Ce disque était attendu comme le messie (ou presque). Oui, Preservation devait sauver un début d’année catastrophique musicalement parlant, il devait, sur la lancée du premier album de la néo-zélandaise Nadia Reid, tout avaler sur son passage, me mettre en pamoison et me jeter sur ma guitare pour une série de reprises transies. Mieux, il devait me permettre de rebondir cargotement parlant en m’inspirant une chronique du feu de dieu après des mois d’abstinence. Bref, j’avais placé mes espoirs les plus fous sur ce disque (au point de l’acheter à l’ancienne, yeux et oreilles fermées). Trop d’attente, trop de trop, et je vais forcément être injuste avec ce disque qui n’est pas si mauvais au final, c’est la déception qui prend le dessus. On devrait pas s’en remettre comme ça à un disque mais que voulez-vous, on ne se refait pas.

peau

Et pourtant, on lui a laissé sa chance, en souvenir de Listen to formation, look for the signs justement dans lequel on avait mis du temps à rentrer. Mais point de "Holy low" ou de "Ruby" cette fois pour nous rattraper par la peau des fesses et nous ramener fissa à la raison. Et pourtant Nadia Reid n’a perdu aucune de ses indéniables qualités vocales. La faute peut-être à un morceau d’introduction très lent et pesant. La faute sans doute aux sonorités générales du disque très datées (le son de guitare notamment), à la quasi absence très surprenante de guitare acoustique. La faute en réalité à un parti pris esthétique qui plombe le disque, en tout cas de notre point de vue. Et même les morceaux qui auraient dû nous émouvoir profondément ("Richard", "Te Aro") restent en surface de par leurs orchestrations et leur solennité. Trop de solennité tuerait-elle la solennité ?

nature

Déception donc à la hauteur des attentes, l’émotion n’est pas au rendez-vous mais on ne se laissera pas abattre en si bon chemin. Que Nadia Reid continue à poser comme ça devant du Jackson Pollock et qu’elle nous ponde un magistral troisième album dans un an ou deux. Notre nature optimiste nous incite inévitablement à continuer de placer tous nos espoirs en elle … mais peut-être pas les yeux fermés cette fois-là.