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publié par gab le 22/07/10
Nada Surf - La Maroquinerie, Paris - 19/07/2010
La Maroquinerie, Paris

Il ne faudrait pas trop qu’on prenne l’habitude de commencer nos articles sur Nada Surf de cette façon, c’est jamais bon signe, mais force est de constater que quinze ans après leurs tonitruants débuts popularesques, c’est avec un enthousiasme et un plaisir intacts -on en est les premiers surpris- qu’on les retrouve à nouveau sur scène cette année à l’occasion de la sortie leur album de reprises If I had a hi-fi. Un frétillement d’impatience largement justifié puisqu’ils nous le rendent bien, notre enthousiasme. Quinze ans, un bon petit palmarès de tubes en tout genre et toujours aussi ouverts sur scène et hors-scène, en témoigne l’offre de boissons de Matthew à l’issue de la session enregistrée pour le cargo (bientôt en ligne) une heure à peine avant leur montée sur scène, genre de proposition extrêmement rare pour ne pas dire inédite quelque soit la renommée du groupe. D’ailleurs si on cherchait à résumer en quelques mots un concert de Nada Surf, cela tournerait surement autour du thème de « protagonistes qui se le rendent bien », une relation qui ressemble à s’y méprendre à de la communion entre un groupe happy-kiddement-bien-dans-ses-baskets et une base de fans indétrônable. Une communion tellement communicative que même sans se considérer comme fan ultime, rien que le fait d’être dans la salle vous propulse instantanément en tant que membre de la famille, vous refile une pêche grisante et un sourire jusqu’aux oreilles. Mais on anticipe quelque peu, reprenons le fil d’une journée riche en surprises et placée sous le signe des Go-betweens.

parrainage

Et en effet, ce sera le fil rouge, tout à fait à notre gout, entre la session filmée dans les loges avec Matthew seul à la guitare sèche pour trois morceaux (le joyau pop "Love goes on" des Go-betweens donc, un "Enjoy the silence" de Depeche Mode nettement transformé et son propre "Concrete bed"), la première partie du concert (Toy Fight) qui reprenait de belle manière le toujours excellent "The house Jack Kerouac built", et Nada Surf au complet revisitant à nouveau "Love goes on" dans une version très enlevée. Très bon choix de parrainage pour cet album de reprises dont on découvrira plusieurs morceaux en live et notamment la très remarquée adaptation de Depeche Mode, "Enjoy the silence". Ce morceau emblématique, piège de par sa sur-représentation dans le monde des reprises, se trouve ici brutalisé, totalement nada-surfisé pour devenir un entrainant hit pop, véritable tour de force auquel on ne résistera que quelques instants pour la forme avant de succomber dans la chaleur étouffante de la Maroquinerie. Et d’ailleurs, on parlait précédemment de communion, Matthew l’a aussi relevé pendant le concert, la salle est pour beaucoup dans l’ambiance avec sa taille humaine et son agencement en amphithéâtre, des conditions optimales de bout en bout (et ce, malgré la chaleur) pour bien pimenter l’événement.

re-chamboul-tournés

Certes la salle joue mais cela ne fait pas tout, depuis le temps ça se saurait, et d’expérience justement on sait que Nada Surf s’adapte à merveille à toutes les conditions. Il faut dire que le groupe est passé maître dans l’art de ménager ses effets et ses hits en attaquant d’entrée sur les ultra-efficaces "See these bones", "Happy kid" ou encore "Whose authority", puis en faisant monter le plaisir plus en douceur sur des "Inside of love" et les classiques "80 windows" et "Killian’s red", pour enfin réenclencher l’accélérateur et finir en trombe sur "I like what you say", "Always love" et, apothéose, un "Blankest year" interactif à rallonge, avec au moins deux ou trois relances et Daniel finissant dans le public plus que jamais acquis à leur cause. Autre élément d’importance, Nada Surf s’est enrichi sur cette tournée d’un nouveau membre, Martin Wenk, pigiste de luxe débauché chez Calexico et présenté fièrement par Matthew en début de concert. Double effet Martin Wenk on va dire puisqu’au départ on reste relativement sceptique sur son apport aux claviers et à la guitare (la faute au mixage sans doute) mais au moment où on l’a un peu oublié dans son coin, le voila qui intervient avec force et transcende d’une trompette rageuse les quelques morceaux qui lui tombent sous la main (notamment un "80 windows" d’anthologie qui, on l’espère, sera immortalisé un de ces jours sur CD), nous laissant tout re-chamboul-tournés.

intact

Voila, si certains se posent encore la question saugrenue du pourquoi aller voir Nada Surf sur scène en 2010, la réponse est finalement la même qu’il y a dix ans, ce qui cette fois est très bon signe. Nada Surf est un des rares groupes à faire une (power)pop sans concessions, grand public sans tomber dans la facilité, à avoir conservé intact son énergie adolescente, à vous refiler la patate plusieurs heures, voire jours, après la fin du concert. Un des rares groupes finalement à aller voir les yeux fermés, le palpitant bien accroché.

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publié par le 22/07/10