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publié par morgan le 08/05/11
Sufjan Stevens - Admiralspalast, Berlin; Allemagne - 07/05/2011
Admiralspalast, Berlin ; Allemagne

Ouverture

C’est tout de noir vêtus et ornés de bandes fluorescentes que Sufjan Stevens et ses 10 musiciens font leur entrée sur la scène de l’Admiralspalast. Autant vous dire que cela couplé au jeu des lumières, aux animations projetées et à la musique du premier morceau vous en fiche plein la vue, et vous persuade d’emblée que vous allez vivre un moment mémorable. Cela vient très vite se confirmer avec ce premier morceau de toute beauté qui va crescendo. Un crescendo qui voit en son apogée, un Sufjan Stevens dans toute sa folie, déployant de son dos des ailes de cygnes géantes dans un déferlement de lumière et produisant un spectacle digne des meilleures fins de concerts, à la différence qu’il ne s’agit là que de l’ouverture.

Pièce

Très vite Sufjan éprouve le besoin de cadrer ce concert, en mentionnant que si nous sommes venus l’entendre jouer du banjo (référence à ses premiers albums), c’est raté car il s’agit plutôt ici de mettre en scène les chansons du dernier album The Age Of Adz. Bien que celui-ci ne nous laisse pas indifférent, une petite déception nous traverse l’esprit, car après tout, c’est bien avec sa folk pop orchestrale teintée entre autre de riffs de banjos, qu’il nous avait séduit il y a 5 ans. Cette déconvenue s’efface après que Sufjan nous ait présenté la façon dont il a réalisé cet album. En effet il évoque le changement de son rapport à la composition. Avant il s’agissait de produire des mélodies et d’y apposer des textes, désormais il s’agit vraiment d’expérimentations de nouveaux instruments et d’une recherche de sons, qu’il met ensuite en relation, constituant une base de travail. De plus il nous raconte Royal Robertson, cet artiste schizophrène, dont l’œuvre à caractère apocalyptique (projetée à l’écran) est la source d’inspiration de The Age of Adz. On saisit alors tout l’intérêt de se focaliser sur ces nouvelles compositions qui forment, et cela saute aux yeux et aux oreilles, une pièce, se manifestant sous la forme d’une sorte de Musical. Tout y est en effet, la musique, le chant, la mise en scène, les chorégraphies, les costumes... D’ordinaire pas fan du genre, on se sent pourtant happé, pris au piège devant autant de génie musical mais également attendri par la sincérité de ce môme, qui on dirait, n’a jamais quitté sa chambre d’enfant et distille dans le visuel de cette pièce le fruit de 2 imaginations, celle de Robertson et de la sienne.

Déclic

Cette pièce s’achève par une chanson de 25 minutes, Impossible Soul, surclassant la pourtant déjà immense ouverture. Le public devant un tel spectacle est saisi d’une envie soudaine et collective de se lever, qui sera couronnée par une pluie de confettis. C’est là que l’on réalise que l’on fait face au nouveau chef d’œuvre de l’américain.

Souvenirs

Après une standing ovation de plusieurs minutes, Sufjan surgit démétamorphosé, arborant un ordinaire t-shirt, pour nous jouer quelques souvenirs de sa croisade des états américains, ponctuant le show par un Chicago magistral et haut en couleurs ; lâcher de ballons oblige.

Respect

C’est à la fois tout excité et abasourdi que je rentre de ce concert/spectacle Berlinois de Sufjan Stevens, mais également avec un profond respect pour cet artiste qui n’hésite pas à casser son image d’icône de l’Amérique puritaine, produisant un son électro cosmique déroutant pour le plus grand nombre, mais avec une profonde maîtrise et inspiré de l’œuvre d’un artiste tiraillé entre son adoration pour la Bible, le fantastique et ... les Hot Women.

P.-S.

Photos et lumineux mini-live report d’Anne-Hélène à voir ici

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publié par le 08/05/11