accueil > articles > albums > Placebo

publié par gab le 18/09/13
Placebo
- Loud like love
Loud like love

Le journal 20 minutes nous informait hier de la sortie d’un nouvel album de Placebo. Plus surprenant, selon eux il s’agirait « sans doute du meilleur album du trio ».

Une seule question nous taraude à l’issu d’une telle annonce : faut-il en rire ou faut-il l’écouter ?

Instinctivement, le rire s’impose. Cela fait bien bien longtemps qu’on n’attend plus rien de Placebo. Et pourtant … oui, pourtant fut un temps …

Mais le doute s’installe. Et s’il y avait du vrai dans ces propos ? Serait-ce possible que 17 ans après, ils nous refassent vibrer comme à la grande époque des "Come home" et "36 degrees" ? Peut-on prendre le risque de passer à côté du « meilleur album du trio » ?

Pire, doit-on délaisser l’écoute et la rédaction d’un article sur le superbe album d’Alela Diane pour aller écouter le disque d’un groupe qui déclare en interview « Maintenant, nous sommes assez sages, c’est vrai » ? Bon, ils ajoutent « Mais je ne crois pas que notre musique le soit ». Permettez-nous d’en juger par nous-mêmes messieurs.

Pencherait-on subrepticement du côté de l’écoute ?

Allez, juste une petite oreille vite fait, ni vu, ni connu.

***

Mais mettons, si vous le voulez bien, au clair nos attentes avant d’entamer l’expérience. Malgré nos précédents propos, on se doute bien qu’un groupe frôlant les 20 ans d’âge ne pourra décidemment pas renouer avec la fougue adolescente de ses débuts. Non, ce qu’on attend réellement par contre, c’est une vraie inflexion par rapport à la ligne sans relief que Placebo nous sert depuis un certain nombre d’albums maintenant. Une vraie prise de risques dans le chant et les mélodies, de la vie, du changement. Tout mais pas ce même morceau plan-plan tiédasse qu’ils nous servent depuis dix ans.

***

Et de la vie il y a, dans ce Loud like love, incontestablement. Bon, pour le changement faudra revoter mais on doit s’avouer agréablement surpris. Ce n’est évidemment pas leur meilleur disque, il n’en a jamais été question, on ne les voit plus maintenant faire mieux que leurs deux premiers disques à part sur un ou deux morceaux, c’est comme ça et c’est normal, mais l’album tient étonnement bien la route. Le chant est toujours aussi nasillard mais a perdu de son côté caricatural et gagne à être ainsi légèrement moins maniéré. A vrai dire on ne supportait plus le chant de Brian Molko, on ne retrouvait plus la force qui l’habitait sur les premiers disques, ça devenait rédhibitoire. En se faisant plus direct, ce chant quelque-peu-retrouvé ramène de la vie dans les morceaux de Placebo et ça fait bien plaisir. Côté paroles, mention spéciale à l’humour de "Too many friends", critique plutôt conventionnelle de notre société hypra-connectée, qui débute par un savoureux « My computer thinks I’m gay ». Petit brin d’autodérision bienvenu chez un Molko qui a toujours joué sur son ambiguïté sexuelle pour vendre l’image de Placebo. Côté musique, l’évolution est similaire à celle du chant. Un peu plus directe, légèrement plus pressante et bien plus connectée au chant justement, elle soutient bien le renouveau du groupe. Enfin, renouveau, restons mesurés dans nos propos et relisons deux secondes nos attentes initiales.

C’est qu’on a failli se faire avoir, pas d’inflexion, des prises de risques très limitées (oui, désolé, faire appel à un orchestre à cordes ne compte pas), rien de très nouveau à se mettre sous la dent. Mais malgré ce constat, on ne peut que se prendre à espérer. Ce n’est qu’une première écoute après tout. Le groupe ne change pas de direction, certes, mais il reprend le contrôle de l’embarcation. On peut à nouveau écouter Brian Molko chanter sans désespérer, ce n’est pas rien. Car on fait le fanfaron, on ironise sur la qualité des albums de Placebo mais dans le fond, oui, tout là-bas, on a de la peine pour nos vingt ans, ceux qui nous voyaient aux premiers rangs nous démener sur "Teenage angst". Allez, soyez sympa les gars, ne nous laissez pas vieillir trop vite.

 

 

Partager :

publié par le 18/09/13