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publié par Sfar le 21/01/09
Animal Collective - Le Bataclan, Paris - 16/01/2009
Le Bataclan, Paris

La déception est toujours à la hauteur de nos espoirs

Animal Collective c’est le phénomène du moment chez les bien-pensants du bon goût musical. Quand le groupe propose un concert parisien, en ce début 2009, les places sont alors prises d’assaut rapidement. Surtout quand on est à quelques jours de la sortie officielle d’un Merriweather Post Pavilion dont on se gargarise déjà dans les Inrocks et autres médias prescripteurs du « Non mais toi t’écoutes pas ça ? ‘spèce d’arriéré musical va ! ». On va donc à un concert d’Animal Collective comme on donne quelques sous à une bonne œuvre, sans trop savoir à quoi elle sert, pour se donner bonne conscience. L’intérêt n’est pas ici humanitaire mais purement pour avoir ce sentiment prestigieux que nous faisons partie de l’élite qui a tout compris aux morceaux expérimentaux de ce trio new-yorkais plus électronique que rock. Fort heureusement, le public du Bataclan n’est pas seulement constitué d’imposteurs, il y a aussi quelques téméraires. Ceux qui ne connaissent pas et se disent que « Wahoo on en parle de telle façon que forcément on se rend là au concert de l’année ! ». Qu’ils sont mignons dans leur naïveté et leur candeur concernant l’Animal Collective ! Ils espèrent assister là au show miraculeux, le concert coup de foudre. Ce fameux concert qu’on ressort inlassablement quand on évoque son amour immodéré pour un artiste. Ils se voient déjà en train de conter à leur entourage des années durant : « C’était ce soir de janvier 2009 durant ce concert exceptionnel du Bataclan que j’ai tout compris au génie du groupe ! ». Et puis, parmi toute cette masse informe d’auditeurs, se trouvent çà et là des personnes qui aiment déjà énormément Animal Collective. Ceux qui ont pris le temps d’apprécier leur travail particulier. Ceux qui écoutent inlassablement et avec beaucoup de plaisir toutes ces chansons à base de blip blop, de cris stridents, de pseudo-mélodies « bontempistes ». Ceux-là viennent, ce soir, juste avec l’envie de découvrir les versions live de morceaux tant écoutés sur albums.

Qu’importe le bontempi pourvu qu’on ait le génie

Quand arrivent sur scène les trois bonshommes d’Animal Collective, qu’ils se placent de manière à ce que le regard d’aucun ne croise le regard de l’autre, que l’interaction avec le public est de l’ordre du néant, je conçois qu’on puisse être quelque peu surpris et désappointé. Il est évident que niveau prestation scénique on repassera : les éclairages minimalistes aux coloris improbables n’apportent pas grand-chose si ce n’est rendre dingues les rares personnes étant là pour immortaliser sur photos la soirée. Geologist et sa lampe frontale ne rendent pas l’ensemble plus communicatif. Avey Tare, dont on distinguera le visage un millionième de seconde, n’est pas du genre exubérant. En grand timoré, il passera la soirée à jouer quelques parties à la guitare, de côté, tête baissée ou ira faire quelques percussions dos au public. Il n’y a guère que Panda Bear, bien à l’abri derrière ses claviers pour tenter un simili d’échange avec le public lors de ses moments de chants.

Mais est-ce bien là l’intérêt pour un tel concert ? Quand on connaît les morceaux, quand on sait comment fonctionne le groupe, notre seule envie est de voir comment Animal Collective s’en sort pour nous proposer des versions live de morceaux déjà fascinants sur album. Bien sûr, tout n’est pas génial, la version de “Lion in a Coma” est quelque peu gâchée par des samples dépréciant l’originalité instrumentale de la version studio. Quelques morceaux de l’EP Water Curses sont par contre présentés de manière fort efficace tout en cassure de rythme, montée en intensité loufoque. Quasiment tout le nouvel album est présenté et les meilleurs morceaux ne déçoivent pas : que ce soit avec “Brothersport”, “Guys Eyes” ou le “My Girls” final, on retrouve l’essence même de ce qui fait l’attrait pour un tel groupe. Ce qui pourrait paraître du n’importe quoi, du pénible et lassant pour certains est en réalité nettement plus complexe. Le principal intérêt réside dans le côté répétitif d’un son, d’un bruit, d’une voix, d’un cri. Il ne faut pas chercher de mélodies joyeuses ou tristes, il faut se les créer dans son propre inconscient à partir des bribes que nous apportent les New-Yorkais. C’est à ce niveau là que réside l’interaction groupe-public. Ça passe ou pas. On adhérera à certains morceaux mais pas à tous. Et les fois où on entre dedans, on ressent une forme de jouissance à vivre là, à quelques mètres de ces véritables génies, la folie créatrice qui a conduit à faire de leurs sons et autres bruits des morceaux pour le moins fascinants.

Que l’on ait détesté cette soirée, que l’on ne soit pas du tout réceptif à ce que le groupe a proposé, qu’on trouve abusée l’extrême pauvreté de la prestation sur scène est un fait avéré partagé par de nombreux spectateurs du Bataclan. Pourtant d’autres sont ressortis de là ravis. Non pas parce qu’ils avaient assisté au concert hype du moment mais parce qu’ils partageaient enfin en vrai avec ces artistes géniaux des morceaux écoutés en boucle tous ces derniers mois. Il s’agissait là de l’aboutissement heureux d’une forme d’écoute intensive et laborieuse.

Certains savent que plus jamais ils n’iront voir ce groupe en concert, d’autres, quant à eux, se disent que dans moins de deux mois ils y retourneront avec le même enthousiasme qui les a conduits ce vendredi soir au Bataclan.

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publié par le 21/01/09
Derniers commentaires
- le 21/01/09 à 20:59
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Quelqu’un aurait la playlist exacte du concert.Merci.

Sfar - le 21/01/09 à 21:20
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Je n’ai pas réussi à la trouver et comme ma mémoire auditive est plus que défaillante...

Enfin bref

Pierre - le 22/01/09 à 00:49
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je crois que tu confonds : Avey Tare était derrière les claviers
et Panda Bear à la guitare ( sur quelques chansons, qui avait le pull blanc et noir)

Sfar - le 22/01/09 à 06:48
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Bonjour Pierre, figure toi que j’ai eu un doute en écrivant le papier et je suis allée chercher la google preuve par l’image.

Donc en fait Panda Bear (ou Noah Lennox) en fait lui était bien derrière les claviers.

Pendant que Avey Tare (David Porter) ou encore lui avait bel et bien un pull rayé et faisait des parties de guitare.

Enfin me semble-t-il...

lipstick - le 02/02/09 à 23:31
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bonjour bonjour

de gauche à droite au bataclan (et presque tout le temps en live d’ailleurs) :

geologist - avey tare - panda bear

et pis c’est tout.
voilà.

Lieutenant Chesterfield - le 11/02/09 à 11:59
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Toujours les mêmes bavasseries maladroites sur les méchants-hypes-poseurs-pas-vrais-dans-leurs-têtes-bouh...

A pleurer. Le reste exhale une senteur de slip. Mention aux pépites "créer dans son propre inconscient" et autres "écoute laborieuse"...

Breeuuaaark.

Sfar - le 11/02/09 à 14:34
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moi aussi j’ai adoré

Pourfendeur de Cons - le 01/03/09 à 16:52
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Peux-tu m’expliquer ceci : "Animal Collective, c’est le phénomène du moment chez les bien-pensants du bon goût musical." ?
Donc si je t’ai bien compris, la plupart des spectateurs (dont moi-même) avaient acheté leurs places pour de mauvaises raisons relevant de la sociologie, mais toi, toi tu savais pourquoi tu y allais, parce que toi, toi, t’es un vrai, hein ? Bah bravo, formidable.
Sinon, j’ai adoré le concert, mais aucune des conneries écrites à son sujet.

Sfar - le 03/03/09 à 10:13
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Il va falloir que certains repassent par la case école pour venir avec la maîtresse suivre des cours de lecture-compréhension.

J’y suis allée parce que j’avais adoré le Ep Water Curses, (je suis UNE vraie et pas UN, merci)
Ensuite je me suis rendue compte et cela n’est en rien un délire de ma part mais un fait avéré que suite au battage médiatique lié à la sortie du nouvel album et au concert, que ce soit dans les médias ou sur le net, ce groupe a été le phénomène hype de début 2009 et beaucoup se sont précipités sur place pour cela.
J’en connais bon sang je ne les invente pas ces personnes (je peux balancer noms et adresses ).

Ce que je trouve cocasse c’est de se faire allumer par des gens qui COMME MOI ont aimé le cocnert, pour tout dire j’y retourne à Strasbourg, donc voilà !

Merci Pourfendeur etc ...