moments là que la voix du chanteur devient nettement plus intéressante et prend une ampleur qui sied à merveille aux chansons proposées. “Við spilum endalaust” et “Inní mér syngur vitleysingur” , extraits du dernier album (Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust) poursuivront de manière admirable ce set et marqueront vraiment le démarrage du concert des islandais avec une poigne et une pèche qui manquaient cruellement aux premiers morceaux.

Les filles du groupe ont l’air radieuses sous leur robe rose bonbon du meilleur goût, chacun y va de son archet ou de sa baguette sur les cordes de sa guitare, donnant des effets assez détonants, ... mais on est loin de scrape et des délires de Marc Sens à la guitare et à l’archet, là nous sommes plus dans de l’expérimentation baba cool, hippie new age. Et cela reste amusant de les voir s’exciter dans tous les sens avec leurs instruments pour au bout du compte obtenir quelque chose de très gentillet. le charme opère et l’ensemble se révèle même transcendant surtout lorsque l’on est atteinte d’une fièvre tenace. Pourtant, les envies de meurtre resurgissent régulièrement car on a beau faire preuve d’un sérieux mental capable d’endurer les pires tortures, je ne peux pas, je ne peux plus par moment entendre la voix de Jón Þór Birgisson (il faut à un moment balancer les noms .... ça soulage). Les morceaux se veulent épiques, mélancoliques , et ils le sont mais voilà que s’ajoute cette voix qui ne me touche pas, qui ne m’émeut pas.... qui agace ! Par moment nous vient l’envie de hurler des « mais faites le donc taire, achevez le qu’on en finisse vite ».

Comme depuis le début de ce set, le pire alterne avec le meilleur, suite à un morceau qui m’aura autant émue que les préoccupations existentielles d’une huître en fin de vie voilà que débute l’extraordinaire single “Gobbledigook ” avec ..... avec .... l’arrivée de Björk sur scène venue rejoindre tout ce beau petit monde ! Toute de verte vêtue comme un petit elfe taquin , la voilà qui tambourine frénétiquement au côté de ses compères , sautille dans tous les sens et hurle gaiement aux gré des « lalalalalalalala » de ce single très réussi de ces surprenants islandais.

On se rend compte que pour la plupart des morceaux des Sigur Rós, les entrées en matière laissent souvent à désirer et que c’est sur le milieu et le final que le groupe se transcende. Pour apprécier les morceaux de ce groupe la patience semble de mise. Ce premier concert s’achève sous un soleil « nocturne » radieux.

L’entre deux sets sera composé de quelques vidéos montrant les richesses géologiques , botaniques et faunistiques d’un des endroits les plus fascinants et les plus fragiles de notre planète qu’il convient absolument de préserver. A cet intermède s’ajoute une attente interminable précédent l’arrivée de la star islandaise sur la scène du jardin botanique.

L’éternelle petite princesse au petit nez retroussé

Björk ce fut d’abord the Sugarcubes avec ses “Birthday” et autres “Deus”, puis s’en est suivie cette fantastique carrière et ce personnage hors du commun. Elle a su s’imposer au fil des années comme l’une des artistes les plus emblématiques de la scène véritablement indépendante du rock islandais, européen et mondial. La troupe des Sigur Ros étant partie on attend impatiemment l’arrivée de cette dame malice. Et il faudra de la patience !! Problèmes techniques, caprices ? On n’en saura rien mais l’attente sera longue, surtout quand on est au bord d’un craquage physique. Elle arrive enfin dans une tenue toute bouffante multicolore, une sorte d’Elmer qui serait devenu humain, qui serait maintenant une femme , qui causerait en islandais et qui chanterait ! Björk porte un maquillage plutôt cocasse au niveau du front : il y a toujours eu chez cette artiste ce mélange de grâce enfantine et de puissance volcanique. Elle est magique, elle est radieuse, heureuse d’être là pour cette cause environnementale qui semble lui tenir très sincèrement à cœur. Elle semble pleine d’entrain, et on devine que le morceau qui débute son set est bon... « on devine » oui car l’arrivée de Björk s’est accompagnée pour moi d’une coupure de son qui est des plus navrantes ! Ce serait mal me connaître que d’imaginer que j’allais baisser les bras face à ce petit désagrément. Ainsi, quelques manipulations plus tard je récupère la totale : image et son ! et qu’est ce que c’est bon , réentendre cette voix si mutine, et voir une björk toujours aussi jolie et malicieuse derrière ses maquillages multicolores.... Sa voix enchante, berce et chavire toujours autant ceux qui la suivent depuis toujours. L’apogée de sa puissance scénique est atteinte lorsque débute “Bacherolette” toujours aussi majestueux dont on ne se lassera jamais des multiples versions qui existent, ont existé et existeront toujours ...

le set est bon et même excellent, d’une beauté visuelle et sonore fabuleuses .... seulement la fièvre et la fatigue ont raison de moi et lâchement la tête pleine de « i’m a fountain of blood... », je ne peux qu’abandonner ces instants magiques que le net peut nous offrir de façon surprenante.

Cette soirée, pour une cause tellement essentielle, a permis de prouver une fois encore (mais était ce encore la peine ?) que Björk sur scène , cela reste toujours un grand moment humain et artistique. Quant aux Sigur Ros, cette première approche ne fait que titiller encore plus l’envie de véritablement les voir sur scène prochainement...les choses les plus insupportables pouvant se révéler alors plutôt agréables dans la vraie réalité !

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publié par le 29/06/08
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Caroline-Christa Bernard - le 31/07/08 à 01:30
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Beautiful Iceland art. Just have a look to my best friend Katrin Fridriks, talented painter from Iceland. Caroline-Christa Bernard