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publié par Renaud de Foville le 22/03/00
patti smith
- gung ho
gung ho

l’ordre du divin

patti smith nous avait quitté l’année dernière, magnifique et impressionnante sur la scène de l’immonde bercy lors du concert de rem (dont vous trouverez quelques photos sur cargo) en première partie puis en duo avec michael stipe - l’un de ses plus grands fans - sur "e-bow letter". elle lui avait alors facilement ravi la vedette. elle avait réussi à nous faire regretter à tout jamais de ne pas l’avoir vu deux ou trois ans plus tôt sur la scène de l’olympia. de quoi pleurer de rage. car patti smith sur scène c’est de l’ordre du divin, et j’emme... tous ceux qui pensent le contraire. sur disque patti smith nous avait laissés en 97 avec peace and noise, qui suivait de près gone again. deux disques qui n’avaient peut être pas la flamme que l’on peut trouver chez elle sur scène, mais très beaux malgré tout. comme ce gung ho qui nous arrive. bon, on retire tout de suite de la compétition horses. album inqualifiable, tout simplement un des grands disques de l’histoire du rock, monument toujours vivant, et influence majeure que toute discothèque doit avoir.

monument vivant

des petits gars comme michael stipe, justement, que l’on retrouve sur gung ho avec la participation de tom verlaine également, ou bono ont avoué avoir eu envie de faire du rock après avoir entendu horses. j’entends d’ici les remarques des détracteurs de u2 ou rem, mais ce ne sont pas les seuls groupes que j’aurai pu citer... gung ho n’est pas horses - ça c’est de l’analyse - sur certains morceaux la musique n’est pas toujours à la hauteur. la guitare de "persuasion" n’est pas des plus performante, voire un peu f.m, l’air de "gone pie" ne tient pas vraiment la route, mais force est d’avouer que la voix de patti smith sauve n’importe quel morceau. on reste à chaque fois sous le charme de cette voix un peu nasale, si spéciale, douce et forte à la fois, impressionnante, hypnotisante. la preuve : un morceau aussi simple et beau que "china bird" la met particulièrement en valeur. on reste conquis, sous le charme. cette voix qui nous emmène très loin et très haut sur "glitter in their eyes" que la guitare - de oliver ray - aurait facilement pu gâcher avec son petit refrain un peu plan plan.

femme politique

patti smith n’est pas une légende enfermée dans son passé, elle est une femme qui aime et qui vit, qui revendique et qui a des choses à dires, qui aime les mots, qui aime les textes. patti smith s’écoute et se lit. elle est une femme politique, qui aime chanter/scander d’une manière très particulière ses propres mots comme sur "strange messengers". c’est vrai que les meilleurs morceaux de l’album sont la plupart du temps les plus simples, les plus dépouillés, souvent acoustiques (comme le très beau "grateful"). mais attention, cela n’empêche pas un morceau comme "new party" ou le très country "libbie’s song" de nous faire aimer toujours un peu plus patti smith. l’album se clôture sur un très long morceau, un hommage. impressionnant - c’est le moins que l’on puisse dire - et très beau morceau éponyme, écrit par l’ensemble du groupe qui l’accompagne depuis pas mal d’années. il nous prouve - même si cela n’était pas franchement utile - que patti smith n’a pas abandonné ses idées, ni ses idéaux. qu’elle reste fidèle, et que plus que jamais ses opinions et ses revendications sont d’actualités. que plus que jamais on a besoin d’elle, de sa musique bien sûr, de sa poésie et de ses idées. alors écoutez ce nouvel album de patti smith (qui n’est pas je vous l’assure la sœur de robert), et peut être plus spécialement les morceaux qui accompagnent avec simplicité cette voix magnifique, unique, cette voix qui nous donne des frissons, qui nous donne envie de se poser, d’écouter, de prendre un peu de temps et d’arrêter tout pour consacrer quelques instants à patti smith, pour l’écouter et l’aimer.

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publié par le 22/03/00