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publié par tairanteuh le 29/12/05
minus story
- no rest for ghosts
no rest for ghosts

orbites

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À l’instar de ce que suggère son patronyme, minus story ne dispose pas d’une notoriété ébouriffante. Énième groupe de pop vaguement psychédélique, un peu tristounette, disposant de peu de moyens, il eut été facile de les ranger à l’issue d’une simple l’écoute comme une formation de seconde zone, marchant gentiment sur les pas d’aînés illustres tels neutral milk hotel ou grandaddy. D’un abord peu engageant avec cette pochette bigarrée ornée un hideux crâne rose, sans parler du disque lui-même sur lequel le crâne crayonné a les initiales rougeâtres du groupe comme orbites... une laideur dont on pensait seul radiohead circa kid a capable... il semble que le groupe ait eu d’autres retours de cet acabit puisqu’il organise un concours afin que lui soit soumis une oeuvre d’art sur le fantôme, en vue d’une future réédition ?. Cela se passe ici si vous êtes tentés.

technique

Cette parenthèse sur l’objet faite, le réel intérêt de cet album est tout de même ce qu’il renferme. Sans rire. Et de ce point de vue-là, l’allure de leur musique est inversement proportionnelle à l’emballage. C’est dire s’ils atteignent des sommets. Il ne s’agit pas non plus d’égrainer les superlatifs à leur propos. Car le plus curieux dans ce No rest for ghosts est son imperfection et la difficulté dont il en découle de vanter tel ou tel aspect. Ce disque est cousu main, brodé sur une trame loin d’être originale. Certes, Minus story déborde d’idées dans ses compositions. Mais Le vrai tour de force est bien évidemment de marier ces idées de manière cohérente sans sombrer dans le vulgaire exercice de style ou la démonstration purement technique.

magie

De ce point de vue là, c’est un indéniable succès même si cet album respire le peu de moyens, il fait preuve d’une grande ingéniosité dans sa progression. Il est travaillé sans être pour autant lisse et poli ou aseptisé à la manière d’une production pop anglaise. Ce travail sert au contraire à exacerber de manière troublante la sensibilité de minus story : la voix est sans cesse sur le fil, les morceaux d’une fragilité maladive. Il n’est d’ailleurs pas un morceau qui prenne le pas sur un autre, pas d’hymne évident qui se détache - cela explique peut-être que le groupe ait mis l’album à écouter en intégralité en streaming. écoutez un des deux mp3 disponibles à la fin de l’article, vous ne risquez pas d’être convaincu. Plongez vous dans l’album, la magie opérera plus vraisemblablement.

tripes

Ce n’est pourtant pas une question de magie, de quelque sortilège, d’une incantation destinée à troubler le répit des fantômes. Comment expliquer le charme de cet album ? Cela provient certainement de ce que minus story livre une musique à taille humaine. Ce qui dans l’absolu ne veut pas dire grand chose, je le concède. Pourtant, le charme de no rest for ghosts vient bien de cet aspect humain, personnel de leur musique. Elle dégage une impression de proximité, et semble être une invitation à entrer franchement dans leur univers. ce petit numéro de funambule prend aux tripes. De “i was hit” à “in our hands”, en dix petits titres d’une musique sombre, dépressive, à l’équilibre précaire, on est suspendu à la voix de jordan geiger. son timbre hésitant le place entre un herman düne et jason lytle.

pénombre

La comparaison avec grandaddy semble facile et pertinente : les minus story sont barbus (comment ne pas réitérer ce cliché routinier), ils utilisent des nappes de synthés, la musique est déprimée, les textes optimistes... pourtant dans l’ensemble c’est plus à une version égayée et lumineuse de black heart procession que no rest for ghosts évoque. minus story partage avec eux ce côté lunaire, le goût pour le crépuscule et le morbide. Les morceaux sont d’une lenteur noctambule. La nuit, la pénombre. N’en est-il pas question sur le délicieusement lancinant “hold on” ? par endroit, leur spleen ressemble aussi à celui que beulah déclinait avec brio sur yoko - espérons que ce ne sera pas pour minus story l’album épitaphe comme ce le fut pour beulah (!). no rest for ghost est une très belle surprise de la part de ce groupe que je considérais comme mineur, certainement l’album le plus usé de ces derniers mois et finalement, le lauréat de mon année 2005.

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publié par le 29/12/05
Derniers commentaires
harvey - le 12/02/06 à 22:14
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completement d’accord avec toi. personnelement, il y avait longtemps qu’un album ne m’avait touche aussi profondement. en tout cas pas depuis le dernier Cyann and Ben. bravo pour la justesse de ton ecriture.

Informations

Sortie : 2005
Label : jagjaguwar