talent majuscule
A leurs débuts, Larsson et Svensson érigaient le minimalisme en religion sur un Close enough à la lenteur olympienne. Deuxième opus en 2006, Starring : someone like you étoffe le propos en dix comptines baroques et cotonneuses (dont un duo avec Ed Harcourt, une reprise de Gillian Welch et quelques gros clins d’oeil à Kate Bush), parfaitement hors du temps.
Les toutes récentes prestations scéniques du groupe en Suède ont laissé l’assemblée soufflée : la voix effrontée d’Ellekari Larsson sait donner le change au moelleux de son Wurlitzer, papillonner avec le glockenspiel de Leo Svensson, se fondre dans les ondes du violoncelle ou de la scie. Elle miaule, babille ou feule, toujours à la limite du faux, trouvant la note dans le souffle, jouant avec la métrique comme à la marelle (elle fut chanteuse de jazz et en garde un goût pour le jeu rythmique).
Il faut dire que la nouvelle matière est luxueuse : ce nouvel album carbure aux mélodies grandioses et file à l’essence pop. La production soyeuse signée Paul Webb (le “Rustin Man” de Beth Gibbons, aussi ex-bassiste de Talk Talk) enrobe dix chansons choisies parmi la trentaine écrite. Nouvelle tendance pour le duo, plusieurs d’entre elles (Burn, Never Coming Back) sont copieusement syncopées, faisant oublier l’absence de batterie. Mi-ange mi-démon, The man who ran s’annonce sombre et complexe mais déploie au détour d’un refrain inattendu une mélodie lumineuse, qui vient picorer sur deux octaves et demi. La construction est alambiquée, ne se laisse pas facilement apprivoiser, mais pour les oreilles impatientes il y a Lithium, Last Weekend ou Turn off the news : de quoi tomber instantanément amoureux.
En bonus, une étonnante reprise des Ramones ! (Pet semetary)
> Extrait de la session acoustique filmée au Café de la danse le 29 avril 2009 :
