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publié par gab le 26/11/07
The Go-betweens and I

Profitons, chers amis, de ce dossier spécial Go-betweens pour, à la manière d’un Robert Forster explorant les liens qui l’unissent secrètement à Caroline de Monaco ("Caroline and I", Bright yellow bright orange), se payer une tranche de nostalgie-quand-tu-nous-tiens et lancer le petit exercice « The Go-betweens and I » auquel nous vous convions volontiers à participer si le cœur vous en dit.

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Maintenant, puisqu’il faut bien que quelqu’un se lance, commençons sur le mode simple et naturel du narrateur and I. Et chez nous, narrateurs pourtant délicats et sensibles, les Go-betweens ont longtemps navigué entre deux eaux, troubles, d’une conscience notoirement passoire (ou passoirement notoire, comme vous préférez). Une relation inconsciente donc pour commencer alors qu’on se passe en boucle le Hit Parade 1 de The Wedding Present, il y a de ça 15 bonnes années. Souvenez-vous, 1992, cette année là ils sortaient un 45 tour par mois avec une composition originale en face A et une reprise en face B (le tout compilé ensuite en deux albums Hit Parade 1& 2). Et en guise de première reprise, on vous le donne en mille, un "Cattle and cane" sobre et efficace retient déjà fortement l’attention. Pas qu’on se focalise trop à l’époque sur les auteurs originaux du morceau, tout juste retient-on qu’il s’agit d’une reprise, ça nous suffit amplement.

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C’est peu de temps après que les Go-betweens abordent notre sphère pré-consciente à l’occasion de la black session des Little Rabbits au cours de laquelle Bernard Lenoir mentionne en passant le fait que l’excellent "Karen" présent sur leur premier album est en fait une reprise des mystérieux « Gobi twins » avec « Federico et Stéphane en lieu et place de Forster et McLennan » (oui oui, on la connaît par cœur celle-ci). Pour la première fois, deux noms apparaissent ainsi qu’un nom de groupe (bien qu’exotiquement compris). Si tout ça reste évidemment très abstrait et énigmatique, on se rapproche tout doucement d’une conscience réelle mais succincte (ou réellement succincte, comme vous voudrez). Et quand les Inrocks sortent en 1996 une version de démos acoustiques de l’album 16 lovers lane, le moment semble venu, on se lance et on goûte avec plaisir aux versions relativement dénudées de "Was there anything I could do", "Streets of your town" et autres "Love goes on". On goûte et puis on laisse un peu filer, par flemme sans doute et parce que le groupe n’existe plus, ou n’a en tout cas plus d’actualité pour se rappeler à notre bon souvenir.

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Non, le basculement, la rencontre, la vraie prise de conscience aura lieu en réalité en 2000 et en deux temps. En concert lors du festival des Inrocks tout d’abord où on découvre pour la première fois l’humour du dandy décalé Robert Forster et la force mélodique du sensible Grant McLennan. Une expérience marquante qui sera secondée dans la foulée par l’achat inspiré de l’album The friends of Rachel Worth. C’est plus qu’il n’en faut pour passer au stade final d’une conscience aiguisée (post-conscience ?). Et bien que cet album soit en fin de compte le seul album studio qui nous corresponde complètement, nous voila désormais de la famille, quasiment intimes ou tout du moins méchamment « aware ». Car c’est en effet la perception globale du groupe qui change, une nouvelle vision, qui se trouve confirmée en 2005 lors de la sortie du DVD That striped sunlight sound (lire chronique ici) : une image de gens charmants, drôles, attentionnés et attachants. En un mot, nous sommes conquis !


Brisbane 1978 - "Lee Remick" (extrait du DVD That striped sunlight sound)

Et puis voila, alors qu’ils sont au plus haut dans notre estime (l’effet That striped sunlight sound tendant à prolonger l’euphorie Go-betweens sur l’ensemble du début d’année 2006) et qu’on attend la suite de leurs productions avec impatience, Grant McLennan met un terme définitif à l’aventure en mourant dans son sommeil le 6 mai 2006. C’est triste forcément, c’est toujours trop tôt (surtout à 48 ans) … mais une fin douce et tragique au sommet de leur gloire dans notre sphère musicale personnelle et c’est une entrée directe au panthéon de nos groupes révérés et désormais à toujours regrettés. Et franchement, ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas fait si bon recrutement.

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