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publié par Mickaël Adamadorassy le 07/09/09
Rock en Seine 2009

Bad luck

Pour moi Rock En Seine 2009, ce fut uniquement le samedi. et même un samedi assez tardif vu que je suis arrivé à peu près à temps pour le set de Jil Is Lucky, j’avais un souvenir diffus dans lequel Jil (qui s’appelle certainement pas Jil d’ailleurs) était censé être un songwriter talentueux et prometteur (les communiqués de presse sont rarement modestes). J’avoue que sa prestation à la laborieuse soirée CQFD du divan du monde m’avait laissé dans l’expectative mais dans le fiasco ambiant, on pouvait penser qu’il surnageait.

Dans la mare autrement plus conséquente de Rock En Seine, on peut dire globalement qu’il a pas trop mal barboté, cela dit on pourra plus remercier pour cela le groupe que Jil-qui-ne-s’appelle-surement-pas-Jil, le batteur tape bien fort comme il faut quand il faut, à la guitare, on retrouve Steffen de landscape/simple as pop qui fait des merveilles sur sa demi-caisse et le même violoncelliste qui accompagne les groupes square dog sur leurs derniers concerts. Quand Jil (qui n’est pas blablabla) c’est peut être encore une fois pas un bon jour pour lui mais la voix est plate et y a pas grand chose qui ressort dans les chansons. Néanmoins la magie du live c’est qu’il en faut pas tant que ça pour tenir un public et donc Jil is Lucky gagne à l’enthousiasme et à la bonne humeur car après les avoir méchamment chargé pendant tout un paragraphe, je vais néanmoins conclure en disant que j’ai bien aimé...

Malheureusement le set fut bien court et on se retrouve donc à aller voir à quoi ressemble Ebony Bones... A rien, je serais tenté de dire, en tout cas sur les deux morceaux que j’ai pu en entendre : d’abord une mauvaise reprise d’another brink in the wall de Pink Floyd et ensuite une mauvaise compo. Bien sûr les tenues sont super colorées, c’est original, frais blablabla.. pour la musique on repassera.

de gentils zouaves

Et encore un set de fini, que faire alors en attendant Zone Libre ? tentons dananananaykroyd, qui ont presque tout en double : 2 chanteurs, 2 guitaristes et.. deux batteurs, le bassiste lui doit se sentir un peu seul. Musicalement on va dire que c’est de l’emo rigolo, le peu de violence potentielle étant désamorcé par un mix où les guitares ne ressortent pas assez et la bonne humeur des chanteurs qui même s’ils beuglent beaucoup ont quand même l’air d’être de gentils zouaves. Devant dans un énorme nuage de poussière un poil asphyxiant, ça pogotte avec enthousiasme, et on s’y laisse prendre même si là encore y a rien de transcendant dans la musique, rien dont on se rappellera et qui donnera envie d’écouter l’album.

Jusqu’à présent, aucun groupe avec un chant vraiment bon, et l’impression que plutôt que de se démarquer dans la qualité des compositions, on essaie de compenser ailleurs (des costumes colorés, un nom imbitable etc...), Jil is lucky à côté des deux précédents, ça parait carrément très bon...

faire groover la perceuse

Enfin Zone Libre vs Casey & B James , pour moi c’était le coup de massue du Furia 2009 j’avoue que sur le papier un trio de rock instrumental qui invite des rappeurs à poser leur voix, je trouvais pas ça super bandant. Sauf qu’en fait on frôle l’orgasme, au niveau instrumental, aussi bien Teyssot-Gay que Marc Sens assurent à mort, ils se sont pas contentés de jouer leur musique et de demander aux rappeurs de faire avec, l’atmosphère des morceaux, la lourdeur des guitares, la recherche des grooves collent parfaitement aux propos, avec cette dose d’inventivité, d’expérimentations qui justifie complètement le nom de zone libre (mention toute particulière au passage où Marc Sens joue de la guitare avec une perceuse et arrive à faire groover le tout).

Quant aux textes, ils tienntent vraiment bien la route aussi, Casey expliquera que Rock En seine les avaient d’abord refusé à cause de la "violence" du groupe, pourtant dans ces paroles, s’il y a une violence c’est celle de la réalité, exprimée sans fard avec peut être une certaine colère mais aussi du recul. Le programmateur de Rock En Seine aura donc eu une bonne idée en les reprogrammant à la place d’une annulation car on tient là l’un des meilleurs concerts du jour que ce soit sur le plan artistique, que sur le plan de la performance live. Et ce malgré un son très moyen...

Car il faut le dire, d’une manière générale le son de rock en seine est mauvais, en particulier sur les deux grandes scènes, et même sur la petite, pour avoir eu l’occasion de comparer le même groupe jouant le même set au Furia avec dans les deux cas une bonne prestation, y a pas photo : là où au Furia le son était énorme et le concert aussi, à Rock En Seine, c’est brouillon et on reste un peu sur sa fin. Sur les grandes scènes, c’est pire : tout devant les basses sont horribles, si on est derrière c’est plat et sans vie. Bon il y a certainement un "sweet spot" où l’on obtient quelque chose d’à peu près potable mais je l’ai pas trouvé....

on se sort un peu les doigts du cul et on se motive

En parlant de mauvais, on mentionnera rapidement The Horrors dont on m’avait dit beaucoup de bien, l’image que j’en garde c’est un peu la première image que j’en ai vu : le chanteur sur un des écrans géants, l’air à peu près aussi motivé et concerné par ce qui se passait qu’un paresseux en train de faire la sieste. A côté le guitariste fait un énorme bruit (on s’apercevra par la suite que my bloody valentine est une des obsessions du groupe) pas spécialement intéressant, après il jouera de son instrument à peu près normalement mais le seul intérêt que j’ai trouvé au groupe c’est plutôt le claviériste qui de temps à autre nous gratifiera d’un son un peu rigolo ou simplement d’arrangements donnant un peu d’intérêt à une soupe par ailleurs assez fade.

Je comprends vaguement qu’il y a une sorte de concept, de volonté de créer une atmosphère proche des films d’horreur dans un esprit 80’s. Et que donc jouer sous l’astre solaire ne montre pas sous leur meilleur jour nos pauvres chéris, sauf que j’aurais tendance à dire que quand on a la chance de jouer dans un gros festival, on se sort un peu les doigts du cul et on se motive ou alors on refuse de jouer à une heure aussi "indue".

la musique n’en sort pas grandie mais au moins on s’amuse...

Quand j’ai quitté le groupe d’amis avec qui j’étais pour aller voir The Offspring, il faut le dire, ça a été sous les railleries et les quolibets. Et j’avoue que je n’avais pas grand chose de radical pour leur fermer le clapet. A part le souvenir d’une époque où Offspring c’était "come out and play" et son riff qui fit les grandes heures d’une radio depuis tombée dans la fange, ou encore "self-esteem" que je peux encore quasiment chanter en entier. Ou peut être un concert assez récent au trabendo qui était ma foi très correct... Après "give it to me baby" hunhun hun (hurlé de manière débile), y en a qui considèreront ça avec un mépris souverain et d’autres qui hurleront de manière débile et s’amuseront follement. J’ai choisi la deuxième optique.

Et donc immergé tout devant dans une fosse de gros fans en délire, même s’ils ont vieilli, même s’ils jouent la même chose qu’il y a dix ans comme il y a dix ans, même si Dexter au piano c’était quand même n’importe quoi, j’ai bien pris mon pied à réécouter ses vieux "classiques". C’est totalement inoffensif, la musique n’en sort pas grandie mais au moins on s’amuse...

Faith No More

C’est le groupe pour lequel j’avais fait le déplacement, et j’étais pas le seul manifestement vu le nombre de tee-shirts FNM croisés. Et bizarrement j’ai pas grand chose à en dire, ou alors des choses futiles, comme les costumes colorés et de franchement mauvais goût qu’avaient choisi nos 4 revenants. Musicalement évidemment ils sont tous impressionants, Patton est un chanteur monstrueux, Mike Bordin un batteur impeccable et doublé de la basse au placement sans faille de Billy Gould, c’est à la limite du poncif de dire à quel point la section rythmique de FNM assure, on pourrait presque n’écouter que ça.. Y a bien que les synthés qui ont peu de mal à ressortir, quand on l’habitude des versions disques, certains arrangements manquent un peu aussi.

Rien à redire aussi sur la setlist, beaucoup de king for a day, les morceaux les plus accrocheurs d’album of the year + les vieux classiques.

Oui, rien à redire, l’impression d’avoir vu un grand groupe, dégoulinant de facilité, mais pas d’avoir assisté à un évènement, à quelque chose d’exceptionnel. Le concert est un peu à l’image de la musique du groupe, de ce qui fait que s’il a un certain statut culte il n’a jamais vraiment percé, toujours le cul entre deux, trois ou quatre chaises, à alterner ou conjuguer des styles diamétralement opposés avec une classe énorme parce que les musiciens qui jouent sont très bons, mais en manquant toujours quelque part d’une forme de cohérence qui nuit à l’intensité du concert en temps qu’expérience.

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