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publié par Mélanie Fazi le 11/10/16
Maud Lübeck - "J'ai fait renaître ces chansons ensemble"

Quatre ans déjà que nous réalisions notre première interview avec Maud Lübeck dans un café parisien par un matin pluvieux d’avril, rencontre dont nous gardions un excellent souvenir. Il s’est passé beaucoup de choses dans l’intervalle. Des concerts que nous avons pris grand plaisir à suivre, des premières parties pour Dominique A dont Maud se disait être une grand fan dans l’interview précédente, mais aussi quelques tourments personnels (qui forment la matière de ce nouvel album) et professionnels (qui en ont retardé la sortie).

Nouveau rendez-vous dans un autre café, dans un autre coin de Paris, tout près de son nouveau « chez elle » où fut enregistré Toi non plus. L’interview se poursuivra par une séance photo réalisée chez Maud, en clin d’œil aux coulisses de ce magnifique album : quelques images volées au décor où il a vu le jour (et où nous reviendrons quelques jours plus tard tourner une session). Une manière d’assumer pleinement le côté fait maison d’une musique qui, loin de s’en voir limitée, y trouve finalement sa richesse et son aboutissement.

Après La Fabrique, tu avais signé chez un label qui devait sortir cet album dans une version studio aux arrangements très travaillés. Mais le label a fermé ses portes et tu as finalement enregistré Toi non plus seule chez toi, comme c’était déjà le cas pour l’album précédent. Ta conception de cet album en a-t-elle été chamboulée ?

Ça a tout chamboulé. J’ai transformé mes cordes en nappes de synthé, mes batteries en boites à rythmes, mes pianos en sons électroniques. Je ne voulais pas d’un album qui ressemble à une pâle copie de ce que j’aurais pu faire en studio. Je ne voulais pas que ça sonne faux. Du coup, j’ai cessé de penser instruments et j’ai pensé sons en explorant ceux de mon ordinateur, de ma machine.

C’est intéressant car ça donne une couleur très particulière à cet album. Il est très différent du précédent et possède vraiment une grande cohérence au niveau du son.

La cohérence vient aussi du fait que j’ai revisité les chansons de Toi non plus dans un laps de temps très court, que j’avançais souvent sur plusieurs morceaux en même temps et que je retouchais les uns en fonction de ce que j’avais fait sur les autres. Je les ai fait renaître et grandir ensemble.

Les chansons ont-elles été composées en piano-voix ?

Je ne compose jamais en piano-voix, je ne suis pas assez bonne instrumentiste pour ça. Il peut y avoir un premier jet au piano mais il y a toujours un moment où ce que j’entends va plus vite que ma maîtrise du piano. Le temps de trouver les notes me coupe de l’inspiration. Alors que devant mon ordinateur, tout va très vite. Et puis il arrive aussi qu’un morceau parte de la rythmique, donc un peu compliqué de jouer un solo de batterie avec un son de piano. C’était le cas pour la chanson « Toi non plus » par exemple.

Dans la première interview, on avait parlé du fait d’enregistrer seule chez toi et tu m’avais dit qu’autant tu aimais être seule pour la partie création, autant le fait d’enregistrer seule s’était fait par défaut. C’est de nouveau le cas sur cet album. Est-ce que ça pourrait finalement devenir une forme d’identité, quelque chose que tu revendiques ?

(amusée) Là, je commence à me dire que c’est une fatalité, je vais finir par croire que c’est mon destin d’enregistrer des albums seule chez moi. Le fait est que je commence à avoir une vraie maîtrise de ça et que mon souci premier étant toujours de reproduire exactement ce que j’ai dans la tête, j’enregistre des maquettes toujours extrêmement abouties qui ressemblent à du définitif. J’aurais peur de perdre cet esthétisme en allant réenregistrer après mes musiques avec des musiciens en studio.

Sur certains morceaux, comme « Tombe », « J’oublie » ou « La noyée », il y a une forme de lyrisme qui n’était pas présente sur ton album précédent. Et là, on entend tout à fait ce que ça aurait pu donner avec des cordes.

Par exemple, « Tombe » tenait principalement à un piano, de la batterie et un ensemble de cordes avec des arrangements très amples. Moi, je l’entends, ce truc, et franchement, c’est beau ce que j’entends. (rire) Et effectivement comme j’ai gardé ses arrangements d’origine en changeant simplement les sons, on ne perd pas le lyrisme du morceau. Autant à l’écoute de La Fabrique, j’éprouve une forme de frustration, autant pour l’album Toi non plus, j’aime le parti pris. J’ai délibérément choisi de mettre des sons de synthés sur mes morceaux et ne ressens aucune frustration.

Comme chaque morceau a vraiment une identité très différente, autant sur le fond que sur la forme, on n’a pas du tout l’impression de répétition qui pourrait être induite par ces limitations de moyens. Si tu prends « J’oublie » ou « Toi non plus », on n’est pas du tout dans le même registre.

Oui, parce qu’ils ne parlent pas de la même chose et que je fais vraiment un travail d’illustration sonore… Du coup, même si j’utilise un peu les mêmes sons, je les amène ailleurs. Je parle d’illustration car il y a toujours une sorte de mise en scène musicale. Sur « La noyée », je voulais qu’on entende la noyade et l’eau. Dans « J’oublie », il y a ce pont musical, un peu comme une séquence de film, où on entend des voix, du brouhaha parce que fondamentalement j’aime travailler mes chansons comme je travaille mes musiques pour l’image.

L’album est sous-titré « Chroniques d’une séparation » et les chansons ont été écrites au fil d’une séparation réelle. À quel moment as-tu commencé à concevoir l’album comme un ensemble ?

En février dernier. Les chansons ont été écrites en 2013, une année où j’étais très inspirée, assez productive, je continuais à faire de la scène et je sentais que c’était le moment de rouvrir les vannes de la créativité pour enchaîner avec un deuxième album. Bref, j’ai écrit une dizaine de titres, mais sans savoir où j’allais ni quels seraient au final les morceaux choisis. C’est en février, quand j’ai tout réécouté, que j’ai réalisé que j’avais dix chansons autours du thème de la rupture. Chose dont je ne me rendais absolument pas compte en les écrivant, sachant que, comme l’album parle de l’avant séparation et de l’après, quand j’ai écrit les premières, je ne savais pas que j’allais me séparer. J’étais même surprise par autant de cohérence et par le fait que certaines chansons se répondaient entre elles. Dans « Encore », je pose une question à laquelle « Toi non plus » répond. « L’imperméable » qui parle de l’anesthésie des sentiments est la suite logique de « Toi non plus » qui traite de l’anesthésie du corps. J’ai aussi réalisé récemment que je termine « La coupure » par « je ne vois plus rien, plus rien du tout, j’ai coupé le courant » et que j’enchaîne dans « À la fin » par « À la fin, je ne voyais plus rien ». Ça n’est absolument pas fait exprès. C’est mystérieux.

Un des aspects les plus réussis de l’album est sa façon d’explorer différents états d’esprit autour de la séparation, et « Toi non plus » est l’un des morceaux les plus marquants, grâce à ce procédé qui consiste à détailler les parties du corps sans qu’on sache bien à qui elles appartiennent. Ça parle de cette frontière qui devient floue entre soi et l’autre.

C’est exactement ce que je voulais faire. Quand j’écris une chanson, je pars d’un scénario que j’essaye de mettre en scène. L’écriture est chez moi plutôt cérébrale contrairement à la composition où je suis dans l’émotion, la sensation. Dans « Toi non plus » je voulais parler de ce qui se passe physiquement quand on se détache de la personne qu’on aime, du coté chirurgical de la séparation. Pour moi, c’est comme si tu prenais un scalpel et que tu coupais les corps en deux pour les séparer. Je m’imaginais dans un bloc opératoire et je voulais que tout soit très froid, juste nommer des parties du corps, « dans mon corps, dans ma bouche », etc. Je voulais aussi mettre en opposition la voix très détachée et monocorde comme un électrocardiogramme plat et la rythmique très présente qui exprime la lutte des corps et du cœur. C’est mort mais ça ne veut pas mourir.

Et je voulais aussi amener le texte vers le sentiment d’étrangeté, vers cette confusion de soi, de l’autre, toutes ces choses qui se passent dans une séparation quand tout d’un coup tu ne sais plus où tu es, qui tu es, tu es perdu sans l’autre, ton corps devient bancal. Ce qui m’a amusée, c’est de me rendre compte qu’en changeant simplement l’ordre des mots d’une même phrase, on glissait dans une dimension poétique. Ça semble se répéter mais ça ne se répète pas du tout. Ce n’est pas pareil de dire « Dans mon sang, dans mon cœur, dans mes veines » puis « mon sang dans ton cœur dans mes veines » et finir par « mon sang dans tes yeux, mes larmes dans tes veines ». J’utilise toujours les mêmes mots mais je fais rentrer progressivement l’émotion, juste en changeant leur ordre. Et ça, à découvrir, c’était grisant… Ce qui me fait rire, c’est que c’est un texte plutôt dur, mais que je m’amuse en l’écrivant. Je ne suis pas dans la tristesse quand j’écris, très clairement.

Il y a effectivement souvent un angle particulier dans tes chansons. « Je plus rire » rend aussi très bien cette impression de perte de repères. Il y a cette façon de déconjuguer les verbes qui crée une mise à distance, et l’autre personne à qui tu dis « tu » pendant tout l’album devient soudain « vous ».

C’est ça. « Je plus rire », c’est parti de la phrase du refrain, « Je suis plus raccord à rien du tout, je suis plus accordée du tout ». Je ne pouvais pas dire ça et faire des phrases bien construites : « je ne suis pas accordée », donc le « je », je ne peux pas l’accorder au verbe. Je vais jusqu’au bout de mon idée. La construction même du texte doit refléter ce que j’exprime.

On trouve aussi un procédé déjà présent sur La Fabrique qui consiste à prendre un élément ou un objet pour lui faire raconter une histoire. Notamment sur « La coupure » qui est simplement l’énumération de ce qu’on fait au moment d’un déménagement, sauf que ce déménagement raconte entre les lignes la séparation effective, le moment où on quitte l’appartement commun.

J’ai réalisé le double sens de « couper le courant », courant électrique et courant émotionnel et je me suis dit « c’est magique ». J’adore les phrases qui veulent dire deux choses en même temps. Du coup, on peut parler d’un appartement en parlant de soi.

Dans l’interview précédente, tu m’avais dit que tu écrivais souvent à partir de jeux de mots et pas tellement pour exprimer des choses personnelles. Mais sur cet album, les jeux de mots sont plus discrets et le thème de l’album est quand même assez personnel. Cette affirmation est-elle encore vraie ?

Eh bien je crois que ça a changé. Dans l’album Toi non plus, les jeux de mots sont mis au service de mon inspiration, contrairement à l’album La Fabrique où je me mettais au service des jeux de mots d’où partait l’inspiration. Dans « J’oublie », ce n’est que du jeu de mots.

Dans « J’oublie » effectivement, mais ils sont plus discrets sur d’autres morceaux. Ils ne sont pas aussi voyants que par exemple dans une chanson comme « Je t’aimais trop », sur La Fabrique, qui n’était faite que de jeux de mots.

« J’oublie », ça a été compliqué à écrire, franchement, j’ai galéré. Je voulais parler de cette période assez étrange, après une séparation, quand tu t’entends bien avec la personne dont tu te sépares, que tu continues à la voir et qu’il n’y a plus de tension. Tu as l’impression que tout va bien et tu as tendance à idéaliser les choses et à oublier pourquoi il y a eu séparation. Du coup, je voulais pouvoir dire dans une même phrase une chose et son contraire. Là, le jeu de mots se met à mon service, mais va trouver des mots qui permettent ça... « On était encore hier deux petits pots de colère ». En une phrase il y a ce que j’idéalise « deux petits pots de colle » et ce que j’oublie « la colère ». Tout le texte est construit sur ce principe. Ça a été le plus dur à écrire de l’album. J’en suis vraiment contente parce que c’était un défi. La langue française est bien faite.

On parlait de lyrisme tout à l’heure, c’est peut-être la chanson où c’est le plus flagrant. Et ça, c’est totalement nouveau chez toi.

J’ose peut-être faire durer plus longtemps les chansons, prendre le temps de développer des passages instrumentaux, sortir du texte.

On est moins dans la musique qui illustrerait simplement la mélodie, il y a un côté plus cinématographique.

Qui correspond aussi à ma deuxième approche de la musique… L’illustration pour l’image, j’en fais moins mais c’est quelque chose que j’ai fait beaucoup à un moment et les musiques de film, c’est mon truc. Disons que dans Toi non plus, je laisse un peu plus la musique s’exprimer, se déployer.

Tu as même sorti la B.O. d’un film imaginaire, Lobotom, qui était aussi un album concept d’un genre très différent.

En fait, je crois que c’est vraiment mon truc de faire des albums concepts. Encore une fois, je ne me suis pas dit au moment où j’écrivais les chansons de Toi non plus que je ferais un album concept, mais pour moi c’est quand même un retour aux sources. Ça me parle plus : une chanson, c’est trop court.

Sur cet album on sent une vraie évolution dans ta manière de chanter. C’est quelque chose qu’on commençait à entendre dans les derniers concerts de ta tournée précédente et qui devient ici évident sur certains morceaux. On a l’impression que quelque chose se libère.

Je m’en rends compte, je le ressens quand je chante. Je crois que je commence à oser chanter. Mais fondamentalement, je n’arrive pas à me dire que je suis une chanteuse, pour moi je suis auteur-compositeur et je mets ma voix au service de ma création, c’est-à-dire qu’en gros je chante juste au moment où je m’enregistre et après pour m’accompagner sur scène. Mais c’est peut-être plus incarné, je suis d’accord. Et puis il y a aussi un plaisir à chanter que je découvre.

Sur « La noyée » ou « J’oublie », par exemple, l’émotion tient beaucoup à ça.

Ça me fait plaisir que tu dises ça. Je suis en train de revisiter mes morceaux pour des versions live en piano-voix et je me rends compte que je suis plus dedans, plus dans ma voix. Ma recherche, dans ma revisite, ne tient pas seulement au piano. La voix fait partie de la revisite, et ça c’est nouveau.

En 2013, Dominique A t’a invitée à assurer plusieurs de ses premières parties. Que t’a apporté ce soutien et le fait de te produire devant son public dans de plus grandes salles ?

Déjà pour moi, en grande fan de Dominique A, c’est sûr que d’apprendre qu’il aimait mes chansons m’a beaucoup émue. Et très concrètement, ce que ça m’a apporté… Avant Dominique A, mon trac sur scène était plus grand que mon plaisir. Avec Dominique A, la première fois où j’ai fait sa première partie, le plaisir d’être là a été beaucoup plus grand que le trac et ça m’a nettoyée de ça, ça m’a détendue. Et j’ai aussi découvert que j’adorais les grandes salles. Après, à partir du moment où tu commences à faire des premières parties d’artistes reconnus, ça t’amène aussi une forme de crédibilité, de reconnaissance, qui fait que c’est porteur. Et puis son public était très bienveillant, une belle écoute.

Il me semble que ça coïncide avec la période dont on parlait tout à l’heure où, sur scène, on a senti que ton chant commençait à se libérer un peu plus.

Il y a peut-être un truc de confiance qui s’installe, l’espace qui se prend, la voix qui se déploie, peut-être qu’une partie de moi s’est sentie un peu plus légitime. Je n’en sais rien, c’est une espèce de tout. Et effectivement, c’était cette période, en 2013, où je commençais à écrire les chansons de ce futur album. Du coup j’ai peut-être un peu plus intégré ma voix à la composition.

Le premier extrait de l’album, « Toi non plus », est accompagné d’un clip réalisé par Robi. Il est frappant car il y a un lien très fort entre la musique et les images. Pourquoi as-tu pensé à elle en particulier pour le réaliser ?

Déjà, j’étais très sensible à ses clips, ceux qu’elle avait réalisés pour elle, j’aimais beaucoup leur côté artistique et fait maison, un peu brut, qui fait écho à ma façon de travailler. Je suis sensible au côté « on fait avec les moyens du bord » qui peut rendre très créatif. Après, c’est presque une anecdote, mais je pense à elle pour mon clip, et elle m’envoie au même moment un lien vers son tout nouveau clip qu’elle vient de réaliser pour Katel. J’adore les synchronicités. D’emblée, ça me séduit. En plus, je la rencontre, elle me parle de ce qu’elle voit sur ma chanson et ce qu’elle imagine correspond à ce que j’ai dans la tête, je trouve ça encore plus énorme... Il y avait comme une évidence.

Ce clip est très fort parce qu’il crée un pont entre vos deux univers dont on n’avait pas conscience jusque-là. Il y avait un lien qui était là, mais qu’on n’avait encore jamais vu.

Mais moi non plus, je ne l’avais pas vu, c’est ça qui est fou. Je ne m’en rends compte que maintenant. Les rencontres, je les fais souvent à l’intuition. Et je n’ai pas été déçue, je suis ultra fan du clip.

Il est magnifique. Et on vous y retrouve vraiment bien toutes les deux, ta griffe et la sienne.

J’avais envie de quelque chose d’à la fois brut et sensuel et ses images insufflent ça.

Tu as aussi enregistré « Encore » en duo avec La Féline. Comment as-tu eu l’idée de le lui proposer ?

Quand je suis arrivée dans ma nouvelle maison, il y avait deux albums que j’écoutais en boucle : le dernier Dominique A et l’album de La Féline. Leur voix habitait avec moi. (rire) Est-ce que ça a laissé une empreinte ? Je ne sais pas mais ce qui est certain c’est que si j’avais choisi une voix masculine, j’aurais proposé le duo à Dominique A, et qu’Agnès est la première voix féminine à laquelle j’ai pensé au moment d’enregistrer le duo.

Vos voix s’accordent très bien et en même temps chacune a une personnalité distincte.

Encore une fois, je marche à l’intuition. Je ne pouvais pas savoir avant d’enregistrer que nos voix se mélangeraient aussi bien. J’adore le résultat.

On parlait du côté très personnel de cet album. À partir du moment où tu t’es rendu compte qu’il formait un tout cohérent sur le thème de la séparation, t’es-tu posé la question de donner ou non cette clé à l’auditeur ?

C’est vrai que j’aurais pu ne pas la donner puisque finalement cet album s’écoute aussi sans cette clé-là. Mais je trouve que ça apporte de la cohérence et de l’intensité. J’avais envie de restituer ça.

Sur ce point, il fait écho à un autre album sorti cette année, Élégie de Katel, qui forme aussi un tout cohérent autour des différentes phases du deuil. Tu parles ici aussi, finalement, des différentes étapes qu’on peut traverser pendant le deuil d’une séparation.

Oui. Ça va de la disparition du désir à la période qui suit le déménagement. Écrire un album entier sur la séparation, prendre le temps de développer ses différentes étapes ça permet d’affiner, d’analyser… comme effectivement Katel le fait dans son album sur le deuil.

Ton premier concert pour cet album aura lieu le 18 octobre chez Madame Arthur. Tu prépares un concert solo piano-voix ?

C’est ça, donc loin des versions d’origine. J’avais pensé jouer du synthé sur des « boucles » extraites de l’album mais je n’ai plus envie de faire comme si j’avais des musiciens alors que pour l’instant je n’en ai pas. Je préfère plutôt chercher comment restituer un album pop synthétique avec juste un piano et une voix.

Est-ce que tu redécouvres des choses sur les morceaux en passant à ces versions ?

Oui, il y a un nouvel écho. Ils deviennent vivants, déjà. En quelque sorte ils redescendent dans mon corps, je les incarne, j’en prends possession. Je ne suis plus dans l’intellect, dans l’intuition mais dans la sensation et l’émotion. C’est comme si j’entendais mes textes pour la première fois.

Photos (c) Mélanie Fazi

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publié par le 11/10/16