Une discographie (subjective) d'exsonvaldes


sons/silences(2001)

Exsonvaldes est un quatuor rock parisien formé en 1999. sons/silences, leur première démo sort en 2001 et séduit le cargo par sa maitrise, ses influences bien digérées (chokebore, pinback ) qui ne masque pas une personnalité et une certaine fraîcheur par rapport aux tendances de l'époque. Sont déjà posés le chant en anglais de Simon, l'osmose entre sa guitare et celle d'Antoine, qui préfèrent volontiers les sons clairs aux avalanches de distorsion. Et derrière Martin à la batterie et Guillaume à la basse constituent une section rythmique avec tout ce qu'il faut de rigueur et d'efficacité pour faire un disque de Rock réussi, qui donne à espérer beaucoup pour la suite.


someday if I want to (2002)

L'année suivante le groupe sort un EP, Someday If I Want To, dont le titre éponyme reste ma chanson préférée du groupe, limpide dans sa mélodie, la beauté des arpèges en son clair caractéristiques du groupe, mais en même temps très sophistiquée, presque cérébrale dans la manière d'éviter les évidences, de jouer avec l'attente et d'y répondre à contretemps.

On y trouve aussi The Trees, une chanson absolument géniale sur ... les arbres (désolé à ce jour je n'ai toujours pas compris ce que pouvait bien signifier "try all the ways to wake up in the trees") et Sorry For, très belle chanson.. triste, qu'il est totalement indispensable de connaître si vous aimez Exsonvaldes. Comme les autres chansons d'ailleurs, on y trouve des breaks, des intentions de jeu qui peuvent paraître "bizarres" par rapport à l'évolution du groupe mais c'est d'autant plus intéressant car à la fois proche de ce qu'on connaît et différent. La production de ce premier EP est déjà très bonne de même que le jeu des musiciens, même si tout le monde a progressé depuis, à commencer par la voix de Simon, plus assurée, mieux posée sur les productions récentes.


time we spent together(2004)

Ce premier album(chronique) d'Exsonvaldes est dans la continuité du son et du style posé par les deux maxis précédents (on remarquera d'ailleurs que les codes graphiques de someday et de time we spent together sont identiques, ce qui ne sera plus le cas pour near the edge) mais il amène aussi une production plus aboutie et une cohérence d'ensemble plus grande. Le disque s'écoute d'une traite et les mélodies laissent une emprunte durable. Là encore on peut simplement savourer les atmosphères ou analyser, apprécier comment avec une économie d'effets, de mots, un son minimaliste, sans esbrouffe ni éclats faciles, le groupe orchestre le crescendo magistral sur I don't want to drive qui ouvre l'album.

La musique d'exson prend aussi un côté plus pop, sur une chanson comme Going Away dont Renaud du Cargo! réalise d'ailleurs le clip. Le piano fait aussi son apparition et ne quittera plus le groupe sur scène comme sur disque. Mais le plus remarquable dans ce disque est peut être sa capacité à être poignant, à parler d'une manière assez dure parfois sans donner une impression d'amertume ou de colère. Comme s'il instillait sa mélancolie avant de la soigner lui-même. Il y a des albums qui vous font remuer la tête voir les fesses, c'est déjà pas mal mais Time We Spent Together se classe parmi ceux vous donnent l'impression de vivre quelque chose et vous remue bien plus profondément.

S'en suit une longue tournée, où la route d'exson croisera de nombreuses fois celles du Cargo. On aura l'occasion de voir de nouveaux morceaux rejoindre le répertoire, il y a Sunlight, dont on sent immédiatement le côté tubesque et qui est l'occasion pour le groupe de vraiment mettre le feu sur scène. A côté, les autres morceaux, la présence accentuée de la guitare acoustique a plus de mal à passer mais le virage semble pris et peu à peu cette nouvelle facette du groupe prend forme et devient de plus en plus convaincante en live.


near the edge of something beautiful (2009)

Sur disque, c'est un peu plus compliqué, il faudra du temps et la rencontre avec Alex Firla (producteur de Phoenix) pour faire aboutir le second disque d'Exsonvaldes, Near The Edge Of Something Beautiful (2009). On l'aura attendu longtemps, on s'est demandé souvent où ça allait et on leur a demandé d'ailleurs. La réponse était pas très claire dans mon souvenir mais je me rappelle bien d'un Simon qui avait l'air de plutot bien savoir où il allait. Et une fois qu'on y a été avec lui on a compris sa décontraction : même si personnellement je ne trouve pas la production d'Alex Firla tellement meilleure que celle du premier album, quand Simon explique qu'il leur a permis de se libérer de leur manière de composer habituellement, c'est quelque chose qui se sent vraiment et constitue la grande force du disque au delà de singles immédiats et très réussis comme Lali ou donc Sunlight (dont on regrettera juste qu'il ne dure que deux minutes).

Chaque morceau ne contient pas une seule ambiance, une seule intention, ils ont une capacité à évoluer au fur et à mesure. Old&weaken est un très bon exemple : un début tout en retenue, une transition vers une partie electro et puis alors qu'on ne l'attend pas du tout les guitares saturées qui s'invitent en mode rentre-dedans très jouissif, 84 joue aussi très bien sur cette alternance de climats, tout comme Everything I see. Dans d'autres morceaux, les variations proviennent des changements d'arrangements, A Day like today et les choeurs, à la fois "humains" et jouées aux claviers qui viennent apporter la richesse nécessaire pour garder l'attention de l'auditeur.

Il y a donc plus de diversité dans le exsonvaldes de 2009 mais paradoxalement je crois que c'est là ce qui explique ma seule réserve sur le disque : on y retrouve pas la même atmosphère enveloppante que sur Time We Spent Together, chaque chanson individuellement regorge de qualités mais l'album n'a pas de ligne directrice forte, du coup ce disque est plus lent à digérer que le précédent mais pour avoir vécu maintenant plusieurs mois avec, les chansons finissent par trouver leur chemin et elles offrent en live de très beaux moments.


there's no place like homes (2010)

En parallèle à la tournée de near the edge, Exsonvaldes a instauré un nouveau type de concert, le principe? jouer chez les fans, dans leurs maisons ou leurs appartements, en (presque) vrai unplugged : batterie minimaliste, voix et guitare non reprises et un petit ampli basse. Parfois ça se passe dans une grande coloc où on peut acceuillir pas mal de monde (cf nos vidéos), parfois c'est dans un tout petit studio parisien. Et ça marche, pas étonnant, les morceaux passent parfaitement bien acoustique, le groupe qui a ses débuts n'était pas forcément des plus expansifs est maintenant très à l'aise avec son public, l'ambiance de ses concerts est sans prise de tête , très chaleureuse. Le groupe, qui ne devait en faire que quelques uns à la base, en donnera plus d'une vingtaine (et en prévoit encore).

Fin 2009, leur label leur propose de transposer ce concept sur disque, ce qui sera fait avec toujours Alex Firla aux manettes, dans les conditions du live. Ce qui devait donner initialement un Ep devient un album acoustique de 11 titres intitulé There's no place like homes. Au programme, beaucoup de chansons de Near The edge , une de Time We Spent Together (Going Away), deux inédits (Folk Song et Hurry Up) et deux reprises : Take On Me (A-Ha) et As Tears Go By (Marianne Faithfull/The Rolling Stones).

Sur le contenu, il n'y pas grand chose à redire, les chansons passent parfaitement en acoustique même celles qui comportent les parties les plus intenses en version électrique, placer everything I see plutôt que a day like today en ouverture apporte un début plein de pêche, avec Lali derrière et les choeurs d'Emma qui se sont enrichis depuis la version électrique, c'est imparable.

Folk Song est tout ce que son nom indique, une chanson tout simple à la guitare sèche, chantée en duo par Simon et Emma, avec tout le monde en renfort et en choeurs sur les refrains. Très efficace et certainement une de celles qui captent le mieux l'esprit des concerts acoustiques. Take On Me.. personnellement je ne connaissais pas l'originale mais la version d'exson est très réussie, suffisament pour me faire remuer la tête et essayer de passer le "too" horriblement aigu de in a day or tooet me planter lamentablement (heureusement je ne fais ça que chez moi mais c'est habituellement un grand moment des concerts en appart')

Les autres chansons du disque fonctionnent toutes aussi bien. Comme sur l'album électrique, pas grand chose à critiquer sur la prod dans l'absolu, au niveau de la voix, je dirais même qu'elle est un poil meilleure sur celui-ci. En fait le seule chose que je regrette un peu sur ce disque n'est pas sur ce disque...

Ou plutôt ce que ce disque n'est pas, alors que tout donne l'impression qu'il l'est : à savoir un disque live. Enregistré "dans les conditions du live", ce n'est pas la même chose, et là ca s'entend. Pour qui a assisté à un de ces concerts, le manque est évident. Ca n'enlève rien à la qualité du disque, il s'écoute au moins aussi bien que les autres disques d'exson, mais avec les heures de vidéo qui ont enregistrées, avec le matériel qui permet maintenant d'enregistrer avec un coût et un encombrement assez faible dans une qualité très correcte, il y aurait eu moyen d'avoir une vidéo ou un disque live, où on entendrait Simon parler entre les chansons, où on verrait les gens qui ne connaissaient pas exson en arrivant au concert redemander "automatic" (aka Lali), avec les imprévus, les sourires, les imprécisions qui rendent ces concerts si chaleureux.

A notre manière, on a essayé sur le cargo! de vous donner une petite idée de tout ça avec les vidéos d'un concert en appartement. Mais il ne s'agit que d'un extra, avec le disque vous avez le plus important, la musique et même si je préfère Exson en électrique, je ne peux que constater que j'accroche autant aux versions acoustiques et il est maintenant temps de vous laisser pour aller m'entrainer à passer un "too" juste.


par Micky