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publié par gab le 26/11/07
David Nichols - The go-betweens
The go-betweens

Si aux dires amusés de Robert Forster, les Go-betweens sont en 2005 l’un des derniers groupes au monde à ne jamais avoir sorti de DVD, c’est peut-être simplement parce qu’ils viennent d’un autre temps, d’une époque plus lointaine, sans doute légèrement moins marchande (encore que), où la reconnaissance était synonyme de livres retraçant carrière et origines plutôt que de DVD de noël avec chaque année plus ou moins les mêmes morceaux au chapitre. La reconnaissance disions-nous ou l’oraison funèbre, c’est au choix, car lorsque David Nichols écrit la première mouture de son The Go-betweens en 1997, le groupe a officiellement mis la clé sous la porte depuis un certain nombre d’années déjà. Il s’agit donc plutôt de poser les traces de l’aventure Go-betweens pour la postérité. évidemment la reformation du groupe en 2000 va obliger notre interviewer-écrivain australien à sortir une version réactualisée de l’ouvrage et nul doute que la mort de Grant McLennan en mai 2006 devrait nous valoir une version définitive dans les mois à venir. Quoiqu’il en soit c’est aujourd’hui le cru 2003 que nous tenons fermement entre les mains et il s’avère être parfaitement instructif et en tous points passionnant. On se propose donc par son intermédiaire de vous faire un rapide tour d’horizon de l’histoire Go-betweenienne. Que ceux qui veulent voir le film et ne souhaitent pas connaître la fin s’abstiennent de lire la suite.

bases

Et on commence bien sur par la vie étudiante de nos principaux protagonistes, Robert Forster et Grant McLennan (cofondateurs de The Go-betweens), dans le Brisbane sécuritaire des années ’70. On s’attarde longuement sur les débuts du groupe : la valse des batteurs, le 45 tours "Lee Remick / Karen" en 1978, les croisements incestueux entre groupes de cette scène locale et notamment avec The Apartments le groupe de Peter Walsh (qui fera lui-même partie des Go-betweens pendant un court lapse de temps). Il s’agit là de la période où Forster officie comme seul songwriter et McLennan occupe le poste de bassiste, période aussi de leurs premiers voyages à Londres et à Glasgow (fin ’79). On découvre ensuite l’arrivée décisive de Lindy Morrison à la batterie (1980), sa relation avec Robert Forster, ses tensions historiques avec Grant McLennan et les années de galère londoniennes (notamment le criant manque de considération des australiens en Angleterre à cette époque). Une fois ces bases posées, David Nichols attaque la vie du groupe en le suivant album par album, du premier (Send me a lullaby, 1982) au désormais avant-dernier album studio (Bright yellow bright orange, 2003) en passant rapidement sur le break des années ’90. Mais reprenons dans l’ordre, au début des années ’80 donc, Grant écrit désormais autant si ce n’est deux fois plus que Robert et un deuxième grand changement de line-up juste après l’enregistrement de leur deuxième album (Before hollywood, 1983) finit d’asseoir les bases du groupe. En effet Robert Vickers vient alors remplacer Grant à la basse, ce dernier passant officiellement à la guitare (c’était déjà le cas sur album bien sur). Moins heureuse à notre avis est l’arrivée sur Spring hill fair (1984) des batteries synthétiques et programmées, ce son eighties si daté et désagréable de nos jours qui s’invitera allégrement sur les trois albums suivants.

époque

On explore aussi plus insidieusement les rivalités d’écriture entre Robert et Grant ainsi que la recherche du hit qui les ferait passer du statut d’encensés par la critique à celui de vrai vendeurs de disques. Sans oublier le mystère des noms d’albums avec double « l ». 1986 voit l’arrivée d’Amanda Brown au violon sur l’album Tallulah et le début de sa relation avec Grant alors que celle entre Robert et Lindy bat de l’aile (très bonne rubrique potins). Et enfin pour clore la première époque, l’entame d’un succès public avec 16 lovers lane (1988) qui coïncide avec leur réinstallation en Australie. Amorce de succès qu’ils saborderont royalement aux états-unis (notons au passage leur relation toujours très ambiguë à cette reconnaissance publique), leur maison de disques goûtant peu les choix de robes de Robert sur scène, puis ailleurs dans le monde en mettant fin au groupe en 1989. Commence alors le fameux break de dix ans au cours duquel Robert Forster et Grant McLennan continueront à sortir des disques sous leurs noms respectifs. Ils tourneront même régulièrement ensemble et chacun de leur côté avec entre autres Adele Pickvance (basse) et Glenn Thompson (batterie). Section rythmique avec laquelle ils reformeront ensuite les Go-betweens en 2000 (reformation plus ou moins orchestrée par les Inrockuptibles d’ailleurs puisqu’ils leur demanderont de jouer ensemble sous leur ancien nom dès 1996 pour le festival des inrocks). Une deuxième vie qui ne faisait que commencer en 2003 mais qui s’avérait très prometteuse avec notamment l’énorme* album du come-back enregistré avec de vrais Sleater-Kinney dedans : The friends of Rachel Worth (* appréciation toute personnelle, Nichols n’a pas l’air complètement emballé par cet album ... ni par la reformation de manière générale d’ailleurs).

historique

Maintenant au-delà du contenu historique, le livre en lui-même est très réussi : une bonne dose d’humour, de savoureux extraits d’interviews de nos héros, un bon recul et une approche assez critique des albums (et notamment de leur son), ainsi bien sur que de nombreuses photos d’époque pour agrémenter le tout. Seul reproche peut-être, s’il rend bien compte de l’humour ravageur du tandem, il rend moins compte de leur ouverture, de leur accessibilité et simplicité en tant que personnes comme on peut le découvrir de façon touchante sur le DVD (chronique ici) ou dans les récits de soirées post-concerts qu’on nous a relatées (chronique là). Le livre s’étendant plus sur les débuts et la première période ceci explique peut-être cela, leur attitude ayant peut-être changée depuis leur reformation (on connaît plus la période actuelle pour notre part). C’est regrettable cependant que ce ne soit pas un peu plus mis en valeur, c’eut été amplement mérité.

Voila en raccourci presque trente ans de carrière, le mieux pour aborder le groupe étant encore de se replonger dans leurs huit albums studio ou, pour les plus rétifs aux sonorités eighties, dans l’excellent tribute album (chronique ici) sorti cet été. Une très belle porte d’entrée pour découvrir le côté intemporel de leurs morceaux.

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publié par le 26/11/07