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publié par Mickaël Adamadorassy le 25/02/07
GOO GOO BLOWN (le bonhomme)
- Devilish FantaZiäh
Devilish FantaZiäh

"Goo Goo Blown (le bonhomme)", non non c’est pas le groupe et l’album, c’est juste le nom du groupe complet. Et quelque part ca vous donne une idée des bonhommes (et des demoiselles vu que le groupes comporte deux violonistes et une violoncelliste en plus d’une base rock masculine) : ils assument pleinement leur délire, leurs mélanges de savants fous, entre français et anglais, entre heroic fantasy et description du quotidien, entre mélancolie et grandiloquence, entre réminences du classique et maniérisme emprunté au heavy metal. Une véritable auberge espagnole qui déborde de partout mais qui en jette sacrément.

Allez c’est par ici pour la visite, des camisoles, de l’ail, un exemplaire du necronomicon pour les nuls et une épée magique +3 sont prévus dans le kit qui vous a été remis.

l’auberge qui cache la forêt hantée

Bon avant qu’on dérive dans des sentiers peuplés de créatures bizarres, que je vous donne le bilan psychiatrique du chanteur et que comme pour la plupart des autres chroniques de ce disque, je vous abreuve de mots tels que "déjanté", "surréaliste", "tim burtonesque" etc etc etc.... Il est urgent de rétablir une vérité.

L’auberge goo goo blown est bâtie sur des bases particulièrement robustes : ce bon vieux rock, basse-guitare-batterie, c’est solide, ca riffe bien gras et la prod de Ian Caple fait des miracles pour marier ça avec l’autre fondement : la partie classique, les arrangements de corde. La piste d’ouverture (I’ve got my own private killing company...) en est un très bon exemple, c’est simple depuis le western sous la neige qu’Albini a mitonné aux petits oignons pour Dionysos je n’avais pas entendu violons et guitares saturées aussi bien se mélanger pour un résultat très très rock qui donne immédiatement envie de remuer la tête.

S’il n’y avait que ça... A cette mixture déjà détonante, il faut que vous rajoutiez encore un break "burtonesque" (je vous avais dit que ca viendrait) délicieux et totalement inattendu au milieu... Et là vous vous dites qu’on tient quelque chose d’intéressant.

autour de la guitare (et autres trucs à cordes)

Malgré la variété des influences, des atmosphères, on a un disque cohérent qui étale une palette de sons très recherchée et très réussie, je pense en particulier aux sons de guitare. Il ne faut pas s’arrêter aux textes et à l’univers un peu bizarre, il y a une richesse de sons qu’on rapprocherait volontiers de radiohead.

De nombreux morceaux présentent d’ailleurs des guitares plutôt sobres, rêveuses, qui tissent juste l’atmosphère de la chanson. Mais comme on est pas franchement dans la variété, elles ont tôt fait de se faire tranchantes voir très lourdes, on est dans le rock contemporain, rien à envier aux petits copains genre placebo etc.

En face, les cordes expriment à peu près toute la palette possible, sans donner dans le pompeux non plus. Avec la qualité de production du disque, c’est un petit régal.

quitte ou double

J’ai surtout parlé de la musique jusqu’ici, mais c’est qu’entre la voix et l’univers déployé, il aurait été facile de ne pas plus porter attention à celle-ci.

La voix d’abord ca sera un peu quitte ou double, comme pour tous les gens qui prennent des risques ou choisissent de ne pas la poser selon les standards du moment. Au premier abord, on est un peu dérangé, on se dit que ca fleurte un peu avec les comédies musicales qui nous pourrissent les oreilles depuis quelques années, l’accent est limite et puis les aigus c’est bien mais tout le temps...

Et puis on rentre vraiment dedans, on se rend compte que ce style de chant est simplement expressif, on abandonne peu à peu ses réserves, on écoute les paroles. Deuxième éceuil. Des histoires de petites filles glauques, de révérend pervers, de batailles épiques sous la mer, de dame ensanglantée. C’est pas le truc de tout le monde mais personnellement je trouve que ça donne un truc assez génial. Seule réserve, je ne suis pas sûr que ça marchera sur plus d’un album...

Mais un morceau comme Fantaisie Démonacale est tout à fait réjouissant, le couplet où le révérend fait sa profession de foi sur fond de cordes et guitares aériennes et tout d’un coup ca s’emballe, les guitares se font lourdes. "je suis un pervers" proclame la voix distordue. Chuchotements. Refrain en anglais doublé d’une voix fémine très réussie. (comme les interventions des invitées du disque parmi lesquelles on retrouve les chanteuses de Hopper). Miam.

suspendu par dessus le pare-brise

Je sais pas si vous savez ce que c’est qu’un hook. Oui c’est un film avec Robin Williams. Mais en musique, ça se rapporte surtout à un élément du morceau qui va faire qu’on accroche, tout simplement. Le truc de Devilish FantaZiäh et de goo goo blown c’est qu’ils ont carrément le sens de la mélodie et donc dans à peu près chaque chanson, il y a quelque chose qui accroche, quelque chose qui reste et ça fait un très bon disque où je pourrais vous citer presque tous les morceaux et vous en vanter les qualités mais je crois que vous avez compris l’idée...

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publié par le 25/02/07
Informations

Sortie : 2007
Label : Universal Music Group