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publié par Mickaël Adamadorassy le 01/10/14
Royal Blood
- Royal Blood
Royal Blood

La première écoute de "Out of The Black", la piste d’ouverture du premier album du duo anglais Royal Blood ça fait un peu le même effet que de découvrir Shellac  : avant de parler de composition et de mélodie, c’est d’abord une question de son et d’impact. Le martelage de la caisse claire sur l’intro, le son monumental quand le riff fait son entrée... il y a un effet "waouh mais comment il fait ça avec une guitare ?". En fait, Mike Kerr utilise une basse mais comme une guitare, avec de la distorsion et en accords ou en riffs, lesquels sentent bon l’influence métal mais plutôt celui d’un Led Zeppelin, tandis que la voix a parfois un côté blues/hard-rock prononcé dans la manière dont les mots coulent ou scandent à l’unisson avec la basse.

Mais contrairement à Shellac, qui cultive l’extrême, la distorsion sale, abrasive, acide, chez Royal Blood, ça sonne "gros" mais finalement c’est du "gros" rond, médium... exactement comme du stoner en fait, lourd mais vintage. D’où les références nombreuses à Queens of the Stone Age quand on parle du groupe. Mais QOTSA, malgré le gros son ultra-léché, la brochette de très bons musiciens,n’a jamais réussi à m’intéresser. A contrario Royal Blood j’ai adhéré presque immédiatement : à deux forcément ils vont à l’essentiel, sonnent plus moderne car ils ne visent pas à reproduire le son d’un genre ou d’une époque, on est pas si loin du grunge, qui vient aussi du metal et manifeste les mêmes atmosphères sombres. 

Royal Blood c’est une usine à riffs, efficaces, implacables, calibrés pour le headbanging, un son énorme mettant en valeur les deux seuls instruments et ménageant en même temps un large espace pour la voix. Qui n’est pas forcément l’élément qu’on remarque en premier, elle est moins originale que le reste, que ce soit dans le grain ou les lignes chantées mais quand elle s’élève au cran supérieur ça donne les meilleurs morceaux du disque ("Out of the Black", "Blood Hands" ou "Little Monsters").

Jusque là le début de hype autour de ce duo anglais semble plutôt justifié, mais plus l’album progresse et plus un sentiment un peu gênant fait son apparition : au début du disque, en écoutant les riffs, on est en terrain connu mais on appelle ça "influence" et on est heureux de réentendre des groupes qui ont ces sources d’inspiration là plutôt que la mode "années 80 et synthétiseurs" du moment, qui décidément tarde à mourir. Mais alors que les pistes se succèdent, on commence à se dire "tiens je l’ai pas déjà entendu sur le disque ce morceau ?" et puis finalement d’"influences", on en vient à se demander s’il ne s’agit pas plutôt de "poncifs", tellement on a déjà l’impression d’avoir entendu tel riff ou tel break mais sans pouvoir y associer un morceau précis.

Heureusement l’album ne dure que 32 minutes et toutes ces critiques ont à peine le temps de prendre forme dans notre tête qu’on en est déjà à la fin et comme Royal Blood a la bonne idée d’avoir mis un très bon morceau ("Strangers") en fin de disque, on ne va pas faire plus la fine bouche. Après tout ce n’est qu’un premier album et par les riffs et le son ils ont réussi déjà à créer un disque jouissif. Certes il n’ y a pas grand chose qui dépasse, à la fois en bien et en mal, c’est du stoner rendu enfin intéressant par le minimalisme. L’avenir (et la scène) dira si ça suffit pour en faire un groupe qui dure, en attendant, il y a plein de raisons de prendre son pied avec Royal Blood.

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publié par le 01/10/14
Informations

Sortie : 2014
Label : Warner Music

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