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publié par gab le 15/01/15
She keeps bees
- Eight houses
Eight houses

Le cas She keeps bees est pour moi un mystère. Voilà un groupe qui fait de la musique depuis longtemps (2006), a déjà sorti plusieurs disques, est totalement dans un style musical que j’affectionne (dans un triangle des Bermudes à haut risque quelque part entre Cat Power, PJ Harvey et Shannon Wright) et je ne le découvre qu’en 2014 (je sais, j’ai du retard dans mes chroniques mais on va dire que c’est comme pour les vœux de bonne année, on a jusqu’à fin janvier). Avouez qu’il y a de quoi devenir parano. Qui me l’a caché tout ce temps ? Je vous le demande. Je soupçonne même mes petits camarades du cargo d’être dans le coup, c’est dire. Maintenant si vous êtes comme moi et que plus personne ne vous dit rien, savourez votre chance, rejoignez-moi aujourd’hui et découvrons ensemble le très beau Eight houses, quatrième album du duo She keeps bees.

dosage

Ça commence de la meilleure des façons, par un magnifique nom, elle garde les abeilles. C’est important le nom, ça vous place la personne, ses intentions, sa sensibilité. Ça continue par une bonne dose de catpowerine, ce produit stupéfiant qu’on importe en grandes quantités dans certains cercles musicaux (au point que les intonations d’une des chansons, "Is what it is", rappellent aussi très fortement Alina Simone, autre grande consommatrice de la substance). De la catpowerine certes, mais pas que. En tout cas, le dosage est respecté, influence majeure oui, repompage non. She keeps bees sait mettre suffisamment de sa propre personnalité dans ses morceaux pour nous convaincre d’emblée de la portée de sa musique. Le groupe sait notamment muscler et tendre ses morceaux quand il le faut comme il le faut, écoutez le second titre, l’excellent "Breezy", et jugez-en par vous-mêmes. Musicalement et intensivement, on est bien plus proche de PJ Harvey première période. Et quand ils lâchent vraiment les chiens, on bascule sans flancher du côté shannonwrightiennement obscur de la force ("Both sides"). C’est d’ailleurs dans ces moments sombres que le duo est le plus convaincant ("Raven"). Pas qu’il démérite sur l’ensemble du disque, on est bien d’accord, il joue d’ailleurs très bien avec l’alternance morceau intense / morceau calme, mais notons tout de même que la tension lui va comme un gant.

options

On quitte ce disque sur le pénétrant "Is what it is" avec le sentiment que She keeps bees sait à peu près tout faire (dans le rayon d’action qui nous intéresse bien sûr). Il sait même concocter une espèce de single hybride entre deux eaux ("Owl") avec un chant affirmé et une douceur mélodique raffinée, le genre de morceau incontournable qui sort du lot jusqu’à se retrouver dans les tops et playlists cargo de fin d’année … ainsi que sur France Inter ce matin, comme quoi je suis tellement à la bourre que je me suis fait doubler par Rebecca Manzoni (tout le plaisir est pour moi). Je sens qu’il va devenir de plus en plus difficile de maintenir le couplet du « on ne me dit plus rien » et qu’il va falloir que je revoie sérieusement mes options. Or à mon âge avancé je ne vois guère qu’alzheimer comme explication un tant soit peu plausible à mes désordres mentaux. Gloops et re-gloops.

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publié par le 15/01/15