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publié par alex le 01/01/00
ryan adams
- heartbreaker
heartbreaker

fuite précipitée

premier album solo pour le jeune leader du groupe culte américain whiskeytown qui s’est séparé pour de bon il y a quelques mois. ryan adams n’a que 25 ans, et pourtant il a déjà une carrière plus qu’achevée derrière lui. la maturité de ce jeune artiste est même stupéfiante : comment imaginer, en écoutant les morceaux de whiskeytown, que leur auteur et principal interprète avait à peine plus de 20 ans à l’époque ? ce premier album solo a peu de points communs avec les disques de whiskeytown. le style est différent, beaucoup plus dépouillé, la voix de ryan adams est parfois méconnaissable, et les thèmes abordés ont logiquement changés. cet album a été construit autour d’un thème principal, la rupture de l’artiste avec sa petite amie, et la fuite précipitée de new-york que cette rupture a engendrée.

folk façon rock

comment décrire en deux mots le nouveau style musical de ryan adams ? la description donnée par adams lui-même, « un disque de folk façon rock’n’roll », est assez pertinente. l’album s’ouvre sur une conversation assez mystérieuse au sujet d’une chanson de morrissey entre adams et un de ses compagnons de studio. le premier morceau de l’album, "to be young", fait penser immédiatement à bob dylan. la voix est rauque, les guitares sont torturées, le ton est enjoué. c’est dans la plus pure tradition folk-rock, et ça déménage. "my winding wheel" et "amy", les deux chansons suivantes, sont à mille lieux de la première : ce sont deux magnifiques ballades folk, légères, avec des arrangements assez somptueux : les claviers, les cordes ou même une flute sont utilisés avec classe. les paroles sont pudiques, ryan raconte ses errances récentes, se remémore les moments de bonheur passés qui reviennent sans cesse le hanter. on sent une douceur, une humanité dans ces deux ballades que ryan adams ne nous montrait pas lors de la période whiskeytown.

une journée

il semble moins arrogant, moins sûr de lui, presque marqué par les dernières années écoulées. "oh my sweet carolina" est interprétée en duo avec emmylou harris. peut-être moins originale que les deux précédentes, cette ballade met néamoins une fois de plus la voix d’adams, qui se marie parfaitement à celle de la chanteuse américaine, en valeur. "bartering lines" est une petite déception. cette chanson n’est pas à la hauteur des autres, malgré quelques bonnes idées. cet album est construit comme une journée de la vie de ryan adams : on passe de moments de blues et d’abattement - comme le touchant "call me on your way back home" armé d’une guitare acoustique et d’un harmonica et de quelques cordes - au revanchard "come pick me up" où adams se remet en selle et règle ses comptes. "come pick me up" est d’ailleurs un des morceaux voire le morceau phare de heartbreaker. "why do they leave ?", une autre ballade remarquable, nous dévoile une autre facette de la voix étonnante de ryan adams, plus aggressive, plus tendue. "shakedown on 9th street" est un peu décevante : très rock’n’roll, cette chanson n’est pas très originale et échoue là où "to be young" avait réussi avec brio : ce morceau est bon, mais n’apporte strictement rien au genre. le premier disque de ryan adams est donc un travail de grande classe qui prouve une fois de plus que cet artiste a un don d’écriture remarquable, même s’il peut avoir tendance à se reposer un peu vite sur ses lauriers. les amoureux de musique américaine - la vraie, pas celle qu’on entend à la radio - ne seront pas déçu.

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publié par le 01/01/00
Informations

Sortie : 2000
Label : fargo

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