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publié par gab le 22/12/05
mark gardener
- these beautiful ghosts
these beautiful ghosts

sueur

Nous y voila enfin. Dix ans après la fin de Ride (cf topo complet ici même) voici que débarque le premier album solo de Mark Gardener. Et si d’emblée on ne peut que constater les délais pharaoniques, petite frayeur à la my bloody valentine pour nous en passant, il a néanmoins été au bout de son projet (l’autoproduction et financement de la chose) et c’est là l’essentiel. Ceci dit on exagère légèrement puisque cela ne fait en réalité que deux ans qu’on attend vraiment cet album, depuis qu’on fréquente son micro site et qu’on est tombé sur le très bon live enregistré à Austin au cours duquel Mark annonce être en train de préparer un disque. Deux ans d’une attente en demi-teinte, un peu fébrile, puisqu’on a pu entre-temps écouter les concerts proposés sur le site et constater que le pire côtoyait parfois le meilleur. Et si le concert d’Austin, avec Mark seul à la guitare, est magique au niveau interprétation (bien que loin d’être parfait dans sa réalisation), les suivants en compagnie du groupe Goldrush ne manquent pas d’inquiéter tant dans les orientations musicales (ces trompettes sur "Magdalen sky", cette batterie lourde sur "To get me through") que dans les deuxièmes voix particulièrement fausses (toujours "Magdalen sky" et "To get me through"). Pas très sereine l’attente ... Un élément rassurant toute fois, la qualité évidente des nouveaux morceaux, de "Magdalen sky" à "See what you get" en passant par "Snow in Mexico" et "To get me through", ou encore le sublime "Beautiful ghosts". Des morceaux qu’on retrouve aujourd’hui sur l’album These beautiful ghosts, enregistré avec Goldrush donc ... petite sueur froide ...

snow

Relativisons tout de même, on n’était pas si inquiets que ça pour la justesse des voix, le travail en studio est là pour ça, mais on ne pouvait s’empêcher de craindre le pire pour le son et l’orchestration de l’album. Des inquiétudes plutôt fondées à la base puisque le son est en effet assez marqué années 60-70 mais sans conséquences trop graves pour l’album en lui-même, celui-ci tenant plutôt bien la route. Et il commence même très fort avec "Snow in Mexico", son petit gimmick de basse et sa slide-guitar toute joyeuse qui transforment ce dernier en petit plaisir pop aussi agréable à l’écoute que les meilleures compositions de Mark sur l’album Carnival of light (Ride, 1994). Il poursuit en effet sur ce disque son épopée Byrdienne, déjà bien entamée chez Ride deuxième époque, et ça lui va plutôt bien ("Getting out of your own way"). Mais c’est encore lorsqu’il insuffle un esprit plus électro à ses sixties (surtout dans le rythme syncopé de batterie) qu’il obtient les meilleurs résultats avec l’étonnamment réussi "To get me through" et son chant brinquebalé. On ne crachera pas non plus sur les jolies ballades qui parsèment l’album, telle "Magdalen sky" qui nous fait réviser nos jugements sans doute un peu hâtifs : les trompettes finalement c’est pas si mal.

sphères

Mais attention ! [un flash nous assaille] Quand on dit que les sixties lui vont bien, comprenons-nous, c’est toute mesure gardée et à condition de ne pas les titiller de trop près non plus comme c’est le cas sur "Rhapsody" qui commence pourtant très bien mais qui part hélas dans de hautes sphères en fin de morceau. On décroche un peu. C’est dommage car si on y ajoute un "Summer turns to fall" dans le même esprit, on se retrouve avec, en milieu d’album, un cap un peu difficile à franchir. D’ailleurs à y regarder de plus près, on retombe sur nos craintes de départ puisque ces morceaux ainsi que quelques autres moins enthousiasmant en fin d’album (le très classique "Where are you now" passe encore mais le beatlesien "Water and wine" en est presque caricatural) portent la co-signature du Goldrushien Robin Bennett. Goldrush, groupe d’Oxford qu’on ne connaissait pas jusqu’ici et qu’il faut visiblement consommer avec modération ("Getting out of your own way" et le doucement sautillant "The story of the eye" nous suffiront largement). Ceci dit, il n’a sans doute pas fallu torturer l’ami Gardener pour l’emmener vadrouiller sur ces sentiers là non plus.

pause

Heureusement "Beautiful ghosts" vient ensuite nous requinquer et relancer la machine en douceur et avec grâce. La grâce ... il est des morceaux comme ça qui ignorent tout des intrusions extérieures, et qui, quelque soit l’orchestration (ici plutôt synthétique), s’en sortent toujours avec les honneurs et le bonheur de l’auditeur. Il s’agit sans doute là d’une de plus belles compositions de Mark Gardener, toutes époques confondues. Et quand on l’enchaîne avec un surprenant et très réussi instrumental ("Flaws of perceptions"), ça ne gâche rien. Cette dernière, une pièce musicale qui a du répondant donc, suinte même fortement le "Requiem for a dream" (sans tomber dans la copie) et vous happe de son inquiétante litanie doublée d’une montée en tension sur fond de batterie sèche. étonnant au milieu des ballades intemporelles (ou trop temporelles selon les cas) mais pas déplacé non plus ... une pause rafraîchissante ...

effet

Et c’est l’effet général dégagé par cet album, une pause rafraîchissante et par dessus tout relaxante. Ce ne sera pas l’album de l’année loin de là. Pas sûr qu’on l’écoute énormément non plus. Pas sûr enfin qu’on l’ait acheté si on n’était pas d’incurables Ride-addicts. Mais voilà, on l’écoute sans nostalgie, sans déception, sans s’enflammer excessivement, juste pour passer un peu de temps en toute décontraction avec un vieil ami un peu perdu de vue et qu’on retrouve avec grand plaisir au hasard des chemins.

La grande nouvelle est là, le Mark Gardener 2005 est décontracté et bien dans ses pompes, et cela nous ravit.

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publié par le 22/12/05
Derniers commentaires
- le 22/09/06 à 23:19
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mark Gardener a monté un nouveau backing band , composé de musiciens belges et sera en concert bientôt pour une relecture plus consistante de son album "beautiful ghosts" ainsi que des inévitables "standards" de Ride... à suivre...