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publié par benoît le 21/04/08
Merz - Flèche d'Or, Paris - 17/04/2008
Flèche d'Or, Paris

On ne dira jamais assez tout le bien que l’on pense de Merz, alias Conrad Lambert, songwriter anglais dont le talent n’a d’égal que la modestie. Le 17 avril dernier, il présentait son nouvel album Moi et mon camion à la Flèche d’Or, dont il partageait l’affiche avec Maison Neuve et Broadcast 2000.

Si le premier groupe, un trio rock français, n’a pas suscité autre chose qu’un ennui poli dans un public encore clairsemé, les britanniques de Broadcast 2000 ont en revanche réussi à captiver l’assemblée avec leur pop exotique et entêtante. L’élégant leader du groupe, le multi-instrumentiste bristolien Joe Steer, était accompagné d’un batteur efficace bien que désarmé (une simple caisse claire entre les genoux), et d’un xylophoniste dégingandé. Une formation attachante dont l’insouciance communicative n’est pas sans rappeler celle de Vampire Weekend.

Lui et son camion

Lorsque le rideau rouge se rouvre sur Merz, après que l’équipe technique ait réglé non sans peine de petits problèmes de retours, Conrad Lambert lance un tonitruant « Bonsoir ! » et on a la bonne surprise de le découvrir accompagné d’un solide batteur et d’un nouveau bassiste qui remplace Charlie Jones, en pleine tournée avec Goldfrapp (qui jouait la veille au Casino de Paris). Bien que Merz ait fait sa récente tournée de promotion anglaise seul sur scène, on peut parier que la formule du trio sera conservée pour les prochains concerts en Allemagne, tant leur unique prestation parisienne était réussie - résultat d’une complicité évidente.

Conrad annonce d’emblée qu’ils vont interpréter l’intégralité du nouvel album, dans l’ordre, et joint le geste à la parole en entamant “The eviction song”, aimable ballade arpégée, sobrement accompagné par ses deux acolytes. Puis la contrebasse est troquée contre une basse électrique, le batteur attrape ses balais, et Merz change son fusil d’épaule en s’emparant de sa guitare électrique pour le très bluesy “Call me”, avant un “Sad Eyes Days” hypnotique et hanté qui achèvera de conquérir un public charmé.

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Public à qui il présentera ensuite sa mascotte, le petit camion qui donne son nom à l’album, en prenant soin de préciser « the engine is on fire - what’s the french for fire ?... ..."Fou" ? "Fûûû" ? "Feu, right ? », ravi de recevoir un cours particulier par 300 personnes à la fois. On évitera de rapporter cette anecdote désobligeante à la société de déménagements britannique qui porte le même nom, et à laquelle Merz fait souvent appel pour ses fréquents changements d’adresse ; il vient d’ailleurs de s’installer en Suisse, non pour de basses raisons financières, mais pour suivre sa femme correspondante pour la BBC. L’occasion pour lui de perfectionner son français, qu’il n’apprécie pour l’instant que phonétiquement, comme il nous le confiait il y a quelques semaines avant son concert à Portsmouth. « J’aime tout simplement la sonorité de cette phrase en français... « Moi et mon camion » ; et la plupart des chansons de l’album parlent de voyage, d’éloignement de ses racines ».

Lune d’Or et Flèche d’Argent

S’éloigner, et pourquoi pas jusque sur la Lune, comme il est question dans “Silver Moon Ladders”. C’est lentement que Merz nous fera gravir les barreaux de ses échelles vers la lune d’Argent, comme pour défier la Flèche d’Or qui s’affiche crânement au-dessus de sa tête, et qui sera le témoin de son talent de compositeur dont les mélodies torturées, parfois difficiles d’accès sur disque, trouvent sur scène tout le temps de se déployer. Comme pour me faire mentir, vient ensuite l’OVNI du disque, le très rock’n’roll et catchy “Lucky Adam”, pendant lequel il se laissera aller à quelques acrobaties dont sa coiffure ne se remettra pas... Une coiffure aussi singulière que sa voix, qui achève de faire du méconnu Conrad Lambert un personnage incontournable du folk moderne. «  Merz sonne comme personne d’autre au monde, et le monde se porterait bien s’il n’écoutait personne d’autre », résume joliment son plus célèbre admirateur, Chris Martin de Coldplay.

Après une “First & last waltz” qui fera office de rappel, c’est comme Merz que le public quitte la salle : le sourire aux lèvres.

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publié par le 21/04/08
Derniers commentaires
air - le 21/04/08 à 12:00

Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
mais pourquoi je suis jamais là quand il passe... c’est pire qu’une malédiction...
J’suis dégouté.