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publié par gab le 06/10/08
pollyanna
- on concrete
on concrete

embrayage

Sachez tout d’abord que nous sommes entrés depuis quelques temps en période double. Cela a son importance. On aborde la vie différemment, c’est évident. Un bélier croise la lune montante et laisse traîner son ascendance vierge et vous vous retrouvez obligé de tout faire deux fois. Un passeport à faire refaire, ce sont deux photos d’identité qu’il fallait amener à l’ambassade. Après une heure d’attente inutile, vos pensées s’attardent sur l’étagère où vous avez reposé le matin même la deuxième photo avant de partir. Demain. Une commande par téléphone de pièces détachées d’automobile pour envoi d’urgence en Finlande (comment ça ? mais si c’est possible) et lorsque vous vous déplacez, seule la pédale d’embrayage a été commandée. à quoi bon une pédale d’embrayage sans le joli petit câble qui va avec ? (on se le demande). Demain. Et quand rien ne passe du premier coup, c’est sans surprise que la première écoute du récent album de Pollyanna vous laisse un peu en plan. Rien ne sert de lutter à armes inégales contre le sort (et on ne vous raconte pas quand la période double coïncide avec la période tout-tombe-en-rade). Demain. Le lendemain est un autre jour, et si il tombe un dimanche c’est encore mieux, votre fille de 4 ans vous réclame « Koyana » au p’tit déj, c’est un signe.

ruisseau

Notez que des signes il y en a d’autres en cherchant bien, comme ce truc autour du prénom Tristan en ce moment. Il suffit qu’un pauvre chroniqueur nomme son fils ainsi et dans la foulée Murat en fait un album, Pollyanna une chanson et Alcatel le met sur la boite d’un de ses téléphones. C’est trop. Il ne fallait pas. [quand le dit chroniqueur aura fini de raconter sa vie]. Et sans chercher trop loin, le signe majeur reste qu’au cargo on aime Pollyanna alors on persévère, on remet l’album. On ne tient en effet pas à rester sur cette impression d’un album un peu plat, sans trop de relief. On préfère se fier à l’exaltation qui nous a gagné à la première écoute sur myspace d’ "In the cornfields", véritable fait d’armes d’On concrete, coup de cœur instantané. Et rapidement le relief se dessine, "Lokken" tout d’abord, superbe morceau mélancolique aux arpèges délicats. Plus on s’approche, plus c’est vallonné et boisé. On accroche sans détours à "Folk song". On prend le temps de se laisser happer par "Friends" pour en savourer la transformation au bout de 3 mn et quelques. Et parlant de transformation, le deuxième mouvement de "Tristan" justement produit son effet certain. Enfin au détour d’un ruisseau on retrouve d’anciens compagnons, le "run" des débuts avec John et la chanson donnant son titre à l’album précédent "Whatever they say I’m a princess" (seraient-ils joueurs ?). De fil en aiguille, l’ensemble trouve sa cohérence et nous notre place.

steel

Or c’est sans doute le principal piège de cet album. Inévitablement on aimerait plus de folie, un aspect général moins sage, moins froid. On en vient même à vouloir les bousculer un peu comme ça pour voir. Sauf que ça ne servirait à rien, comme la vérité, ils sont ailleurs et lorsqu’on prend le temps de s’imprégner et de s’inviter dans leur univers, vous l’aurez compris, c’est tout sauf lisse. On retrouve la précision des arpèges et la qualité d’écriture qui nous ont toujours fortement attirés avec en plus quelques guitares saturées qui font du bien et les emmènent un peu plus loin. Quant à la froideur, « whatever they say I’m a princess locked in a tower of glass and steel ». C’est donc à nous auditeurs de prendre la tour d’assaut. Et pour ça le mieux reste encore de nous laisser bercer par cette fraîche mélancolie, le disque est peut-être sorti avant l’été mais on ne serait pas surpris outre mesure que derrière ces fauteuils confortables se cache en réalité un fort bel album d’automne.

égaré

Quant à nous, maintenant qu’on a fait notre chevalier servant dans le r.e.r en sauvant une demoiselle des griffes acérées d’un papillon de nuit égaré, il ne nous reste plus qu’à aller plonger dans des eaux glacées en mer d’Irlande. On vous laisse notre monture, prenez-en soin.

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publié par le 06/10/08