Strict Joy (2009)

Quelque part on se demande, pourquoi on n’a jamais pensé à parler de The Swell Season sur le cargo ! Il aura fallu que l’on voie, ce qu’ils projettent sur scène pour se dire qu’il serait grandement temps de leur faire une ovation… Parce que oui, ils le méritent et ce n’est pas (seulement) parce qu’ils ont eu un Oscar pour le titre ‘Falling Slowly’ du film Once.

Maintenant, parler de leur dernier album ‘Strict Joy’, sorti fin octobre 2009, après tout ce qu’on a vécut n’est pas forcément très évident. Cela dit, la découverte de ‘Strict Joy’, dont le titre ne réfère en rien à une des chansons mais à un recueil de James Stephens un poète irlandais, ne s’est pas non plus vraiment faite en écoutant l’album. Glen Hansard et Marketa Irglova avaient en effet en août 2009 déjà présenté 6 des 12 titres dans un ‘Tiny Desk Concert’, une émission de la radio américaine NPR.

Alors après, forcément, autant les versions du concert acoustique étaient fortes par leur simplicité et leurs émotions, autant les arrangements de ces mêmes chansons sur ‘Strict Joy’ sont déroutantes à la première écoute. Heureusement, on sait ce qu’il y a derrière un ‘Back Broke’, un ‘Fantasy Man’ ou un ‘In These Arms’ et il faut admettre qu’on préfèrera les écouter en acoustique plutôt que sur l’album, où tout est peut être un peu trop “propre“, trop calculé… Et les six autres titres ? on accrochera tout de même directement à des titres comme ‘The Verb’ et ‘Two Tongues’ qui combinent savamment l’énergie de Glen Hansard à la douceur de Marketa Irglova. Mais finalement on s’attardera plus volontiers sur le 2ème CD de l’édition limitée de ‘Strict Joy’, un concert de mai 2008 au Riverside Theater de Milwaukee.

Alors oui, tout revient encore une fois au live, mais après tout ce n’est pas étonnant. Glen Hansard a commencé par faire partager sa musique dans les rues de Dublin, un peu comme le fait son personnage dans Once. Quelque part il a gardé le besoin d’être proche de son public pour faire passer le message. Du coup lorsque à Hambourg ou à Paris il chante devant nous des chansons de ‘Strict Joy’ comme ‘The Rain’ ou ‘High Horses’ et qu’on en reste bouche bée comme si on ne les avait jamais entendues avant, on comprend que ‘Strict Joy’ est un album de studio a découvrir sur scène (si possible) et qu’il ne faut surtout pas s’arrêter aux arrangements “superflus“ pour profiter d’un moment de pur plaisir.

par Anne-Hélène.

The Swell Season (2006)

The Swell Season (l'album) c'est la première excursion solo de Glen Hansard, chanteur-guitariste de The Frames, un groupe irlandais à succès ... en Irlande, et dans le reste du monde aussi apparemment étant donné qu'ils ont quand même tourné avec Bob Dylan, lequel est d'ailleurs au centre de la trinité de songwriters vénérés par Hansard, avec Léonard Cohen et Van Morrison (dans Once, la première chanson chantée par Glen est "And The Healing Has Begun" est de ce songwriter irlandais).

The Swell Season (le groupe) c'est l'association (musicale) entre Glen l'irlandais qui quitte l'école à 13 ans, a joué de la guitare dans les rues de Dublin comme dans son personnage dans Once et la tchèque Marketa Irglova. Comment se sont-ils rencontrés ? en 2001, le père de Marketa aide The Frames à trouver une date dans un festival en Tchécoslovaquie. En remerciement, Glen entraine la jeune fille sur scène pour qu'elle chante avec lui. Pas facile pour une adolescente de 13 ans qui certes joue de la guitare et du piano mais qui stresse terriblement à l'idée de devoir parler en anglais.

L'expérience n'a pourtant pas du être si traumatisante car cette rencontre plutôt originale aboutira donc à The Swell Season, un album composé et interprété par eux deux, avec le renfort de Marja Tuhkanen (violon) et de Bertrand Galen(violoncelle), deux musiciens du groupe irlandais Interference, qu'on retrouvera dans Once avec leur morceau Gold (présent aussi dans notre session cargo).

L'enregistrement de The Swell Season se fera à peu près en même temps que la réalisation du film Once. Le réalisateur John Carney a joué avec Hansard dans The Frames en tant que bassiste. Du coup quand il a l'idée de Once, il demande à Glen s'il peut utiliser quelques unes de ses chansons et s'il serait d'accord pour en enregistrer d'autres. C'est lui qui impliquera Marketa dans le projet alors qu'elle a 17 ans et qu'elle est encore au lycée.

Certains morceaux de l'album existaient donc déjà avant l'album, certaines ont aussi été jouées en parallèle avec The Frames, mais les versions très dépouillées de The Swell Season sont à mon sens plus belles, c'est vrai surtout pour Falling Slowly qui se prête à merveille à la configuration délicate de l'album. Pour When your mind's made up, c'est plus difficile de trancher, les deux versions ont la même beauté lumineuse mais la version avec The Frames fonctionne mieux quand le morceau va crescendo. (Et c'est aussi pour cela que le fait de les avoir en live plutôt qu'une formule en duo est pour moi beaucoup plus intéressant, le groupe apporte une richesse et un dynamisme bienvenus sur scène, même si on ne pourrait pas accuser Glen d'être "mou" en live, loin de là)

Les autres chansons semblent un peu plus discrètes à côté de ces deux énormes tubes, mais il y en a quand même un troisième qui se révèle après quelques écoutes, le magnifique the moon. Les autres chansons sont un peu plus longues à la digestion mais ont aussi leurs charmes, utilisation très judicieuse des cordes (on sent l'influence classique de Marketa) sur Drown Out, le chant lead très réussi de Marketa sur alone apart avec derrière sans doute la seule partie de guitare électrique de tout l'album et à l'entendre c'était clairement le bon choix.

Il s'agit là d'ailleurs d'une remarque qu'on peut généraliser : le disque est très bien produit : la formation minimaliste utilisée pour l'enregistrement, le panel de sonorités, le fait de se servir d'instruments classiques comme le violon et le violoncelle mais sans tomber dans le cliché, tout cela contribue à créer un écrin musical élégant mais sobre sur lequel viennent se poser des mélodies finalement simples mais très bien construites. C'est d'autant plus flagrant quand on écoute ensuite Strict Joy où il y a quand même un goût de trop dans les arrangements.

par Micky.