accueil > photos > concerts > Adrianne Lenker

publié par Mickaël Adamadorassy le 07/02/19
Adrianne Lenker - La Maroquinerie, Paris - 20/01/2019

La scène de la Maroquinerie est quasiment vide, un pied de micro, un tabouret de bar qui ne sera jamais utilisé et une guitare acoustique, qu’empoigne une souriante mais encore un peu timide Adrianne Jenker. Cela fait quasiment trois ans non-stop qu’elle tourne avec son groupe Big Thief et maintenant en solo mais la chanteuse a encore besoin de quelques chansons et d’un public chaleureux, connaisseur et nombreux pour s’ouvrir un peu plus et ouvrir le dialogue avec les spectateurs, dont on sera surpris d’apprendre que pour certains ils ne connaissent pas Big Thief et ont découvert Adrianne sur France Inter par exemple.

Les chanceux... ils ont deux albums de Big Thief à découvrir. Ce qui m’amène à la question que vous vous posez peut être : oui Adrienne Lenker en solo cela peut ressembler à Big Thief en acoustique. Assez logique c’est la même voix et la même écriture alors facile d’accrocher à l’un si on accroche à l’autre. Pour autant les différences existent : dans abysskiss, l’album solo qu’elle défend ce soir, le dépouillement est presque total : une guitare acoustique jouée aux doigts et la voix, on est dans une grande tradition folk américaine tandis que Big Thief a un son rock indé affirmé, la batterie comme la guitare électrique en font une conversation à plusieurs là où abysskiss est totalement introspectif.

En live, Adrianne nous livre de très belles interprétations des chansons du disque, la guitare acoustique sonne admirablement bien et remplit sans problème l’espace sonore, elle tisse une toile délicate autour de la voix, toujours en douceur, toujours envoûtante de la chanteuse. Les morceaux ne varient pas forcément beaucoup dans l’approche ni dans les intentions, l’intensité mais ici ça ne se joue pas à l’énergie, le fil rouge est la voix et les textes, la beauté du timbre, l’émotion partagée, ce côté mélancolique, lancinant dans l’interprétation vocale qui contraste avec les arpèges souvent lumineux. C’est beau, c’est un plaisir délicat qui se déguste dans un silence religieux, les yeux mi-clos pour s’immerger pleinement dans l’univers de la chanteuse et de son dernier album. Mais il faut aussi les ouvrir de temps en temps car passées les premières chansons, enlevé le pull pour révéler un sweatshirt trop grand et troué, la glace est brisée, on sent Adrianne à l’aise avec nous, et c’est un millier de petites choses qui se passe sur le visage de l’artiste, des sourires précieux, de petites grimaces et bien d’autres émotions.

Au moment du concert on connaissait surtout le répertoire de Big Thief, Adrianne en électrique avec son groupe, on a découvert ce soir une autre facette de cette artiste touchante et finalement c’est cette prestation qu’on a préférée, par rapport à l’Espace B de Big Thief.

Partager :